156 personnes dont 26 étrangers ont perdu la vie à Itaewon suite à un mouvement de foule le soir d’Halloween, le 31 octobre. Près de 100 000 personnes se sont retrouvées emprisonnées sur 3,2 mètres. La police n’a pas réussi à fluidifier la circulation et a tardé à venir en aide aux victimes.
« Il était prévu qu’un grand nombre de personnes pouvait se rassembler là-bas. Mais nous n’avons pas prévu qu’un grand nombre de victimes pouvait apparaître en raison du rassemblement de la foule. »
Hong Ki-hyun, chef du bureau de la gestion de l’ordre public de l’Agence nationale de la police coréenne (KNPA) @Yonhap
A l’approche des festivités d’Halloween, les rues de Séoul se sont remplies petit à petit, samedi soir aux alentours de 19 h. Le quartier d’Itaewon est connu mondialement pour son ambiance festive et libérée. Chaque année, des centaines de personnes défilent dans les rues pour fêter Halloween. Deux ans après les successifs confinements liés à la pandémie Covid-19, beaucoup de Coréens se sont rendus dans les rues de Séoul pour enfin célébrer Halloween.
Vers 22 h (15 h, heure française), tout a dérapé. L’incident s’est produit dans une allée étroite située entre la gare d’Itaewon et la World Food Street, derrière l’hôtel Hamilton, où du monde s’était amassé.
D’après les nombreuses sources présentes sur les lieux, entre 18 h et 19 h, il y avait déjà un impressionnant flux dans cette ruelle. Très vite, les personnes présentes dans la foule ont commencé à suffoquer et ont cherché à sortir de l’allée. Problème, des rumeurs ont commencé à se propager dans les rangs, à ce moment-là, entraînant un mouvement de foule. Certains disaient qu’une célébrité venait d’arriver dans la ruelle, d’autres parlaient d’une explosion ou d’une bombe. Cela a engendré un mouvement de panique avec des individus à l’avant qui cherchaient à s’échapper par l’arrière et d’autres à l’arrière, interloqués, ont commencé à pousser pour voir ce qui se passait à l’avant. Au total, 156 personnes sont mortes dont 26 étrangers (un ressortissant Français). Les femmes sont majoritairement celles qui ont le plus pâti de cette catastrophe avec 101 décès contre 55 chez les hommes.
Une explication officielle sur les causes de l’accident n’a pas encore été donnée.

Où était la police pendant le drame ?
Peu de temps après la tragédie, la population a commencé à pointer du doigt la mauvaise organisation de la police.
Face à l’afflux de critiques, le chef du bureau de la gestion de l’ordre public de l’Agence nationale de la police coréenne (KNPA) a déclaré le 31 octobre : « Il était prévu qu’un grand nombre de personnes pouvait se rassembler là-bas. Mais nous n’avons pas prévu qu’un grand nombre de victimes pouvait apparaître en raison du rassemblement de la foule ». (propos rapportés par Yonhap)
Au moment du drame, un important nombre d’agents des forces de l’ordre étaient mobilisés à Gwanghwamun pour encadrer d’autres manifestations. Seuls, 200 policiers avaient été déployés dans la zone pour gérer le trafic routier. Le chef de la police nationale Yoon Hee Keun aurait reçu des premiers comptes-rendus du commissariat de Yongsan dimanche 00 h 14, soit deux heures après les premiers mouvements de foule.
Le président aurait ordonné au chef de la police de Séoul, Kim Gwang Ho, d’agir rapidement aux alentours de 00 h 19. Cependant, Kim avait dû être informé 43 minutes auparavant des faits par le commissariat de Yongsan. Pendant ce laps de temps, de nombreux médias et des internautes avaient déjà relayés des dizaines de cas d’arrêt cardiaque.
D’après un premier rapport d’enquête sur l’événement, le président Yoon Suk Yeol avait déjà pris connaissance de l’accident au départ, à 23 h 01.
Des dizaines d’appels de détresse d’Itaewon passés à la police
Récemment, il a été révélé que de nombreux appels d’alerte avaient été passés pour prévenir du danger à venir. Une heure avant le drame, les appels se sont intensifiés mais sans réaction de la part des forces de l’ordre. La police aurait reçu environ onze appels de personnes sur place avant la bousculade mortelle.
D’après Yonhap, le président aurait confirmé ces appels. « nous avons confirmé qu’il y a eu de nombreux appels urgents reçus alertant de risques d’accident sur place […] Ce sont des appels avertissant de l’afflux excessif de la foule qui ont été reçus avant l’accident.»
Dès 18 h, la police a été alertée des dangers potentiels liés aux festivités d’Halloween mais les aurait considérés comme de simples alertes pour nuisance. Les forces de l’ordre n’ont malheureusement pas pris au sérieux la menace, et n’ont pas envoyé de renforts. Il est probable qu’ils aient échoué dans les préparatifs et les mesures de sécurité nécessaires pour couvrir une telle manifestation.
Mardi 1er novembre, le chef de l’Agence nationale de la police coréenne (KNPA), Yoon Hee Keun, a présenté ses excuses à la population au siège de l’agence, à Seodaemun, pour la mauvaise gestion de l’évènement de la part des autorités.

Enquête et perquisitions des locaux de police
Une investigation sera menée pour élucider les causes de l’accident et trouver les responsables. A ce titre, le chef du commissariat de Yongsan, Lee Im Jae, a été démis de ses fonctions. Mercredi, une équipe a perquisitionné l’Agence de la police de Séoul, le commissariat de Yongsan et six autres bureaux de la police.
Les enquêteurs, eux, se sont rendus dans plusieurs endroits tels que la caserne de pompiers de Yongsan, le centre d’appels Dasan qui centralise les appels d’urgence ou la mairie de Yongsan dans le but de trouver des éléments déterminants sur le drame. En effet, la mairie de l’arrondissement de Yongsan, le métro d’Itaewon et la police avaient eu une réunion conjointe trois jours avant la tragédie, dans le but de mettre en place des mesures de sécurité pour cet événement. L’enquête devra examiner la responsabilité de chacun.
De plus, l’enquête officielle cherchera à déterminer si la réaction des chefs de police a été correcte et si le commissariat de Yongsan avait bien établi, au préalable, une marche à suivre dans la gestion de l’ordre et de la sécurité.
Pour finir, elle montrera notamment si les allégations selon lesquelles l’agence nationale de police aurait refusé la demande de renforts du commissariat, sont vraies ; et si la mairie ainsi que le métro auraient conjointement failli à leurs responsabilités dans la sécurisation de l’événement.
Sources : Yonhap (1)(2)(3)(4) | Courrier International | Korea Herald
Sources images : Bundo Kim | Yonhap (1)(2)