Ce 17 février 2024, le hibou Nabi a eu la chance d’assister à la première belge de l’œuvre de danse contemporaine YARAS (야라스), chorégraphié par Jung Hun Mok. L’événement, organisé par le Centre Culturel Coréen de Bruxelles, s’est déroulé dans une salle remplie du théâtre Le 140 à Schaerbeek.
L’artiste derrière YARAS, Jung Hun Mok
Jung Hun Mok, né en 1978, est un danseur et chorégraphe formé en Corée, à l’université de Dankook. Il est aussi le fondateur et directeur de la compagnie JUMOK Dance Theater. Il est cependant très familier à la scène de danse contemporaine belge grâce à son expérience dans la compagnie Peeping Tom, qu’il a rejointe en 2009.
YARAS n’est pas la première exploration de Jung Hun Mok dans les thèmes post-humanistes. Cette pièce est considérée dans la lignée du film de danse Uragano, qui a reçu des nominations et des récompenses de nombreux festivals, et d’ANON, également présenté à Bruxelles en 2022.
Retour sur YARAS
En une heure de spectacle, neuf danseurs et danseuses, un robot chien et un robot oiseau donnent vie à la société futuriste que sont les Yaras. Ceux-ci fonctionnent différemment et cela est montré grâce à des mouvements et des sons inhabituels.
Les thèmes de YARAS
YARAS est une performance riche dans son développement thématique plutôt que dans sa narration. L’absence d’une narrative explicite peut déconcerter un public non averti, mais cela suit la tendance des œuvres de danse contemporaine. Malgré tout, l’audience peut reconnaître la présence d’un climax, d’un début et d’une fin bien noués.
J’ai particulièrement apprécié que le début et la fin soient construits de sorte à faire comprendre qu’il s’agit d’une boucle : ce n’est plus qu’une question de temps avant que nous soyons nous-mêmes exposés derrière des poteaux de séparation.
YARAS se développe dans des concepts post-humanistes, ce qui signifie souvent que l’humanité a été modifiée par la technologie. Ce courant fait donc souvent écho à la science-fiction. D’où la nécessité de créer cette société des Yaras et de se séparer des attentes de l’humanité contemporaine. Ce spectacle présente aussi l’égalité des genres comme thème principal, néanmoins cette thématique m’a semblé moins évidente de par la nature finalement peu genrée de la danse contemporaine.
Explorations artistiques dans YARAS
Dès leur entrée sur scène, les Yaras ont une façon de se mouvoir particulière. À certains moments, ils rappellent la lenteur des fantômes ou l’agressivité des zombies qu’on peut voir dans les films. À d’autres, ils surprennent par leur douceur et légèreté, surtout avec les moments d’acrobatie. Je n’arrive juste pas à oublier les sourires terrifiants que certains ont lors du photoshoot soi-disant improvisé.
Les Yaras tels que le public a pu les découvrir sont des êtres qui ont beaucoup d’émotions et de choses à dire, mais seuls des cris et gémissements sortent. Ces sons peuvent sembler forcés, surtout quand ils sont prévus dans une chorégraphie, cependant ils m’ont paru naturels et porteurs d’émotions. Je regrette un peu d’avoir porté des bouchons d’oreilles suite à l’avertissement de 95 décibels, ceux-ci m’ont sûrement fait manquer des aspects ou des nuances auditives intéressantes.
Tout au long de la performance, les accessoires ou les jeux de lumière sont utilisés intelligemment afin de faire comprendre l’ensemble des aspects des Yaras ou créer des atmosphères très différentes. Au niveau des accessoires, il y a les robots, bien entendu, même s’ils ne sont pas sur scène tout le temps. Le chien est présent au début, quant à l’oiseau il passe à deux reprises, mais je ne suis pas certaine d’avoir saisi son rôle. Des bracelets ou des extensions de doigts en métal explicitent la nature post- ou transhumaine des Yaras. Les lumières passent d’une blancheur éblouissante, ou plus douce et mystérieuse, à des tons bleutés afin de révéler les peintures tribales sur le corps des Yaras, et enfin à des tons doux et orangés tels que le lever de soleil.
Conclusion et remerciements
Ce fut une soirée divertissante et qui demande un temps de réflexion sur les implications du contenu de l’œuvre YARAS, ou simplement un moment de pause avec les émotions partagées par les danseurs et danseuses.
Je souhaite remercier le Centre Culturel Coréen de Bruxelles pour l’invitation à cette performance particulière ainsi qu’à Jung Hun Mok et les danseurs et danseuses du JUMOK Dance Theater pour leur création et performance.
Sources : Centre Culturel Coréen Bruxelles (1) (2) | Peeping Tom | Munhwa News
Sources images : Herald Economy