Déjà une décennie pour les deux premiers volets Reply 1997 et Reply 1994 et de nombreuses récompenses pour le troisième Reply 1988. Revenons sur les similitudes entre ces trois séries qui résistent brillamment à l’épreuve du temps ?
Si Won Ho, l’écrivain de l’amitié
Sin Won Ho rêve d’être réalisateur depuis son plus jeune âge, mais il va devoir faire quelques détours avant de réalisé son premier drama. D’abord par le département de chimie de l’université de Séoul puisque son père le décide, et ensuite en tant que producteur de divertissement pour KBS.
C’est finalement en 2011 qu’il rejoindra tvN et CJ E&M et fera ses débuts avec la franchise Reply. Il sera récompensé deux fois comme meilleur réalisateur en 2016 pour Reply 1988.
Un vrai talent pour mettre en scène des groupes d’amis qu’il reproduira dans la réalisation de Prison Playbook et les deux saisons du drama Hospital Playlist. Il se surnomme lui-même, l’écrivain de l’amitié.
L’intrigue commune dans Reply
À chaque épisode, une alternance entre le passé et le présent. Une héroïne et un grand mystère sur celui qu’elle épousera parmi son groupe d’amis. Une intrigue qui fonctionne plutôt bien et donne à la réalisation une bonne excuse pour retrouver le charme des années passées.
REPLY 1997 – 응답하라 1997
Diffusé en 2012
Réalisateur : Si Won Ho
Écrit par Kim Ran Joo et Lee Woo Jeong
Plateforme : tvN
16 épisodes – Disponibles sur Viki
Dans Reply 1997, l’action se déroule à Busan. Nous découvrirons les années lycée de Shi Won et de ses amis dans une ambiance k-pop.
REPLY 1994 – 응답하라 1994
Diffusé en 2013
Réalisateur : Si Won Ho
Écrit par Jeong Bo Hoon • Kim Dae Joo • Kim Ran Joo • Lee Seon Hye • Lee Woo Jeong
Plateforme : tvN
21 épisodes
Dans Reply 1994, nous découvrirons le quartier de Sinchon, au cœur de Séoul, dans lequel vit Sung Na Jung et ses parents qui tiennent une pension pour les étudiants.
REPLY 1988 – 응답하라 1988
Diffusé en 2015-2016
Réalisateur : Si Won Ho
Écrit par Lee Woo Jeong
Plateforme : tvN
20 épisodes – Disponibles sur Netflix
Dans ce dernier volet de la trilogie « Reply 1988 », le drama se passe dans le quartier de Ssangmun Dong au Nord de Séoul. Retour dans des lycées non-mixtes, avec Duk Sun et ses amis d’enfance et voisins.
Nostalgie dans chaque Reply
D’abord par le contexte, la force de la trilogie, c’est de retrouver l’ambiance d’une époque à travers les moyens de communication, les vêtements, les décors, les événements sportifs, les jeux vidéo, les émissions télévisées. Et évidemment la musique que Si Won Ho sait mettre en avant dans ses réalisations, comme dans les deux saisons d’Hospital Playlist.
Chaque volet a ses marqueurs temporels et sa propre bande son avec des créations originales mais surtout des musiques d’époque.
Reply 1997
Reply 1997, c’est clairement le volet qui met l’émergence de la K-pop et de ses fans à l’honneur. Le personnage principal, Shi Won, fanatique du groupe H.O.T. et dont le rêve est d’épouser Tony. Tony qui fera d’ailleurs une apparition spéciale dans son propre rôle dans l’épisode 3. L’occasion également de découvrir Eun Ji Won, le chanteur principal de SECHSKIES incarner le personnage de Do Hak Chan, un des rôles masculins de la série.
Côté histoire, une période difficile pour le pays en pleine crise économique demandant de l’aide du FMI, nous pourrons également revoir la finale du championnat de Corée du Sud et profiter de l’authentique dialecte du Gyeongsang, la plupart des acteurs étant originaire de la région.
Reply 1994
Dans ce volet, nous pourrons re-découvrir Séoul dans les années 90, et même son métro grâce au personnage de Samchunpo qui passera une journée entière à s’y perdre. Des jeunes étudiants déterminés à abandonner leurs accents régionaux pour s’intégrer à cette immense ville moderne. Nous ré-apprendrons à enregistrer une chanson en guise de répondeur vocal et nous pourrons revoir un des matchs décisif de la Corée du Sud pendant la coupe du monde, ainsi que d’autres événements historiques moins réjouissants tel que l’effondrement du grand magasin Sampoong. L’occasion également de découvrir ou de ré-écouter 015B et Seo Taiji and Boys.
Reply 1988
Si les deux premiers volets ne manquent pas de références à leurs époques respectives, ce n’est rien par rapport au 3e et dernier volet, Reply 1988, qui se déroule pendant les Jeux Olympiques. Et dont le décor est d’autant plus fourni en détails puisqu’en plus de suivre les histoires des lycéens du quartier, on suit également les histoires et relations de leurs parents et découvrirons ainsi plusieurs foyers avec des revenus bien différents.
Un décalage temporel plus marqué : chauffage aux briquettes, téléphone fixe, premières caméras, jeux vidéo d’arcade, baladeurs, vestes en jean, coupes de cheveux et tenues des ajhummas du quartier, dont un article entier leur est dédié ici, affiches, confiseries… et ré-écouter Lee Moon Sae, icône de la pop, dont l’album s’est vendu à 2,85 millions d’exemplaires en 1988 ou encore l’indémodable morceau Youth de Sanullim.
C’est un drama qu’on peut revoir aisément sans s’ennuyer grâce à sa multitude d’histoires, de détails visuels et de références, ce sera aussi et surtout une belle occasion de revoir Ra Mi Ran avec sa permanente d’ajhumma et ses imprimés léopards qui nous ferait presque regretter les motifs fleuris.

