Le Munmyo 문묘, désigné par le gouvernement sud-coréen comme site historique n°143, est le terme utilisé pour décrire le temple de Confucius en Corée. Il est situé dans le centre de Séoul, dans le district de Jongno, sur le campus de l’université Sungkyunkwan.
Histoire
Le Munmyo prend exemple sur le confucianisme pratiqué en Chine, où Confucius et les adeptes de ses enseignements étaient honorés et vénérés. C’est sous la dynastie chinoise des Tang (618-907) que le confucianisme connaît une avancée au sein de la péninsule coréenne. Des temples dédiés à Confucius et à d’autres disciples se développent alors dans le pays, qui adopte rapidement ce mode de vie.
Construit en 1398, sous le règne du roi Taejo (1392-1398), le roi fondateur du royaume de Joseon (1392-1910), le temple est détruit par un incendie deux ans plus tard et restauré en 1407. Il est détruit à nouveau lors de l’invasion japonaise en 1592 et restauré partiellement en 1601. Sa restauration est achevée en 1869, sous le règne du roi et empereur Kojong (1863-1907).

Le Munmyo abrite un sanctuaire dédié à Confucius, connu sous le nom de Daeseongjeon, la « salle de l’accomplissement ». La porte principale menant au sanctuaire Sinsammun, littéralement « les trois portes de l’esprit », n’est ouverte que lors d’occasions spéciales telles que Seokjeon Daeje, qui a lieu généralement dans la cour qui entoure le sanctuaire. La porte centrale est uniquement réservée à l’esprit de Confucius et à son disciple, et personne d’autre ne peut entrer par cette porte. Au-delà de cette porte se trouve le chemin central qui mène à Daeseongjeon. Le Munmyo contient également deux autres salles (Dongmu et Seomu, halls est et ouest), deux dortoirs (Dongjae et Seojae, dortoirs est et ouest), une salle de conférence confucéenne appelée Myeongnyundang, une bibliothèque appelée Cheonggyeongdang et une salle de réception que l’on nomme Jinsasikdang.
Un certain nombre de confucéens notables sont représentés dans le temple, tels que Choe Chiwon, Seol Chong, An Hyang, Jeong Mong Ju, Kim Gweong Pil, Jeong Yeo Chang, Jo Gwang Jo, Yi Eon Jeok, Yi Hwang, Yi I, Seong Hon, Kim Jang Saeng, Song Si Yeol, Song Jun Gil, Pak Se Chae, Kim Inhu, Jo Hun et Kim Jip.
Un rituel particulier, le Seokjeon Daeje
Un rituel appelé Munmyo jerye ou Seokjeon Daeje, qui implique musique et danse, est organisé au sein du temple chaque année au printemps (avril) et à l’automne (septembre). Le rituel se présente sous forme d’une cérémonie qui se déroule sur une musique ancienne d’origine chinoise appelée Munmyo jeryeak, qui se rapproche de la musique locale, le aak 악 (musique traditionnelle coréenne).
Les instruments utilisés comprennent des pyeongyeong 편경 (carillons de pierre), pyeonjong 편종 (cloches en bronze), divers tambours joués avec des bâtons comme le nodo 노도, le eo 어 (grattoir en bois en forme de tigre), le chuk 축 et le bak 박 (battants en bois).

Véritable témoignage de l’évolution de la culture coréenne, le temple de Munmyo permet de perpétuer cette tradition confucianiste, d’abord importée de Chine, mais qui a rapidement su trouver sa place au sein de la péninsule. Malgré sa destruction à la suite des diverses invasions en Corée, ce sanctuaire confucéen, partie intégrante de l’identité culturelle coréenne, se dresse encore aujourd’hui au cœur de Séoul.
Bien que le confucianisme peut ne pas sembler aussi pertinent de nos jours, parfois blâmé avec désinvolture au cœur de la société moderne, ses influences positives sur la société coréenne ne peuvent cependant être négligées. À l’image de ces grands philosophes coréens représentés dans Daeseongjeon, le confucianisme a été la source de grandes réformes sociales sous la dynastie Joseon et a influencé la création du Hangeul. Quelque part entre philosophie et religion, le Munmyo représente ce confucianisme sur lequel s’est bâtie la société coréenne.
Sources : Parandeul | KoreaNet | TalkTalkKorea