À propos de l’auteure
Née en Corée du Sud dans les années 1960, Sounya Whang est une artiste peintre, musicienne, poète et auteure coréenne vivant en France où elle développe son art. Elle grandit auprès de l’artiste Wondang – qui est aussi son père – dont elle sera l’unique disciple et grâce à qui elle apprendra la tradition picturale coréenne. Sa maîtrise du pinceau et de l’encre en font une artiste contemporaine discrètement prodigieuse. Sur le plan littéraire, Sounya est une poète avant tout. Elle a écrit plusieurs ouvrages dont Traces et Signes, Ainsi ce monde devient céleste et plus récemment Femme Nuage (2019).
Résumé
Une petite fille grandit dans la campagne coréenne entre une cigale et une fourmi. Son père artiste peine à vivre de son art, si bien que sa mère travailleuse s’en détourne lentement. Ou serait-ce que la vie n’aime pas à ses rencontres inattendues, et que les humains sont prompt à juger jusqu’à en déchirer et les cœurs et les êtres ?
La plume et le pinceau sont là pour le narrer.
Mon avis sur Femme Nuage
Femme Nuage est un ouvrage autobiographique narrant la relation complexe que l’auteure a noué avec son père. Artiste sans grand succès, celui-ci est dépeint tantôt couvert de l’amertume de ses proches, tantôt vagabondant aux limites de la marginalité. La petite fille qui redécouvre cette figure de l’artiste-père à tous les âges de sa vie nous parle de sa propre quête. Pourtant l’auteure ne tombe jamais dans les travers d’une surenchère intimiste. Son style est clair, précis, à l’instar de ses traits de pinceaux.
Avec simplicité, Sounya Whang nous emmène dans la quête créative où le geste bourgeonne, s’enracine puis s’élève jusqu’à se faire œuvre de filiation. La beauté insoupçonnée des choses et des êtres grandissent sous les yeux de l’enfant jusqu’à transpirer dans la langue de l’artiste. Ce sont les mains fascinantes du bossu, le cerisier japonais ou les peintures du père que si peu comprennent. Femme Nuage raconte aussi l’incompréhension de l’auteure face aux convenances. Le prêche enthousiaste d’une messe où sa sœur l’entraîne la laisse dubitative, tout comme la brutalité des virements politiques à l’égard des arbres innocents.
Car discrètement nichée dans les hauteurs de l’insinuation où la littérature coréenne excelle, se tissent les ombres critiques de ce qui en un temps était tabou et néfaste. Le cerisier japonais paye les crimes coloniaux de sa nation de provenance, lui qui s’est enraciné dans la terre coréenne. Le père embrumé un soir de saoulerie, est arrêté pour avoir parlé des méfaits du gouvernement lors du soulèvement de Gwangju. Et bien d’autres indices qui, comme un vers bien tourné, parlent de la Corée.
Conclusion
Femme Nuage est un ouvrage court et poétique qui vous laissera bien du bonheur à sa lecture. Ses 153 pages se dévorent d’un coup. Difficile parfois de distinguer la fiction de l’autobiographie tant les époques se mêlent, comme un souvenir. C’est aussi ce qui fait le charme de cette nouvelle dont vous pourrez aussi apprécier les poèmes.
Où trouver Femme Nuage ?
Femme Nuage, de Sounya Whang, Ed. Revoir, 2019, ISBN 978-2-3526-5143-7
Sources : Edition RevoiR, Sounya Whang Music
Article rédigé par Casado Hélène.