Un drama tellement détaillé qu’il peut sembler moins évident pour le public francophone car il fait de nombreuses références à des émissions de télévision, comme le célèbre « Aigoo Kim Sajang » de Kim Sung Kyun qui serait une référence à une émission de KBS. Pour autant, les scènes ne manquent pas d’humour même si on n’a pas les références.
Enfin, et heureusement, pour le public international, le scénario et la réalisation s’appliquent à nous ramener aussi dans le passé émotionnellement, en nous remémorant cette période complexe du passage à l’âge adulte, des premiers amours, des amitiés fortes à travers lesquelles on se construit et enfin, ce que Reply fait de mieux, les liens à la fois tendres et conflictuels avec les parents. Ainsi la magie de la nostalgie fonctionne, qu’importe les origines.
Les mêmes parents dans les trois séries
Point commun non-négligeable de la trilogie, les parents de l’héroïne, respectivement incarnés par Sung Dong Il et Lee Il Hwa, qui gardent d’ailleurs leur prénom et nom originaux dans chaque Reply. Des acteurs incontournables que vous connaissez forcément.

Sung Dong Il et Lee Il Hwa : Reply 1988, Reply 1994 et Reply 1997
Sung Dong Il dans le rôle d’un père râleur et attentionné avec ses filles même si dans ses paroles, il ne les ménage pas. Très nerveux, il est très rare d’entendre ce personnage parler calmement, constamment en conflit avec ses filles qu’il chérit tant, un lien filial extrêmement touchant.
Lee Il Hwa, mère nourricière et femme au foyer dans chaque volet. Une sorte de soutient discret pour tous les membres de la famille. Elle est généralement en train de faire la cuisine, des quantités de nourriture disproportionnées dans Reply 1997, des multitudes de plats différents dans Reply 1994 pour contenter tout le monde et une cuisine bien plus mesurée dans Reply 1988 dans lequel la famille joint difficilement les deux bouts.
Cette mécanique peut surprendre au début, mais c’est un vrai plaisir de retrouver ce couple uni dans les trois volets.
Des égéries soigneusement abîmées
Elles mordent, elles tapent, elles crient… elles hurlent !

Jung Eun Ji dans le rôle de la fangirl Shi Won
Les trois scénarios s’accordent à en faire des jeunes filles peu douées dans les études, ce que ne manquera jamais de leur faire remarquer leurs pères, mais extrêmement débrouillardes dans la vie et très attentionnées avec leurs amis. Elles ne manquent ni de caractère, ni de spontanéité, et la mise en scène leur offre un charme naturel déconcertant. D’autant que la réalisation va également s’amuser avec leur image publique réelle, comme avec le personnage de Duk Sun incarné par Lee Hyeri, l’ancien membre du groupe Girl’s Day dont les amis se moquent car elle n’a « aucun talent pour la danse » dans Reply 1988.

Lee Hyeri dans le rôle de la bienveillante Duk Sun
Ce passage délicat entre la fille et la femme est plutôt bien transcrit, même si parfois peut-être exagéré pour l’effet humoristique ; elles ne savent pas se maquiller ou s’habiller et en font souvent trop dans le but de séduire.

Go Ara dans le rôle de la mordante Sung Na Jung
Dernière caractéristique de l’héroïne façon Reply ; elle mange énormément et sans retenue, caractéristique qu’on retrouvera dans le personnage féminin incarné par Jeon Mi Do dans Hospital Playlist.
Au pays du matin bruyant
Le duo Shin Won Ho et Lee Woo Jeong auraient-ils ruiné la douce et sûrement fausse image qu’on a de la Corée du Sud ? Peut-être, mais pour le plus grand plaisir des spectateurs.
Reply joue sur différents types de comique : comique de situation, de geste, de répétition, de caractère. Lee Woo Jeong offre aux personnages des répliques piquantes et ne ménage pas les susceptibilités, ainsi la plupart des répliques sont criées et non parlées, et comme si ce n’était pas suffisant, le bruit d’un bêlement de mouton sera ajouté au montage pour accentuer le comique de situation.
L’effet inattendu de tout ce tapage… un retour au calme dédié aux scènes d’émotion qui redoublent d’authenticité grâce à cet équilibre parfaitement maîtrisé. On oublie pas qu’on est aussi dans un drama « tranche de vie » et la réalisation fera aisément passer le spectateur du rire aux larmes.
Un avant et un après Reply
J’ai découvert Reply complètement par hasard, plus qu’un drama apprécié, c’est devenu un classique pour moi, surtout le dernier Reply 1988, l’équivalent d’un Retour vers le futur, c’est pour vous dire.
Si vous ne les avez jamais vu, je vous recommande de les voir dans leur ordre de production. Reply 1997 jette les bases et c’est certainement un bon drama « historique » pour les fans de k-pop, cependant pour le reste, il semble un peu fade comparé aux deux qui suivront, d’où l’intérêt de les voir ou de les revoir dans l’ordre chronologique de réalisation, car elle s’améliore nettement entre chaque volet.
Il y a évidemment bien plus à dire sur cette brillante trilogie, mais je ne tiens pas à me mettre à dos les éditeurs de K.Owls et je me contenterai de terminer sur ma compilation préférée du doublement célèbre « Aigoo Kim Sajang ».
Sources : Hancinema (1, 2, 3) – DramaBeans – tvN