Si vous êtes déjà allés en Corée, vous n’avez pas pu passer à côté des rues pleines de restaurants. En effet, il y est habituel de manger au restaurant entre amis ou collègues plusieurs fois par semaine. Cependant, l’inflation et la fin de la pandémie ont remis en question ces habitudes.
Inflation et insécurité alimentaire en Corée du Sud
Le prix des repas en restaurants a progressé de 6,6 % en un an selon le Korean Statistical Information Service. Cette inflation est principalement due à la dépendance alimentaire du pays et à la montée des prix des aliments dans le monde. En effet, selon l’ONU, le taux actuel d’autosuffisance en céréales de la Corée est de 19,3 %, un niveau historiquement bas.
Or, la faiblesse de la devise coréenne face au dollar américain, la montée des prix des céréales et la croissance des coûts maritimes ont des conséquences négatives sur l’importation des produits alimentaires. Le Korea Rural Economic Institute a par exemple noté une montée de 10,4 % du prix des céréales importées ce dernier trimestre, notamment à cause de la guerre en Ukraine. Il s’agit de la plus forte augmentation depuis 1998 et la crise financière asiatique.
Les experts appellent le gouvernement sud-coréen à prendre des mesures pour limiter la dépendance à l’importation alimentaire de la Corée. Celui-ci a rapidement réagi en expliquant que des lois avaient déjà été prises dans ce sens en 2019.
Nouvelles mesures des entreprises de restauration à emporter
Pendant la crise sanitaire, les prix ont été bloqués par les restaurants qui ne voulaient pas perdre de clients. Cependant, avec la fin de la pandémie, les restaurateurs récupèrent le temps perdu et ajustent les prix à l’inflation.
Même si les Coréens sont moins allés au restaurant à cause des mesures de distanciation sociale, ils ont continué de commander à emporter. Le prix des aliments a ainsi continué de grimper à cause des ruptures de stock. Avec le retour de la population dans les restaurants, les prix ne sont pas prêts de diminuer.
Les entreprises de restauration à emporter ont profité de cette hausse de la demande pour mettre en place de nouvelles mesures tarifaires. Baedal Minjok a par exemple augmenté divers frais, dont ceux de livraison.
Si l’entreprise explique que cette augmentation tarifaire a pour but de mieux rémunérer les livreurs, celle-ci est critiquée par les restaurateurs et les clients. Les restaurants doivent faire payer une partie de leurs frais aux clients s’ils ne veulent pas perdre d’argent, mais en augmentant le prix des repas et des livraisons… ils perdent des clients.
Une remise en question des habitudes alimentaires des Sud-Coréens ?
Baedal Minjok a été critiqué par les utilisateurs de l’application, qui ont appelé à la boycotter et à ne plus recourir à son service de livraison : le naengmyeon, un plat de nouilles froides populaire lors des grandes chaleurs, a par exemple vu son prix moyen augmenter de 9,7% cette année pour atteindre les 10 000 won (dont 3 000 de frais de livraison).
Dans tous les cas, bien que les plats populaires soient très prisés des Coréens qui mangent à l’extérieur plusieurs fois par semaine, on peut se demander si cette augmentation durable des prix ne risque pas de bouleverser leurs habitudes et de provoquer la fermeture de nombreux établissements. Si les entreprises de restauration à emporter peuvent revenir sur leurs mesures, l’inflation ne peut pas disparaître du jour au lendemain…
Sources : The Korea Times (1)(2)(3) | The Korea Herald(1)(2) | Korea JoongAng Daily