Arnaud Landrin est un breton originaire du Morbihan. À vingt ans, alors que certaines personnes continuent leurs études tandis que d’autres trouvent du boulot, il a décidé de t conquérir le monde parce qu’il avait ont marre des cours. Alors un matin, il s’est envolé vers la Corée du Sud, avec dans son sac une poêle et du beurre demi-sel.
Je le savais ! Nous, les bretons, peuple indépendant, allons conquérir le monde ! Préparez-vous, cette première invasion n’est que le début ! Bon, en vrai, ça ne s’est pas passé ainsi.
Arnaud Landrin prépare un projet fou
En 2008, Arnaud est un jeune étudiant au lycée Saint-Ivy à Pontivy (Morbihan), où il terminait son BTS négociation et relation client. Lors d’un voyage scolaire en Chine, le breton ressent l’envie de créer sa crêperie en Asie. Il n’a alors d’autre choix que de s’intéresser au domaine de la restauration.
« J’ai toujours aimé la musique bretonne, les fest-noz, les crêpes… Je m’étais dit que si un jour je pouvais partir à l’autre bout du monde pour promouvoir notre culture, ça pourrait être sympa. »
De retour en France, son projet en tête, il se forme pendant deux semaines lors d’un stage à Vannes. Durant cette formation, il apprend les bases que tout crêpier doit connaître.
En 2009, Arnaud Landrin prend l’avion, direction la Nouvelle-Zélande (à Auckland) afin d’acquérir de l’expérience pour son futur métier. Pendant trois ans, il enchaîne les petits boulots, que ce soit en tant que crêpier, serveur, manager, voire pizzaïolo.
Il l’ignore encore mais des années plus tard, il se rappellera de ces moments comme de bons souvenirs.
En attendant, Arnaud doit quitter la Nouvelle-Zélande pour des problèmes dus à l’immigration. Alors, départ immédiat direction l’Australie où il rencontre sa future femme, Yeon Jung, qui est d’origine coréenne. Pour accumuler toujours plus d’expérience, il travaille pendant un an dans un restaurant français, à Sydney ainsi qu’à Brisbane.
Arnaud Landrin : Serveur, cuisinier, mannequin… Et crêpier ?
En 2013, les amoureux s’installent en Corée du Sud après s’être mariés en Bretagne. Mais un problème apparaît dans la vie d’Arnaud Landrin : il ne parle pas coréen. Le breton met alors son projet de côté afin d’apprendre cette nouvelle langue. Pendant ce temps, le jeune marié continue de mettre de l’argent de côté.
Des amis de Yeon Jung le poussent alors à se lancer dans le mannequinat. Les étrangers sont acceptés et ça paie bien, alors pourquoi pas. Et puis ses cheveux blonds et ses yeux bleus risquent de faire des ravages à la télévision.
« Dans ce cas-là, pour la journée, tu peux être payé mille euros. Ça m’a permis de beaucoup économiser.»
En 2014, entre deux ou trois publicités pour de grandes marques telles que Adidas ou LG, Arnaud Landrin ouvre enfin sa crêperie sur un marché de Séoul. Le projet est dorénavant lancé ! Le breton se retrouve derrière les fourneaux sept jours sur sept, de 11 heures à 23 heures. Et comme le rythme de travail en Corée n’est pas le même qu’en France, le crêpier ne se prend qu’une semaine de congés par an. Fort heureusement, son travail acharné paie. Les crêpes au beurre salé font un carton !
Arnaud Landrin s’essaie au golf pour un magazine.
Le cuisinier devient ensuite footballeur le temps d’une publicité.
Cette fois, le métier de testeur-cuisinier est dans ses cordes.
Terminé le mannequinat, le voici dans une émission
Un beau jour, la chance pointe le bout de son nez dans la crêperie d’Arnaud Landrin. Elle ne lui commande pas une crêpe au beurre salé, mais lui propose une émission. Et cette « chance » n’est pas n’importe qui : c’est un agent de KBS, la plus grande chaîne de télévision du pays. Les dirigeants souhaitent proposer une nouvelle émission hebdomadaire au public coréen, Mon voisin Charles, qui sera diffusé tous les mardis. Le but est de mettre en avant les difficultés qu’éprouvent les étrangers vivant dans leur pays à s’intégrer dans la société.
