Attaquons-nous cette fois-ci aux nombreuses coiffures traditionnelles que les femmes coréennes pouvaient utiliser au cours de l’histoire.
Les accessoires de coiffure
Pour bien comprendre la composition des coiffures, nous allons voir l’ensemble des accessoires que les femmes utilisaient.
Le gache (가체) est une perruque portée par les femmes aisées et les gisaeng au début de la période Joseon. Le prix était élevé et il était considéré comme un bien précieux pour les femmes, synonyme de beauté et de pouvoir. Pesant généralement entre 3 à 4 kg, le port de perruque a parfois été mortel, brisant la nuque de celle qui la portait.
Les femmes coréennes ajoutaient à leurs coiffures des ornements en or, argent, soie, des bijoux etc. Toutefois, le roi Yeong Jo (r. 1724 – 1776) a interdit l’utilisation des gaches par décret royal, car jugés contraires aux valeurs confucéennes en 1756, puis édité par le roi Jeong Jo (r. 1776 – 1800) en 1778. D’autres coiffures ont émergé rappelant le gache, en parallèle de la progression du chignon.
Un jokduri (족두리), ou jokdu / jokgwan (족두 / 족관), est une couronne portée pour les cérémonies importantes, dont le mariage. Cette couronne se mettait avec le wonsam (grand pardessus porté par une mariée). Elle est couverte de soie noire et remplie de coton et de papier à l’intérieur. Comme pour le gache, le jokduri fut un phénomène de mode. Les rois Yeong Jo et Jeong Jo encourageaient les femmes à porter le jokduri à la place du gache.
L’eoyeom jokduri (어염 족두리) ou som jokduri (솜 족두리) était le coussin utilisé comme appui-tête pour la coiffure féminine. Porter une couronne telle que le jokduri pouvait se révéler douloureux à la longue.
L’hwagwan (화관) est une couronne portée pour les cérémonies traditionnelles, dont le mariage, il est semblable au jokduri. Plus grand que ce dernier, on le décore avec des fils d’or, des perles de cinq couleurs pour souligner la beauté de la femme.

Hwagwan, jokduri et binyeo
Source : LifeinKorea
Le cheopji (첩지) se pose sur le haut de la tête. De longues nattes étaient attachées des deux côtés et nouées avec le chignon des femmes mariées. Il servait aussi à attacher le jokduri ou le hwagwan. Il est mis quotidiennement par les femmes du palais. Les reines consorts portent le cheopji en forme de dragon, les princesses ont le phénix. Plus couramment, les femmes de la cour portent un cheopji de grenouille. Les femmes du peuple pouvaient le porter lorsqu’elles mettaient une robe de cérémonie. La coiffure avec le cheopji remplace le gache après l’interdiction du roi Yeong Jo.
Le daenggi (댕기) est un ruban en tissu majoritairement rouge, noué à la fin des cheveux tressés pour faire les coiffes des femmes non mariées. Il en existe plusieurs types, selon l’âge de la femme, son rang social ou bien pour une cérémonie précise.
Le doturak daenggi (도투락 댕기), connu sous le nom de keun daenggi (큰 댕기), a été utilisé comme dwit daenggi (뒷 댕기), signifiant un grand daenggi porté à l’arrière lors de la cérémonie de mariage. Le deurim daenggi ou ap daenggi est celui qui est porté en avant. Les femmes portent donc deux daenggi noirs lors du mariage. Des motifs dorés sont brodés dessus.
Le jebiburi daenggi est utilisé par les femmes pour décorer et nouer leurs tresses. Dans le passé, il était décoré d’or (parfois d’argent) avec un motif pour montrer l’appartenance royale de la jeune femme.
Le daenggi baetssi signifie « trou de poire », nom dérivé de sa forme. Cet accessoire est également un type de daenggi et sert pour protéger l’enfant contre la maladie et le malheur. Il est fait d’un tissu fin, en coton.
Le binyeo (비녀) est une épingle à cheveux traditionnelle pour tenir les chignons, les décorer et attacher une couronne. Elle indiquait le rang social de la personne. Il en existe deux sortes : le jam (잠) qui est en longueur et le che (채) qui a une forme courbée. Les matériaux et les motifs sur ces épingles sont très variés.
Le dwikkoji (뒤꽂이) est une petite épingle à cheveux décorative utilisée pour orner les chignons ou portée sur les côtés des cheveux coiffés.
Les chapeaux traditionnels des femmes
Pendant la période de Joseon, les Coréennes suivaient les principes du confucianisme dont celui de ne pas montrer leurs visages aux hommes étrangers. Ainsi, les femmes mettaient des voiles pour se couvrir, cachant aussi leurs coiffures. De plus, elles portaient des couvres-chefs pour se protéger du froid.

