Le 3 juillet 2021, 8 000 membres de la confédération coréenne des syndicats (KCTU) ont participé à une manifestation à Séoul afin de soutenir l’augmentation du salaire minimum, malgré l’interdiction du gouvernement sud-coréen par crainte de propagation du coronavirus.
Une manifestation pour réformer les droits des travailleurs
En juin dernier, des représentants des employés et des dirigeants d’entreprises se sont rencontrés pour négocier ensemble le salaire minimum pour 2022, celui de 2021 étant de 8 720 wons (6,50 €). Mais les discussions se sont compliquées après plusieurs désaccords (selon certains experts, une augmentation soudaine du salaire minimum pourrait supprimer de nombreux emplois). La KCTU, un syndicat fondé en 1995 comptant aujourd’hui plus d’un million de membres, a alors décidé de réagir en organisant un rassemblement national des travailleurs le 3 juillet 2021.
Les membres de la KCTU ont manifesté samedi après-midi pour demander une révision de la loi sur le travail. Si leur principale revendication concernait le salaire minimum, ils ont également appelé à l’abolition des emplois non réguliers, à la fin des suppressions d’emplois et à la mise en place de mesures pour empêcher les accidents du travail.
Des relations tendues entre la KCTU et le gouvernement
Le président de la KCTU a décidé de maintenir la manifestation malgré les restrictions sanitaires, en expliquant qu’il ne pourrait pas arrêter son combat tant que les travailleurs souffriraient. Le gouvernement sud-coréen ayant décidé d’interdire le rassemblement et les policiers ayant bloqué la zone où devait se dérouler la manifestation, la KCTU a déplacé le lieu du rassemblement, qui s’est tenu à 14 heures.
En effet, la ville de Séoul interdit les réunions de plus de 10 personnes depuis la reprise de la pandémie et a déjà dû rappeler à l’ordre la KCTU cinq fois ces derniers mois. Le maire de Séoul songe actuellement à porter plainte contre le syndicat pour violation de la loi sur la lutte contre les maladies.
Il faut savoir qu’en 2015, le siège de la KCTU avait été perquisitionné par près de 700 policiers. La dispersion de la foule par la police avait alors fait une trentaine de blessés et un mort. L’année suivante, le président de la KCTU Han Sang Gyun, avait été condamné à cinq ans d’emprisonnement. Cela avait été décrié comme « injuste et honteux » par Amnesty International, qui y voyait la « répression de plus en plus implacable menée en Corée du Sud contre l’opposition pacifique ».

On comprend alors que, même en omettant la situation sanitaire actuelle, les relations ont souvent été tendues entre la KCTU et le gouvernement sud-coréen : il est peu probable que cette manifestation permette une révision de la loi sud-coréenne sur le travail, tout du moins dans l’immédiat.
Sources : Yonhap News Agency (1)(2)(3) | Amnesty International | The Korea Herald