Le tatouage, l’objet de nombreuses restrictions en Corée du Sud. Alors que le Parti de la Justice a récemment proposé une mise à jour de la législation en la matière, la parlementaire Ryu Ho Jeong fait parler d’elle pour son action menée en faveur de ce nouveau projet de loi.
Un nouveau projet de loi sur le tatouage
La députée Ryu Ho Jeong fait parler d’elle depuis quelques jours pour son action « osée », menée contre les restrictions sur les tatouages. Ce membre du Parti de la Justice fait souvent parler d’elle par ses actions non conventionnelles et mercredi dernier n’a pas fait exception à la règle : la députée de 28 ans s’est en effet montrée en train de porter une robe violette à dos nu et arborant un faux tatouage.
L’action de la députée s’est déroulée le mercredi 16 juin, lors d’une conférence de presse menée avec un groupe de tatoueurs à l’Assemblée nationale. Cette conférence avait pour objectif de promouvoir un projet de loi que Ryu Ho Jeong, considérant la législation actuelle dépassée, avait proposé la semaine dernière.
Le nouveau projet de loi proposé par le Parti de la Justice propose la création d’un système de licence, qui autoriserait les professionnels licenciés non médecins à faire des tatouages. Pour obtenir leur licence, les tatoueurs devront notamment respecter des normes de sécurité et d’hygiène. À travers cette nouvelle loi, le parti politique souhaite faire accepter le tatouage en tant que forme d’expression de soi, au même titre que le maquillage ou la mode.
La députée Ryu Ho Jeong, exposant un faux tatouage sur son dos nu devant l’Assemblée nationale sud-coréenne, le 16 juin 2021
La législation actuelle en la matière
En Corée du Sud, avoir un tatouage n’est pas illégal en soi. Mais il doit obligatoirement être fait par un médecin professionnel, comme le précise l’article 27 de la loi coréenne sur les prestations médicales. Sinon, les tatoueurs non licenciés s’exposent à deux ans de prison et à une amende de 1 million de won, soit 900 dollars. En effet, depuis un jugement de la Cour suprême de 1992, le tatouage est défini comme une prestation médicale, à cause des réactions sur la peau que l’implantation de l’encre peut provoquer.
Aujourd’hui encore, les médecins coréens s’opposent aux lois en faveur du tatouage : selon eux, permettre à n’importe qui de tatouer représenterait un danger pour la santé publique. Plus étonnant, certains tatoueurs eux-mêmes ne soutiennent pas la légalisation de leur profession. Celle-ci affecterait en effet leurs salaires dans la mesure où ils seraient alors soumis à des taxes et que de nouveaux tatoueurs arriveraient sur le marché, les obligeant à réduire les coûts de leurs prestations afin de rester compétitifs.
En outre, la commission coréenne de la communication interdit de montrer des tatouages à la télévision. Cette interdiction fait débat début juin lorsque Jungkook, membre du groupe BTS, est apparu dans une émission. Le chanteur portait alors un bandage à sa main afin de recouvrir son tatouage, ce qui avait été repris par la députée Ryu Ho Jeong sur les réseaux sociaux.
Jungkook, chanteur du groupe BTS, avec un bandage sur son tatouage à la main lors d’une apparition sur KBS (passage repris par la députée Ryu Ho Jeong sur son compte Twitter)
L’acceptation progressive du tatouage en Corée du Sud
Avoir un tatouage en Corée a longtemps été perçu comme négatif. En effet, associées aux criminels, aux gangs et aux délinquants, les personnes tatouées avaient l’habitude d’être refusées dans les endroits publics. Mais avec un nombre croissant de tatoueurs et de personnes tatouées ces dernières années, de nombreux débats ont vu le jour pour mettre fin aux restrictions sur le tatouage. Dès 2007, de nombreux projets de loi ont été proposés, mais sans succès.
Malgré tout, la loi commence à tourner en faveur des tatouages. Pendant longtemps, les hommes ayant de nombreux tatouages n’avaient pas le droit d’effectuer un service militaire actif et devaient travailler dans des lieux publics durant leur service. Mais depuis 2020, le tatouage n’est plus un critère de qualification pour le service militaire, preuve de son acceptation sociale croissante.
Enfin, selon l’association coréenne du tatouage, il y aurait aujourd’hui environ 350 000 tatoueurs en Corée du Sud, dont seulement 10 % de licenciés. Bien que la plupart de ces tatoueurs agissent illégalement, plus d’une personne sur cinq en Corée du Sud est tatouée.
Conclusion
Le comité de la santé et du bien-être de l’Assemblée nationale sud-coréenne doit prochainement étudier le projet de loi proposé par le Parti de la Justice. Si on ne sait pas encore quand sera annoncée la réponse du comité, la conférence de presse menée par Ryu Ho Jeong a attiré l’attention du public et a prouvé l’acceptation croissante du tatouage aujourd’hui en Corée du Sud.
Mais d’un autre côté, certains considèrent que ce sujet n’est pas prioritaire dans la situation sanitaire que connaît actuellement la Corée du Sud et déclarent que la médiatisation de ce projet de loi n’est qu’une manière de détourner l’attention de la population.
Sources : Yonhap News Agency (1)(2) | The Korea Herald (1)(2)(3) | Twitter