Le 3 juillet dernier, la Cinémathèque française présentait trois courts-métrages coréens dans une Carte Blanche au Busan International Short Film Festival.
À l’occasion du quarantième anniversaire du Busan International Short Film Festival, la Cinémathèque française a voulu mettre le court-métrage coréen à l’honneur et a ainsi proposé trois courts-métrages exceptionnels au cours d’une séance inoubliable.
Le court-métrage coréen à l’honneur à la Cinémathèque française
Présentation de la séance par Lee Sang Hoon
Le directeur du Festival international du court-métrage de Busan est présent, accompagné du programmateur, pour introduire la séance. C’est avec une certaine émotion que Lee Sang Hoon remercie la Cinémathèque française de montrer à l’écran les meilleurs courts-métrages coréens de ces dernières années. Dans un contexte de reconnaissance mondiale croissante du cinéma coréen, il réaffirme son plaisir de pouvoir présenter ces trois productions en France, à Paris, où il a fait ses études il y a plus d’une vingtaine d’années.
Trois courts-métrages coréens d’exception
Triés sur le volet, les trois courts-métrages présentés à la Cinémathèque française retranscrivent la diversité, la profondeur et la subtilité du cinéma coréen d’aujourd’hui.



Trois courts-métrages à la Cinémathèque française. De gauche à droite, Georgia (2020), Nowhere Else (2021) et Cicada (2021).
Même si les thématiques abordées sont assez différentes, les productions se rejoignent toutes sur un point : elles sont exceptionnelles et elles donnent envie de suivre ces réalisateurs dans leurs prochaines œuvres.
Georgia (조지아) de Park Jay Il – 29 minutes (2020)
Deux parents, incarnés par Lee Yang Hee (Tramway 2022) et Lee Chae Kyung (Mother and Daughter 2022), viennent de perdre leur fille de manière tragique et ne veulent pas que l’affaire soit classée. Ils cherchent à installer une banderole devant le commissariat de police pour dénoncer cette situation insupportable.
Court-métrage proposé dans son intégralité par The New Yorker avec des sous-titres anglais
Mon avis : Georgia est un court-métrage très maîtrisé et abouti, autant dans le scénario que dans la réalisation. Ce couple, dévasté par le décès de leur fille, demande justice et se retrouve démuni face à l’implacabilité du monde. Les acteurs sont époustouflants dans la transmission de leurs émotions. Ce combat devient le nôtre à mesure que s’enchaînent les plans et les séquences, jusqu’à une scène finale toute en finesse où la lumière joue un rôle déterminant. Une très grande réussite !
Nowhere else (옥천) de Lee Kyeong Won – 28 minutes (2021)
Six ans après sa dernière visite, une femme retourne dans son village à la recherche de ses souvenirs enfouis au fond de sa mémoire perdue.
Bande-annonce de Nowhere Else de Lee Kyeong Won. Présenté au Busan International Short Film Festival 2022.
Mon avis : Difficile d’enchaîner avec Nowhere Else après Georgia. Pourtant, une fois rentré dans ce beau court-métrage nostalgique, l’émotion n’en est que plus saisissante. Le nœud de l’intrigue se fait un peu désirer, et certaines séquences d’introduction n’étaient, pour moi, pas nécessaires. Néanmoins, Nowhere Else parvient à nous cueillir là où on ne l’attend pas. Derrière la thématique éculée de la perte de mémoire se cache une vérité glaçante et brutale, révélée au moment opportun, dans une séquence déchirante d’une rare beauté.
Cicada (매미) de Yoon Dae Won – 17 minutes (2021)
Une prostituée transgenre, sur le point de cesser son activité, accueille un client banal qui se révèle aussi étranger que familier. Ce court-métrage a été récompensé au Festival de Cannes 2021.
Bande-annonce de Cicada de Yoon Dae Won. Sélectionné au Festival du Film coréen de Florence 2024.
Mon avis : Cicada plonge le spectateur dans une ambiance nocturne angoissante, portée par une musique très bien choisie. La mise en scène nous incite à cadencer notre respiration devant la décision de cette jeune femme d’aller toujours plus loin avec son mystérieux client. L’inquiétude est obsédante. On ne peut que retenir les scènes finales au bord du cinéma d’horreur, mais à la signification métaphorique et freudienne pénétrante.
Mon avis sur cette belle séance à la Cinémathèque française
Peu habituée à visionner des courts-métrages, je n’ai accueilli cette séance spéciale qu’avec plus de bonheur. Ce fut un début de soirée inoubliable ! Les trois courts-métrages étaient d’une qualité remarquable, ce qui a rendu la séance très dense. À la sortie, l’envie vous prend surtout de marcher, de réfléchir, de prendre le temps de revenir sur ce que l’on vient de voir. Je suivrai en tous cas les prochains travaux des réalisateurs avec beaucoup d’intérêt, et cela m’incite à voir davantage de courts-métrages à l’avenir. Peut-être au Festival du Film Coréen de Paris, cet automne !
Sources : Carte blanche à la Cinémathèque française | Georgia : (1).(2) | Nowhere Else : (1).(2) | Cicada : (1).(2).(3)