En Corée du Sud, il existe plus d’une centaine de types de cerfs-volants. À l’approche de Seollal, je me suis intéressée à cette activité et principalement à un cerf-volant en particulier : le bangpaeyeon. Il est le plus répandu, utilisé par les Coréens notamment au Nouvel an lunaire.
Description du cerf-volant
Le bangpaeyeon est fabriqué à partir de papier, bambou et ficelle. Le papier est de forme carrée ou rectangulaire, rappelant la forme d’un bouclier (방패 : bouclier ; 연 : cerf-volant). Un trou au centre du papier permet au cerf-volant de laisser passer l’air et donc d’avoir plus de résistance face au vent. Le papier est ensuite collé sur un cadre en bambou dont les tiges sont très fines. Le tout est attaché à une longue ficelle (principalement de soie) dont l’extrémité peut être retenue directement par la main de l’utilisateur, ou enroulée autour d’une bobine en bois.
La taille peut varier selon l’âge de l’utilisateur et d’une région à l’autre. Dans les zones montagneuses, les cerfs-volants sont plus petits. Le bangpaeyeon peut être décoré avec des motifs colorés, avoir des rubans etc. Avec les différences de couleurs et de motifs, on compte au moins cent sous-divisions du bangpaeyeon. Mais attention à ne pas trop mettre de poids.
Le cerf-volant peut aussi être utilisé pour des compétitions. Pour cela, la ficelle est enduite de colle fabriquée à partir de farine de riz et de poudre de verre ou porcelaine. Elle devient plus solide et plus coupante. Outre l’acrobatie, le but est de couper le fil des autres et d’être le seul à avoir encore son cerf-volant.
Source : Encyclopédie de la culture folklorique coréenne
Histoire et croyances autour du bangpaeyeon
Faire voler un cerf-volant était une activité répandue dans toutes les régions de Corée au début du premier mois selon le calendrier lunaire. Le bangpaeyeon est avant tout un moyen d’envoyer aux cieux ses souhaits. Selon l’ancienne coutume populaire, il doit être très léger afin de mieux transporter les vœux de la personne qui l’a confectionné. Concernant les compétitions, le vainqueur offrait à boire au perdant. Mais en prenant en compte la croyance, le perdant était finalement le vrai vainqueur puisqu’il a pu adresser ses vœux.
Par sa simplicité, le cerf-volant fut très utilisé par le peuple et les enfants. De plus, il pouvait aussi conjurer le mauvais sort. Une personne inscrivait sa date de naissance sur un papier fixé au cerf-volant puis on coupait le fil qui les reliait pour qu’il emporte toute mauvaise fortune.
Historiquement, les cerfs-volants furent utilisés à des fins militaires. En 647 (pendant la dynastie Silla), les ministres se révoltèrent contre la reine après le présage de sa chute. Une rumeur disait « [qu’]une étoile était tombée du ciel ». Le Général Kim Yu Shin eut l’idée de lancer un grand cerf-volant pour indiquer que cette étoile était retournée dans le ciel. Les soldats reprirent confiance et la révolte fut étouffée. Un autre fait historique se déroula sous la dynastie Goryeo. Le Général Choi Yong utilisa des cerfs-volants en feu pour atteindre le château d’un rebelle, un éleveur mongol, qui se situait sur le sommet d’une falaise sur l’île de Jeju.
Le stade de football à Séoul fut construit en forme de cerf-volant traditionnel. Cette forme représentait le vœu de victoire de la Corée à l’occasion de la Coupe du monde de 2002.
Maquette du stade de Séoul
Source : Office de tourisme coréen
Sources : Encyclopédie de la culture folklorique coréenne | Culture coréenne n°2 et n°11
Image de Une : Yonhap