Initialement condamnée à vingt-quatre ans de prison à la suite d’un scandale de corruption en 2017, l’ex-cheffe d’État Park Geun Hye a été graciée ce vendredi 24 décembre.
Scandale : entre corruption et trafic d’influence
Dimanche 12 mars 2017. La première femme élue présidente en Corée du Sud, Park Geun Hye, doit quitter définitivement la Maison Bleue.
Pour comprendre les prémices de cette chute inédite, il faut remonter quelques mois en arrière. Pendant l’été 2016, la presse coréenne se penche sur les frasques de la présidente et sa meilleure amie Choi Soon Sil et met le feu aux poudres. Ces dernières se seraient associé pour extorquer des millions de dollars à des conglomérats locaux. La présidente obtenait des appuis politiques qu’elle échangeait contre des faveurs illégales à de grandes entreprises, dont le géant Samsung. Choi, elle, usait de l’argent de l’État pour faire prospérer son business et profitait de son pouvoir en intervenant illégalement dans plusieurs affaires d’État. En décembre 2016, l’Assemblée nationale vote la destitution de Park Geun Hye (pour en savoir plus, voir cet article).
Il faudra attendre plusieurs mois avant que l’ex-présidente ne soit jugée coupable de plusieurs (16) chefs d’accusation dont abus de pouvoir, détournement de fonds et corruption. Le vendredi 10 mars 2017, la Cour constitutionnelle la condamne à l’unanimité à vingt-quatre ans de prison.
De longs mois de violentes manifestions
Lors de la destitution de Park Geun Hye, les fortes tensions qui avaient causé la mort de plusieurs manifestants lors d’affrontements avec la police sont montées d’un cran. D’un côté, les partisans de Park, soit près de 20 000 personnes, demandaient un nouvel examen de la décision de la Cour.
De l’autre côté, à Séoul, à quelques pas de la Maison Bleue environ 50 000 personnes opposées à l’ancienne dirigeante paradaient avec joie dans les rues. Selon eux, cette décision juste et tant attendue était l’accomplissement de plusieurs mois de mobilisation. En effet, depuis les premières mises en accusation en octobre 2016, des milliers de Coréens étaient descendus dans les rues afin d’exiger le départ de la présidente ou pour lui apporter leur soutien.
Une amnistie exclusive et historique
Après quatre ans et neuf mois en prison, le Gouvernement suspend toutes les sanctions à l’encontre de Park Geun Hye, aujourd’hui âgée de 69 ans. La principale intéressée s’est empressée de remercier la Justice pour cette grâce spéciale du Nouvel An – accordée à 3 094 bénéficiaires.
Celle qui a toujours réfuté les différentes accusations en a profité pour revenir dans un ouvrage, Tout le monde ne ressent pas de la nostalgie – composé de lettres écrites pendant sa détention -, sur les nombreux griefs et l’acharnement médiatique dont elle a été victime. D’après le média Yonhap, les principales raisons de ce blanchiment judiciaire seraient en faveur de l’amélioration de l’union nationale mais surtout en raison de la détérioration de l’état de santé de Mme Park.
Dans un champ politique bouillonnant à l’approche des élections présidentielles, cette réhabilitation pourrait avoir une influence historique et faire vaciller certains candidats à l’investiture.
Sources : Le Monde (1).(2) | Yonhap (1).(2).(3) | KoreaTimes
Sources images : Jeon Han (1) (2) | Teddy Cross