Alors que la guerre de Corée fait rage, Kyung, une jeune étudiante, lutte contre la mort qui s’immisce partout. Tiraillée entre sa mère éteinte et l’amour naissant qu’elle porte à un peintre, elle est entraînée jusqu’à l’Arbre nu, une énigmatique peinture.
À propos de l’auteur, Keum Suk Gendry-Kim
Keum Suk Gendry-Kim est une manhwaga et artiste sud-coréenne installée en France. Elle commence le dessin dès l’âge de 12 ans. Après des études d’art à Séoul, elle étudie aux beaux-arts de Strasbourg. Travaillant sur plusieurs médiums, elle sculpte et dessine, mais pratique aussi la création vidéo et la céramique. L’expressivité de son style graphique séduit de plus en plus de lecteurs. Aujourd’hui, plusieurs nationalités d’éditeurs diffusent ses manhwas.
Le résumé du livre
Automne 1951, Kyung a vingt ans. La guerre de Corée fait rage mais la jeune femme n’a pas le temps de s’en lamenter. Elle travaille dans un centre commercial réservé aux soldats américains. Là-bas elle reçoit les commandes de portraits que les artistes peintres de la boutique dans laquelle elle travaille peignent sur des foulards. Un jour, le patron de l’entreprise amène un nouveau portraitiste réfugié du nord de la Corée. Kyung en tombe amoureuse. Dès lors, elle oscille entre les moments mélancoliques en sa compagnie et les moments moroses de sa mère vieillie par la guerre.

Mon avis sur L’Arbre nu
Inspiré du roman homonyme de Park Wan Seo, L’arbre nu est un chef-d’œuvre, tant sur le plan graphique que narratif. Le récit nous entraîne au cœur d’une Corée en proie à la guerre civile. Pourtant celle-ci est presque absente de la trame qui se concentre sur la vie quotidienne d’une civile, Kyung, une jeune femme de vingt ans. Prenant soin d’une mère éteinte depuis la mort de ses fils et de son mari, Kyung tente par tous les moyens de prendre soin de celle-ci tout en allant de l’avant. Son histoire d’amour impossible avec le peintre Ok Heedo devient comme la flamme qui lui permet de survivre à la douleur ambiante et à la mort omniprésente.
Avec douceur le récit se délie entre les durs flash-back et le quotidien étrangement tranquille. La guerre en toile de fond apparaît subitement ravageant tout sur son passage. Mais toujours le calme de la vie apparait tentant de trouver une place et un sens au milieu de cette destruction. Kyung, en ce sens est un personnage fort qui fait face à de terribles dilemmes. Positive et pleine de vie comme on l’est à cet âge, elle se bat chaque jour pour éloigner les ombres de la mort dans son quotidien. Les peintres avec lesquels elle travaille sont comme happés par l’absence d’avenir. Pourtant l’art survit entre les conflits et ce malgré la nature des portraits qu’on exige des artistes.
Ainsi, même si le récit présente une époque difficile durant laquelle les personnage sont confrontés à de durs dilemmes et doivent faire face à une réalité sans pitié, L’Arbre nu est un puissant roman graphique. L’expressivité du pinceau ajoute à la beauté du récit. Tout est émotion. On apprécie l’univers en noir et blanc et les traits bruts qui nourrissent le propos de l’œuvre. La mise en case régulière s’accompagne de pleine page. Le style du roman est cependant plus brut que Le chant de mon père, une autre œuvre autobiographique de la manhwaga. En somme, L’Arbre nu est un très bel ouvrage qui entraine avec une vision très personnelle dans la guerre de Corée. On y perçoit le quotidien des civils qui, malgré la mort, vivent.
Où trouver L’Arbre nu ?
L’Arbre nu, Keum Suk Gendry-Kim, Ed. Les arènes, Août 2020, ISBN 979-10-375-0218-6
Les autres œuvres de Keum Suk Gendry-Kim
Le chant de mon père, Keum Suk Gendry-Kim, Ed. Sarbacane, ISBN: 978-2-84865-499-7, 2012
Article rédigé par Casado Hélène.