Continuant dans ma lancée, je vous présente aujourd’hui le jeu vidéo Suhoshin (수호신). Aux premiers abords prometteur, découvre-t-on vraiment la Corée médiévale au cours d’une histoire aussi bien policière que fantastique ? Voici mon avis sur ce visual novel.
Ce qu’il faut savoir sur Suhoshin
Le jeu est sorti le 14 avril 2022 sur PC et en janvier dernier sur PS4 et PS5, ainsi que sur la Nintendo Switch. J’ai appris son existence par le biais d’un article du Korean Joong Ang Daily, qui avait interviewé Alan Menant, fondateur du studio No More 500. Si l’histoire se situe en Corée, Suhoshin est donc une création française ! De quoi titiller mon intérêt.
Dans ce visual novel, nous suivons le retour de Yuri, jeune fonctionnaire qui vient d’obtenir son diplôme pour devenir garde. Après trois ans loin de chez lui, il retourne dans son village natal. Mais bien vite, disparitions et meurtres surviennent. Le voilà chargé de mener l’enquête et d’arrêter le coupable avant qu’il ne soit trop tard.
Comme ceci est recommandé par le studio, j’éviterai de raconter le déroulement de Suhoshin. De fait, je resterai vague à ce sujet et n’aborderai pas les péripéties, ni le dénouement. Attention toutefois si vous n’aimez pas voir du sang : il y a des scènes implicites de violence.
Les codes du visual novel bien présents
Le roman graphique (ou vidéoludique si on utilise le terme « officiel » ) est un style que l’on trouve beaucoup dans le monde du jeu vidéo japonais. Certains ont eu des adaptations en animé. Si vous cherchez de nombreuses interactions comme dans le jeu vidéo lambda, passez votre chemin… Car vous lisez un roman, littéralement. Les différences se situent par l’accompagnement d’images et de musiques. Et de pouvoir débloquer des illustrations en fonction des choix que vous ferez.
Dans Suhoshin, tout y est. L’histoire est cohérente et un index est à disposition pour comprendre les termes coréens utilisés. À chaque nouvelle journée, c’est un nouveau chapitre qui commence avec un léger récapitulatif au début. J’ai testé le jeu avec manette et le combo clavier/souris. Les deux m’ont été agréables. Pendant le premier chapitre, j’ai tenté différentes options afin que ma lecture soit à mon goût.
La direction artistique est réussie : les paysages sont beaux et les habits portés par les personnages sont bien représentatifs de la Corée en pleine période Joseon. J’ai eu plaisir à voir les jangseug, totems protecteurs contre les mauvais esprits. Les musiques et les bruitages agrémentent bien le tout, nous plongeant parfaitement dans l’histoire.
Au cours de notre aventure avec Yuri, 23 illustrations sont à découvrir. J’ai été contente de voir qu’il ne m’en manquait que trois après avoir fini le jeu une première fois. Plus qu’à trouver le cheminement qui me permettra de les obtenir.
Mais des défauts viennent gâcher l’expérience de jeu
Certes, c’est le premier visual novel du studio No More 500. On peut être indulgent. Mais la forme ne peut pas forcément tout rattraper quand le fond pêche. Ici, la lecture devient désagréable lorsque l’on voit que les formes négatives sont tronquées. Les « ne » n’existent pas. « Y’a » et « ça » sont légion. Ce qui en fait plus un texte rédigé comme nous parlons. Mon cerveau a fait une correction automatique à chaque fois, avant d’être bloquée dans ma lecture.
De plus, le ton est vraiment informel. La hiérarchisation est très présente dans la langue coréenne. C’est un choix de ne pas utiliser les formes honorifiques en français, mais c’est un grand manque de cohérence culturelle quand on utilise un langage familier pour discuter avec un de ses supérieurs hiérarchiques. Et les « Monsieur » ne peuvent sauver les apparences.
Pour finir, l’histoire est sympathique, sans plus. Ce qui n’est pas plus mal vu la durée du jeu : j’ai mis six heures à finir, en prenant mon temps. En revanche, je n’ai pas eu de peine à trouver qui était le responsable, même si la partie surnaturelle est exploitée adroitement. Avec mes connaissances de la culture coréenne, j’ai peut-être pris moins de plaisir en devinant la suite.
Conclusion
Suhoshin peut être intéressant pour découvrir le genre du visual novel avant de se lancer sur de plus longues histoires. La direction artistique est belle et respecte bien la culture coréenne, ce qui est un plus non négligeable. Malheureusement, le texte en français est trop familier, et vient contrebalancer l’équilibre.
Où peut-on trouver Suhoshin ?
- Sur la page Steam
- la page Nintendo e-shop
- et sur PlayStation Store
Et ici, je vous mets le site du Studio No More 500 et sa chaîne YouTube pour écouter les musiques du jeu !
Vous pouvez également trouver une interview d’Alan Menant et de Ji Yeong pour découvrir les coulisses de la création du jeu.
Source images : Page Steam | Jeu Suhoshin
Ton article m’a donné bien envie de tester le jeu par moi-même 🙂 Je n’ai pas trop d’expérience en « lecture interactive » alors c’est l’occasion de tester. Je cherche justement des jeux ayant pour décor la Corée, mais je n’en trouve pas, jusqu’à ce que je tombe sur ton article ! Les graphismes sont très séduisants 🙂