Cela fait maintenant près d’un an que des groupes de soutien aux personnes en situation de handicap manifestent à Séoul pour leurs droits sociaux. Une campagne a particulièrement fait parler d’elle ces derniers temps : des personnes en fauteuil roulant investissent les métros dans plusieurs stations de Séoul aux heures de pointe.
Protestation des personnes en situation de handicap dans les métros de Séoul
Que veulent les personnes en situation de handicap ? La SADD (Solidarity Against Disability Discrimination ou Solidarité contre les discriminations liées au handicap), qui représente les manifestants, exige notamment l’amélioration du droit à la mobilité, la mise en place d’un budget dédié aux personnes en situation de handicap ainsi qu’une meilleure insertion des handicapés sur le marché du travail (le taux de chômage des personnes en situation de handicap est deux fois plus élevé que le taux national).
Pourquoi les manifestants ont-ils investi les métros de Séoul ? Utiliser les transports en commun représente un véritable obstacle pour les personnes en situation de handicap et illustre leur dépendance actuelle aux autres. Aujourd’hui, de nombreuses stations de métro de Séoul restent inaccessibles aux personnes en situation de handicap, bien que 94 % d’entre elles disposent d’ascenseurs (les portes se referment trop vite, l’écart entre le métro et le quai est trop important…). Les bus ne sont pas plus accessibles et sans aide financière du gouvernement sud-coréen, le coût des taxis reste trop élevé pour la majorité des personnes en situation de handicap.
Réaction des partis politiques face à la mobilisation des personnes en situation de handicap
Cette campagne, qui a provoqué le retard de nombreux métros, n’a pas manqué de faire réagir le chef du parti Pouvoir au Peuple (le parti du nouveau président Yoon Suk Yeol), qui s’est indigné sur les réseaux sociaux de cette « prise en otage » des citoyens qui utilisent les transports en commun pour des « demandes non raisonnables ». Il aurait également demandé à la police d’agir au plus vite.
Le gouvernement a de son côté critiqué le parti de l’opposition pour son manque d’empathie envers les personnes en situation de handicap, avant de recevoir des responsables du SADD et de promettre d’établir des lois défendant les droits des personnes en situation de handicap.
Le Parti de la justice (parti progressiste) a quant à lui déclaré que ces manifestations avaient justement lieu parce qu’aucun des partis au pouvoir depuis vingt ans n’avait considéré les demandes des personnes en situation de handicap.
Suspension des manifestations dans l’espoir de nouvelles réformes
Mercredi dernier, l’équipe de transition présidentielle a rencontré des responsables du SADD, s’est excusée des propos du chef de l’opposition et a promis de considérer leurs demandes si les manifestations dans le métro étaient suspendues.
La SADD a ainsi décidé de suspendre les manifestations dans le métro jusqu’au 20 avril, en espérant que de nouvelles mesures soient mises en place d’ici-là afin de protéger les droits des personnes en situation de handicap. Mais d’autres protestations quotidiennes vont prendre le relais, comme des rasages de têtes des manifestants par exemple.
En 2016, on comptait plus de 2 683 400 personnes en situation de handicap en Corée du Sud, dont 50 % souffraient d’handicap physique. Malgré la création de centres de réhabilitation, ce chiffre augmente constamment, notamment avec le vieillissement de la population sud-coréenne.
Sources : Yonhap News Agency (1)(2)(3) | The Korea Herald (1)(2) | National Library of Medicine