Le manhwa les « Naufragés » de Choi Min Ho transporte dans un monde où s’entremêlent réel et imaginaire dans un tourbillon de bulles et de poissons.
À propos de l’auteur
Choi Min Ho (최민호) a commencé sa carrière de dessinateur et scénariste de manhwa en 1993. Il travaille aussi dans l’animation et alterne entre ces deux médias. Ses œuvres portent sur des sujets de société racontées dans des trames de vies quotidiennes.
Il a reçu des prix pour ces œuvres « Journée de neige », « Le père », « Yellow Submarine », « Maman ». Son film d’animation «Un bateau plein de poissons» a été présenté dans plusieurs festivals, dont celui de Melbourne.
Résumé
Un jeune homme rentre en Corée après avoir vécu longtemps à l’étranger. Confronté à la maladie de son père qui souffre d’Alzheimer, il hérite de la maison d’enfance qu’il investit pour monter une boutique d’aquariophilie. Très vite, il découvre que le quartier dans lequel il est implanté est une zone de prostitution notoire. Mais celui qui prend soin des poissons parviendra-t-il à se sortir la tête de l’eau ?
Mon avis sur « les Naufragés»
« Les Naufragés » est une œuvre douce et réchauffante traitant de sujets lourds. Choi Min Ho a pris le partie d’un style contemplatif pour parler de la souffrance de ses personnages qui tentent chacun à leurs échelles de se réparer face à leurs traumatismes. Les poissons deviennent une métaphore filée de leurs propres existences alors que plongés dans des environnements changeant, ils doivent apprendre à respirer dans leurs nouveaux bocaux. C’est finalement l’apprentissage de la vie adulte qui se présente à eux.
L’auteur, dans la préface, précise avoir commencé à réaliser cette œuvre après avoir été invité dans un hôpital psychiatrique et avoir rencontré des personnes qui avaient tenté de mettre fin à leurs jours. Souhaitant « aider à lever la tête, apporter de la chaleur, de la gentillesse » Choi Min Ho a commencé à travailler sur « Les Naufragés ». C’est un manhwa positif et poétique qui ne porte pas de jugement sur la vie des personnages ni sur leur ressentis. La mise en case joue avec les perceptions du spectateur mêlant temps du récit aux flashbacks et aux rêves des personnages.
La relation qui s’installe entre le personnage principal Kim et sa voisine Eun Soo s’esquisse en parallèle de la présentation des poissons renouvelés chaque semaine par la venue du livreur. Tantôt poissons combatifs, tantôt poissons nettoyeurs, les personnages principaux endossent des rôles de vie auxquels ils ne peuvent finalement pas échapper. Et comme pour nous rappeler l’importance du premier pas, Choi Min Ho commence son récit avec le poisson démarreur. Celui qui assainit l’eau de l’aquarium, eau limpide dont la complexité échappe aux yeux des humains.
Les poissons vivent dans l’eau, elle leur est essentielle. Cette forme de vie est incompréhensible pour l’homme, car il perçoit l’eau comme une matière sans odeur ni couleur. (…) Un mauvais PH et c’est tout le microcosme du poisson qui s’en voit perturbé. Et c’est pareil pour l’homme; si le fragile équilibre du cœur est bouleversé, tout son petit monde s’écroule.
Choi Min Ho dans la préface des Naufragés
Conclusion
On retrouve le style léger de Choi Min Ho, centré sur la vie quotidienne, que vous pouvez aussi lire dans « Mon Jardinier citadin ». Décrivant précisément l’élevage des poissons, les « Naufragés » est une œuvre initiatrice tant sur l’évolution des personnages que sur l’apprentissage offerts aux lecteurs. Vous n’apprendrez certes pas à élever des poissons, mais vous pourrez découvrir quelques conseils sur les cyphotilapia frontosa ou les tétra cuivrés.
Où le trouver ?
Les Naufragés, de Min Ho Choi, Ed. Akata, Trad. Kim Myung Yul, ISBN : 978-2-36974-041-4, janvier 2015
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Article rédigé par Casado Hélène.