Du 29 octobre au 5 novembre 2019, la 14ème édition du Festival du Film Coréen à Paris (FFCP 2019) a battu son plein dans le cinéma Publicis des Champs-Élysées. Invité à couvrir l’évènement, le hibou Laulilau en a profité pleinement et revient pour vous sur cette semaine intense.
FFCP 2019 Jour 1 : Mercredi 30 octobre
N’ayant pu me rendre à la cérémonie d’ouverture, mon début de festival se fait donc le mercredi et je débute par la projection de Ode To The Goose de Zhang Lu. Première surprise : il y a une file d’attente spéciale pour la presse, qui permet d’entrer en premier afin d’être dans les meilleures conditions pour visionner les films.
Les bénévoles et leurs sourires accueillent tous les spectateurs avec bienveillance. Cependant, ce film sera une de mes plus grandes déceptions scénaristiques. Les images d’une grande beauté et les scènes très architecturales ne parviennent pas à faire oublier le manque de fil rouge. Je conseille cependant ce film à ceux qui n’ont pas besoin de savoir où le réalisateur veut les mener.
Habituée du festival depuis 2015, je suis venue équipée de mon sac de survie qui contient une thermos, une gourde, des gâteaux et des sandwichs, mais c’est surtout l’écharpe et le gros manteau qui se révèlent utiles lors de la longue attente occasionnée par un acte malveillant, très bien géré par l’équipe. Nous entrons finalement en salle 1 pour Default de Choi Kook Hee.
Malgré les termes très financiers, c’est un combat formidable que livre le personnage de Han Si Hyeon durant l’impitoyable krash boursier subi par la Corée du Sud en 1997. Nécessaire et instructif, ce film me laisse pleine de réflexions et d’émotions alors que je reprends place dans la queue pour l’un des premiers films de la section Focus : The Quiet Family.
La section Focus est une sélection de films qui se concentrent sur un point particulier, sur un acteur ou sur un réalisateur. Pour cette 14ème édition, c’est sur le duo Kim Jee Woon (réalisateur) et Song Kang Ho (acteur), invités de prestige de ce FFCP 2019.
Le Festival du Film Coréen à Paris est un cocktail savant entre films de genre, films classiques, sorties récentes, gros succès qui permet de dresser un tableau varié du cinéma coréen. Premier film du réalisateur Kim Jee Woon, The Quiet Family est un film affreusement drôle qui navigue entre comédie et drame et ne laisse pas insensible. Malgré de très légers défauts, il porte déjà les éléments caractéristiques du cinéma de Kim Jee Woon : les gros plans sur les visages des acteurs et sa mise en scène maniérée.
Kim Jee Woon est celui qui a lancé Song Kang Ho dans sa carrière au cinéma et leur amitié a grandi au fur et à mesure des films. C’est un bonheur et un privilège de les voir interagir. Privilège qu’offre le FFCP 2019 à l’issue de cette séance.


Kim Jee Woon commence par remercier le public et par recontextualiser son film en reprécisant que c’est son premier long métrage et qu’il a hâte de savoir ce que le public en a pensé. Ce dernier, conscient de la chance immense de pouvoir interroger ces sommités du cinéma coréen, s’en donne à cœur joie. Ainsi Kim Jee Woon revient avec plaisir sur la façon dont il a repéré le talent de Song Kang Ho avant de le découvrir sur la scène d’un théâtre, dans un rôle de gangster si bien interprété que le public pensait vraiment avoir à faire à un malfrat. Il loue également la facilité à diriger efficacement l’acteur ; ce qu’il explique par le fait qu’ils soient tous les deux de la même génération et partagent ainsi les mêmes références et les mêmes sensations.
Song Kang Ho, de son côté, avoue avoir été attiré par les similitudes entre The Quiet Family et le théâtre.
Très bavard, Kim Jee Woon répond longuement aux questions qui lui sont posées, permettant ainsi d’apprendre l’anecdote d’un couple meurtrier qui lui a inspiré ce film. Il confesse ses 13 longues années de chômage, son absence d’études de cinéma et la simplicité avec laquelle il voulait filmer le scénario écrit en cinq jours. Il évoque son parcours et la réalisation de son premier film tout comme quelques anecdotes de tournage ou son rapport avec la violence. Il est évident qu’il apprécie les échanges et prend plaisir à discuter ainsi. Song Kang Ho de son côté est plus réservé mais souriant dès qu’une question le concerne.