De son vrai nom Yi Hwang 이황 (1501–1571), le philosophe Toegye 퇴계 est l’un des deux plus importants savants confucéens coréens de la dynastie Joseon. Figure clé du néo-confucianisme, il établit l’école Yeongnam et est à l’origine du Dosan Seowon, une académie confucéenne, que l’on retrouve à l’arrière des billets de 1 000 wons. Encore aujourd’hui, son enseignement perdure et a fondé les bases du confucianisme qui a forgé la société coréenne moderne que l’on connaît.
Biographie

Né en 1501, il est le cadet d’une fratrie de huit enfants. Considéré enfant prodige, il s’intéresse avant l’adolescence au confucianisme partagé par Confucius presque un millénaire auparavant. Il développe un intérêt particulier pour la poésie et écrit de nombreuses œuvres, dont le fameux Yadang 야당, L’étang sauvage.

Il part vivre à Séoul dès l’âge de 23 ans, où il étudie afin de devenir un membre du gouvernement. Il passe près de dix ans à l’Académie nationale de Sungkyunkwan, pour finalement obtenir une place au sein de la cour. Il occupe divers postes, comme inspecteur secret royal, où il a pour mission de contrôler et surveiller incognito les fonctionnaires d’état de la péninsule. Cependant, il perd peu à peu son intérêt pour le gouvernement en place, estimant que ce dernier ne correspond plus à ses croyances (Toegye, au cours de sa vie, aura connu quatre règnes, des rois Jungjong, Injong, Myeongjong et Seonjo). Il retourne vivre dans son village natal, Andong, où il installe sa propre école et son enseignement, le Dosan Seowon, qui encore aujourd’hui accueille de nombreux adeptes du courant de pensée du philosophe. Partagé entre ses obligations gouvernementales et son intégrité, il est à plusieurs reprises exilé de la capitale, en raison de ses principes et de son opinion vis-à-vis de la corruption qui déjà sévissait à la cour.
Il passe le reste de sa vie entre son emploi de fonctionnaire à la cour et sa vie de maître confucéen, partageant son savoir et ses techniques de méditation auprès de ses élèves.
Sa philosophie

Porté par l’humanisme, Toegye partage sa vision d’une société plus équitable, où chaque individu a son propre rôle, tout comme le confucianisme le décrit. Dans un ouvrage écrit par lui-même en 1568, le Seonghaksipdo (Les dix diagrammes de l’apprentissage) 성학십도 聖學十圖, le philosophe veut présenter au Roi Seongjo, alors en place, les dix principaux points du néo-confucianisme qu’un bon roi devrait connaître et appliquer. Pour lui, les éducations théorique et instrumentale ne témoignent pas de la valeur d’un individu, mais plutôt de sa capacité à se surpasser dans l’étude et les situations se présentant à lui. Toegye privilégie une vie proche de la nature, se servant de ses ressources comme un apprentissage de la vie. Son enseignement donne les bases d’une vie où théorie et pratique ne sont pas distinctes, mais plutôt complémentaires.
Toegye passe la majeure partie de sa vie à s’entraîner pour atteindre la perfection, en se basant sur la philosophie du kyung, qui signifie « respect », lorsqu’un individu vit une vie très philosophique avec un entraînement important du physique et du mental. Il n’étudie ni pour l’argent, ni pour la réputation. Il veut partager son intérêt pour l’humanisme, et de ce fait développer sa propre humanité envers autrui.
Une passion bien particulière
Yi Hwang, très strict envers lui-même, est toujours entouré de pruniers. Pour lui, la fleur de prunier est le modèle parfait d’un équilibre entre pureté et connaissance. Comme le veut le confucianisme, l’état idéal de perfection est de ne faire plus qu’un avec la nature. Pour Toegye, le prunier est cet état de perfection qu’il recherche tant. Il étudie dans son jardin, entouré de ces arbres si particuliers pour lui, et il est dit qu’il communique même avec eux, se rapprochant ainsi au plus près de la nature. Il écrit plus d’une centaine de poèmes, uniquement à leur sujet, se servant de l’image et des émotions que lui apportent les pruniers comme moteurs de son enseignement. Son intérêt pour la fleur de prunier l’inspire au cours de son étude des Quatre commencements et Sept émotions, Sadan Chiljung 사단칠정 四端七情. Pour lui, il s’agit de trouver l’équilibre entre rationalité et émotion, tout comme le fait déjà si bien la nature selon lui. Il pense qu’atteindre la perfection propre permet la compréhension totale de la vie et du cosmos. Consignés dans ses mémoires, ses discours ainsi que les comportements et questions de ses élèves sont les témoins d’une vie passée au perfectionnement de l’humain et son apprentissage du Sadan Chiljung 사단칠정.

Yi Hwang dédie sa vie à son apprentissage et à son enseignement pour atteindre la perfection. Il est reconnu pour sa sagesse et sa bienveillance, enseignant à ses élèves dans le but de créer une nouvelle génération non corrompue et plus proche de la nature et de ce qui l’entoure. Il inspire des siècles plus tard Dasan, un autre maître à penser coréen, et encore aujourd’hui sa philosophie entre équilibre et justesse perdure, faisant du confucianisme le fondement même de la culture coréenne moderne.
Sources : ArirangTV | Blog Naver
Article rédigé par Kim.