Gong Ji-Young est une romancière coréenne. Elle est née en 1963 à Séoul. Considérée comme une écrivaine engagée et féministe, elle dénonce la condition des femmes dans son roman Ma très chère grande soeur et lutte pour la parité hommes femmes.
« Moi, en tant que père, je souhaiterai simplement que plus tard tu rencontres quelqu’un de bien et que tu l’épouses »
Ma très chère grande soeur, Gong Ji-Young.
Son roman Ma très chère grande sœur ou 봉순이 언니 :
Son roman Ma très chère grande soeur retrace le destin de sa sœur Bongsun : enfant abandonnée, maltraitée, recueillie dans une famille à laquelle elle n’appartiendra jamais. La romancière dépeint la condition féminine coréenne par le prisme de deux sensibilités : celle de Bongsun et la sienne. Elle met en place un jeu de miroir entre elle et sa sœur pour montrer que l’appartenance à une classe sociale basse est un facteur aggravant dans la domination masculine.
La femme des années 1960, prisonnière d’une société patriarcale ?
Gong Ji-Young montre que la femme coréenne des années 1960 doit suivre des codes moraux et sociaux. Elle met en avant les différents rôles assignés aux femmes. La romancière dénonce un conditionnement du comportement féminin.
Dans son roman, la romancière montre que les femmes se travestissent pour répondre aux attentes de la société et qu’elles agissent en fonction du rôle qu’on leur attribue. Elle prend notamment l’exemple du mariage qui est considéré comme l’une des principales obligations sociales. La société coréenne considère que la réussite sociale d’une femme passe par un bon mariage. Les femmes coréennes subissent une pression concernant leur mariage, leur rôle d’épouse puis de mère. Bongsun se conforme par exemple aux attentes de sa famille d’accueil et se marie précocement.
A travers la figure de Bongsun, Gong Ji-Young dénonce aussi une double domination subie par les femmes : une domination sociale et une domination masculine. D’une part, elle est victime de domination sociale. Bongsun a été recueillie par la famille de Gong Ji-Young mais est exploitée telle que le souligne la phrase : « ils te considèrent comme une fille adoptive, ce sont que de belles paroles, tout ça c’est un prétexte pour pas te payer de salaire » (page 63). En effet, ils lui assignent toutes les tâches ménagères. Ils lui promettent de l’envoyer à l’école mais ne tiennent pas leur promesse. Notons la différence de traitement entre Bongsun et les autres enfants de la famille. Ils ont accès à une éducation conventionnelle alors que Bongsun est illettrée. D’autre part, Bongsun est victime de domination masculine. A l’âge adulte, elle subit des violences verbales et physiques de la part de son petit ami. Gong Ji-Young montre que la société accorde une place secondaire aux femmes, souvent considérées comme inférieures.
Ma très chère grande soeur : l’engagement par l’écriture
Gong Ji-Young considère l’écriture comme une forme d’engagement. Dans son roman, elle traite de différents sujets concernant la place des femmes dans la société coréenne, notamment la question de l’avortement. D’une part, la société condamne les grossesses hors mariage. Les mères célibataires sont rejetées et exclues en Corée. C’est pourquoi la mère de l’auteure persuade Bongsun de se faire avorter. Elle cherche à protéger la réputation de la jeune fille mais aussi la sienne. D’autre part, la société dénonce les cliniques clandestines. En effet, ces avortements illégaux mettent en danger la vie des patientes.
Gong Ji-Young montre que la littérature possède un contenu et une utilité. L’écriture permet d’évoquer la pauvreté, la domination et les questions de genres. Elle considère ses œuvres comme un moyen de « prendre la parole sur la société ».
Mon avis sur le roman Ma très chère grande soeur :
J’ai découvert le roman de Ma très chère grande sœur dans la librairie parisienne Le Phénix. La quatrième de couverture a attiré mon attention. Quelle était la condition des femmes en Corée du Sud dans les années 1960 ? Quelle est l’histoire de Bongsun ?
Tout d’abord, j’ai été touchée par la narration du destin malheureux de Bongsun. A travers ce personnage, l’auteure traite de la maltraitance, de la violence physique et morale ou du pouvoir de l’argent. L’attitude de la mère de la narratrice suscite en moi tristesse, colère et indignation.
Par ailleurs, j’ai pris encore plus conscience du pouvoir de l’œuvre littéraire : elle dénonce et éclaire. Le roman de Gong Ji-Young nous montre que les femmes occupent souvent une place de subalterne. Elle appelle à une prise de conscience générale et à l’amélioration de la condition féminine. Dans son roman L’Etrangère, Eun Ja Kang évoque aussi la condition réservée aux femmes dans les années 1960-1980. Elle parle notamment des difficultés d’accès à l’éducation pour les filles.
Où peut-on se procurer le roman Ma très chère grande sœur ?
Si vous souhaitez vous plongez dans l’histoire de Bongsun, vous pouvez vous acheter le livre sur le site de la librairie Le Phénix.
Article rédigé par Hye Mi.