Arnaud Landrin l’apprendra plus tard, mais ce coup de pouce pour son activité, il le doit à certains de ses clients. Ces derniers avaient pris contact avec la chaîne pour qu’ils rencontrent l’expatrié breton.
Durant deux mois, il est fréquemment suivi par des caméras de KBS afin d’en connaître davantage sur sa vie d’expatrié français. Grâce à ce coup de publicité, Arnaud vend entre trois cents à cinq cents crêpes par jour (ça en fait de la farine et du lait à tourner… et du rhum aussi ? Ah, c’est tellement meilleur avec. Ça donne un petit goût en plus, quel délice !).
Les coréens reconnaissent le breton qui travaille derrière les fourneaux, non pas comme un mannequin publicitaire ou une idole de télévision, mais comme un bosseur. Et ce détail plaît énormément au garçon, qui a d’ailleurs pu apprendre au maire de Séoul à faire des crêpes lors d’un festival. Moment inoubliable !
Le premier épisode de Mon voisin Charles, l’émission à laquelle Arnaud Landrin participe.
Entre Yec’hed Mat et les plateaux télés
C’est en février 2016, dans l’un des quartiers étudiants de Séoul, que la crêperie Yec’hed Mat (« Santé ! » en Breton) voit le jour. Même si Arnaud Landrin et sa femme Yeon Jung travaillent plus de dix heures par jour dans un local de cent mètres carrés, les émissions ne sont pas terminées. Oh non, loin de là !
Les Coréens ont suivi Arnaud et l’avancée des travaux du restaurant. Ils l’ont aussi vu dans des plateaux télés, ainsi que dans la production Let me home, où une équipe a réaménagé le cocon familial du couple près du fleuve Han.
Et puis… Arnaud Landrin a eu l’occasion de rencontrer des idoles, comme Yura de Girl’s Day, lors d’une émission en sa compagnie. En tout cas, le jeune homme est très demandé pour participer à des talk-shows. Les Coréens l’apprécient peut-être pour son accent français mais ce qui est sûr, c’est qu’ils sont fiers de son travail exercé au sein de leur société.
Arnaud Landrin en compagnie de Kim Min Jung, et Yura du groupe Girl’s Day.
La Bretagne en Corée
En plus de contenter les coréens avec ses crêpes, Arnaud a pour mission de faire plaisir aux français venant visiter le pays. Opération compliquée, mais le jeune homme l’a acceptée. Les principaux mécontents restent les Coréens plus âgés. Ceux-ci émettent un avis mitigé quant à ce produit breton au sein de la Corée.
« Je me suis fait un délire. (…) C’est une galette de sarrasin avec du choux que je fermente au restaurant à la façon coréenne et je rajoute de l’Emmental. »
Tant qu’à procéder à un mariage entre la région bretonne et le pays asiatique, pourquoi ne pas montrer la Bretagne aux Coréens ? C’est ce qu’a proposé la chaîne KBS en demandant à Arnaud des photos ou souvenirs de ses ancêtres, comme une horloge datant des années 1920, les souliers de son grand-père, ou encore la coiffe bretonne de sa grand-mère.
L’équipe a dû apprécier ces pellicules puisque les voilà partis à Guénin près de Lorient dans le Morbihan, où ils ont fait connaissance de l’entourage d’Arnaud et des jolis paysages de la région.
L’épisode dans lequel l’équipe de tournage se dirige en Bretagne, à Guénin.
Le Breton a la tête remplie de projets
Cependant, même si Arnaud Landrin garde les pieds sur terre, sa tête est ailleurs. Il rêve de projets, comme de monter un échange scolaire entre Séoul et Pontivy. Ou encore, le restaurateur aimerait proposer un fest-noz ! C’est un festival où bière, cidre et chansons régionales se prêtent au jeu afin d’égayer la soirée. Petit bémol pour les danseurs débutants, les auriculaires se font la malle.
Dans la même veine, le jeune homme souhaite aider une association nantaise à exporter la fête Saint-Yves à Séoul, belle initiative !
L’avis d’une bretonne
Je ne sais pas vous, mais j’irais bien faire un tour à la crêperie Yec’hed Mat. Il a eu beaucoup de courage de mener à bien ce projet qui lui tenait tant à cœur. Je n’aurais probablement pas eu la foi. Cependant, il a persisté et tant mieux pour lui !
Sources : Jactivouest | Pontivy Journal | Slate
Article de Morgane Perro.