L’épouse du dieu de l’eau est un manhwa que la dessinatrice Yun Mi Kyung a commencé en 2006.
Titre original : 하백의 신부
Auteure : Yun Mi Kyung
Nombre de tomes : 16 (non fini)
Genres : romance, conte
extrait du tome 1
À propos de l’auteure
Née en 1980, Yun Mi Kyung est une dessinatrice sud-coréenne connue pour sa série L’épouse du dieu de l’eau (하백의 신부). Elle est aussi l’auteure du Chemin de fer (레일로드) et du one-shot intitulé A cat that loved a fish. En Corée, ses manhwas sont publiés par la revue Clin d’œil. En France, sa série est éditée par Clair de Lune. Yun Mi Kyung est une auteure qui aime raconter des romances dans des univers de conte.
Synopsis
L’épouse du dieu de l’eau raconte l’histoire de Soah, une jeune femme promise au sacrifice pour apaiser la colère du dieu de l’eau, Habaek. Son mariage avec le dieu doit, en effet, permettre à la pluie de tomber de nouveau sur son village. Arrivée dans le pays de l’eau, elle rencontrera de nombreuses divinités et créatures célestes. Une simple mortelle saurait-elle survivre au milieu des intrigues divines ? Et quel amour attend la belle sacrifiée ?
Mon avis sur L’épouse du dieu de l’eau
L’épouse du dieu de l’eau est une saga épique entre le conte traditionnel et la narration contemporaine. Le début de la série se penche essentiellement sur la place de Soah en tant que mortelle et sa relation naissante avec son mari, le dieu Habaek. Puis, peu à peu, la série quitte la seule romance pour s’assombrir et parler d’intrigues de pouvoir entre les divinités. Les questions de destinée et d’amour sont au cœur de l’histoire.
Au début le récit reste centré sur les personnages principaux et le semi-triangle amoureux qui incombe à tout sunjeong manhwa (순정만화, manhwa ciblant les jeunes filles) qui se respecte. Les allers-retours incessants de Nakbine et l’indécis Habaek vous énerveront sans doute. Mais, rassurez-vous, plusieurs chapitres se consacrent, par la suite, aux personnages secondaires. Dans le tome 9, la tragique romance des divins parents d’Habaek est, ainsi, particulièrement prenante.
Des illustrations entre BD et peinture traditionnelle
Outre l’histoire qui se situe entre le conte classique et le sunjeong, ce manhwa vaut le détour pour son graphisme. Les illustrations sont magnifiques et plongent dans un univers en apesanteur. Certains lecteurs pourraient être perdus par la mise en case flottante. Cependant, ce choix narratif permet à la fois de plonger dans l’univers céleste et d’exprimer la perte de repère de Soah dans ce nouveau lieu.
La mise en case, l’interaction des personnages et la présence de chibi character rappelleront à beaucoup le style manga. Pour autant, Yun Mi Kyung y ajoute des planches illustrées directement en filiation avec la peinture classique coréenne. L’iconographie très précise des fleurs, papillons, plantes et animaux n’est pas seulement objet de décors. Elle a une réelle signification dans la peinture traditionnelle. Par exemple, le pin symbolise la longévité, la grue est un être céleste messager qui symbolise l’apparition de la science prospère et la fleur d’abricotier symbolise le tempérament propre du savant.
Panthéon de la mythologie coréenne
La poésie qui imprègne le livre est aussi teintée de références aux légendes coréennes. Et de nombreux personnages sont tout droit issus du panthéon coréen. On retrouvera évidemment Habaek, le dieu de l’eau dont le mythe originel est centré sur l’enlèvement puis le mariage de sa fille Yuwah par le dieu solaire Haemosu. L’auteure investit aussi la mythologie avec des dieux comme la déesse Xiwangmu, le dieu Shennong ou l’empereur Jaune. Voici quelques-unes des légendes qui ne sont pas racontées dans le manhwa mais qui imprègnent la culture coréenne.
La légende de Yuhwa
Le dieu Haemosu, voyant les trois filles d’Habaek, voulut les prendre pour épouses. Il descendit du ciel mais ne parvint qu’à enlever l’aînée. Furieux qu’on lui ait pris sa fille sans la demander convenablement en mariage, Habaek lui envoya un message réclamant le retour de son enfant. Le dieu Haemosu s’en vint donc à la rencontre du dieu de l’eau et l’affronta dans une joute de métamorphoses qu’il finit par remporter. Repartant avec sa belle, celle-ci finit tout de même par lui échapper et rentra au pays de l’eau. Mais son père, rendu furieux par tant de déshonneur, lui scella les lèvres et l’enferma dans un cours d’eau. Les pêcheurs du roi finirent par la prendre dans leurs filets et elle fut emmenée à la demeure royale où elle parvint à retrouver la voix mais où le dieu Haemosu l’imprégna tout de même de ses rayons…
Palk et Kud
Les dieux Palk et Kud sont des principes opposés de lumière et d’obscurité, de chance et de malchance. Palk est un dieu solaire et le fondateur du royaume céleste. Il est vénéré dans les hautes montagnes de l’Est et les Coréens se considéraient comme ses descendants. Kud est le dieu de l’obscurité et de la malchance. Dans L’épouse du dieu de l’eau, on retrouve ces principes contraires au travers des frères ennemis Shennong et Xuanyuan ou du couple divin Seowangmo et Dongwanggong.
En résumé
En somme, L’épouse du dieu de l’eau est une manière divertissante et facile d’entrer dans l’art et la mythologie coréens. Le style sublime et détaillé de Yun Mi Kyung vous transportera dans le monde céleste. Si vous êtes amateurs de sunjeong ou de shôjo japonais, il est fort à parier que vous aimerez les envolées romantiques de ce manhwa. Si vous êtes adeptes des dramas historiques et de leurs intrigues de pouvoir, vous apprécierez aussi les guerres divines qui se jouent entre les personnages. Enfin, sachez que l’adaptation de L’épouse du dieu de l’eau est sortie en drama depuis juillet 2017. Si la série est davantage placée sous le signe de la comédie et se situe à une époque contemporaine, elle reste un autre moyen divertissant pour ensuite découvrir le manhwa.
Sources : site de l’auteure | Korean art book 민화 II | panthéon de la mythologie coréenne
Article rédigé par Casado Hélène.