Jant ot
Peinture de Shin Yunbok or Hyewon
Le jang ot (장옷) se portait comme un voile. Ressemblant à la veste portée en extérieur avec le hanbok, il est constitué d’un collier et d’un ruban pour l’attacher.
Le neoul (노을) était une fine soie portée avec un chapeau (principalement le jeonmo) pour cacher le visage de la femme. Il est généralement fait de soie de couleur noire et possède un trou au niveau de yeux pour que la femme puisse voir.
Le sseugae chima (쓰개치마) est un autre type de tissu utilisé par les femmes, de la classe populaire cette fois, pour cacher leur visage.
Le jeonmo (전모) est le chapeau porté par les gisaeng. Le cadre en forme de parapluie était en bambou, permettant de ne pas écraser la coiffure, et la couverture était en papier ou en tissu avec des décorations dessinées dessus.
La gulle (굴레) est une coiffe décorative pour garder les enfants au chaud, principalement porté par les garçons et filles de 1 à 5 ans. Pour l’hiver, il était fabriqué en soie noire. Pour le printemps et l’automne, on utilisait une soie fine de cinq couleurs. Le doturak daenggi finissait la coiffure.
Le nambawi (남바위) est un chapeau fourré unisexe, déjà visible dans les coiffures masculines.
Le pungcha (풍차) était un chapeau d’hiver semblable au nambawi, mais avec des rabats supplémentaires pour couvrir le cou des femmes.
L’ayam (아얌) est un chapeau traditionnel pour l’hiver pendant l’époque Joseon. Il est en soie et conçu pour être ouvert au sommet. Il se composait d’une couronne couvrant le front et d’un long ruban en forme de queue. Des gisaeng pouvaient en porter avec des bijoux faits à partir de jade ou d’ambre. L’ayam peut aussi être porté pendant le printemps et l’automne. La soie recouvrant l’extérieur du chapeau est alors plus légère. Il se termine avec un gros ruban de type daenggi dans le dos, appelé ayamdeurim.
Le jobawi (조바위) est un bonnet en soie noire pour l’hiver, avec des pompons à l’avant et à l’arrière. Apparu à la fin de la dynastie Joseon, il remplace l’ayam. Les femmes de l’aristocratie le portaient beaucoup. Comme l’ayam, il ne recouvre pas le haut de la tête et se concentre sur le front et les oreilles avec ses côtés arrondis. Ces côtés peuvent être décorés avec des accessoires, des pierres précieuses. Le bonnet laisse aussi visible la coiffure à l’arrière.
Pour les enfants et jeunes femmes, ce sont des perles brodées qui servent d’ornement. De nos jours, les filles portent un jobawi à l’occasion de leur premier anniversaire.
Les styles de coiffures des femmes
Dans la présentation qui va suivre, vous allez voir le terme « meori » (머리) à chaque fois. Il désigne les « cheveux » en coréen. Les femmes combinent leurs coiffures avec les perruques, les épingles et le daenggi principalement.
Le badukpan meori (바둑판머리) est une coiffure pour les filles d’environ 3-4 ans. Une partie des cheveux de chaque côté a été transformée en petites tresses, puis combinée avec la tresse principale à l’arrière de la tête. Le baetssi daenggi était porté sur les cheveux séparés et un autre daenggi était attaché près de l’extrémité de la tresse principale.
Le saeng meori (생머리) est faite pour les jeunes dames de la cour autour de 9-14 ans et les dames de la cour légèrement plus âgées. Les cheveux étaient séparés en plusieurs parties et ils étaient tressés et pliés. Le nombre de parties dépendait des départements dans lesquels les dames de la cour travaillaient. Les daenggi pour cette coiffure féminine dépendaient également du nombre de parties.
Le jjok/jjokjin meori (쪽/쪽진머리) a été une coiffe largement utilisée parmi les femmes mariées issues du peuple ainsi que les femmes nobles et les femmes royales après l’interdiction des gaches. L’extrémité de la tresse est ramenée au début de celle-ci et le tout est maintenu par un daenggi. Cette boucle est ensuite enroulée sur elle-même. Le binyeo était l’accessoire le plus commun à utiliser pour maintenir l’ensemble.
L‘eonjun meori (얹은머리) se constitue d’un gache avec une coiffure de style jjok meori. Les gisaeng ou courtisanes portaient également quotidiennement des eonjun meori, ornés d’épingles à cheveux et de daenggi.

Eonjun meori
Kim Hong-Do – Seoul National University Museum.
Le ko meori (코머리) est réservée aux femmes mariées de la classe inférieure qui ne pouvaient pas acheter de perruque, elles utilisaient les cheveux d’origine des femmes, tressées en deux nattes et tirées sur le dessus des cheveux pour faire cette coiffe. Un daenggi était fixé sur les cheveux tressés près de l’oreille gauche.
L’eoyeo meori (어여머리) était la coiffure pour les femmes de la famille royale qui restaient à l’intérieur du palais après le mariage, telles que les reines consorts et les reines douairières. Cela impliquait plusieurs parties importantes : la perruque pour faire le halo autour de la tête du porteur, le som jokduri comme appui-tête, le maegae daenggi pour maintenir la perruque en place et des épingles pour orner le tout.
La coiffure tteoguji meori (떠구지머리) était réservée aux cérémonies spéciales et portée par les reines, les concubines royales, les consorts royaux et les dames de la cour de haut rang. Elle se composait du gache autour de la tête et du tteoguji.
Dans un premier temps, le tteoguji était une perruque en forme de papillon, posée sur une coiffure eoyeo meori et tenue par deux binyeo noirs. Le daenggi utilisé est de couleur noir ou prune. Cependant, après l’interdiction des gaches, les femmes utilisèrent un cadre en bois fait à partir du paulownia, un arbre que l’on trouve en Corée et en Chine.
Le cheopji meori (첩지머리) est une autre méthode de coiffure des femmes du palais, dont les femmes royales ainsi que les dames de la cour et les épouses des officiers. La femme attachait ses cheveux en un chignon arrière.
Le daesu meori (대수머리) est réservée aux reines et princesses pour les cérémonies spéciales comme un couronnement. Le daesu meori se porte avec les cheveux arrangés dans le style jjok meori et une perruque triangulaire et lourde appelé « daesu ». Cette coiffure se combine toujours avec le jeokui.

Tteoguji meori dans le drama The Moon That Embraces the Sun
J’espère que vous avez pu en apprendre plus sur les coiffures des femmes et des hommes en Corée. Vous avez l’essentiel à travers ces deux articles mais sachez qu’il en existe encore bien d’autres !
Sources : VisiterCorée | Korea Times
Image de Une : Drama Hwang Jin Yi