Page 1 : présentation détaillée du film Garoojigi
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Mon avis sur Garoojigi
Ayant d’abord vu le film avant de lire l’Histoire de Byon Gangsoé, je n’ai pas pu faire le lien que les coréens ont sans doute immédiatement fait entre ces deux œuvres. Pour autant, mon premier visionnage m’avait laissé une opinion très positive de ce film. Je vais essayer de vous expliquer les raisons.
Un soin accordé aux décors et costumes
Il y a certains films dont on ne sait pas trop s’ils sont des navets ou des chefs-d’oeuvre. On les classe généralement dans la catégorie des nanars attachants. Malheureusement, Garoojigi ne peut pas avoir ce titre car sa nature est totalement à part. En effet, ce film est suffisamment bien réalisé tant dans sa qualité d’image, de montage, de décors et de costumes pour qu’on le catégorise dans les films à petit budget. Pour autant, n’en ayant pas l’ambition, il n’est pas non plus un chef-d’oeuvre. Il ressemble davantage à une oeuvre jouant sur la comédie absurde et le burlesque populaire. Il en devient un objet cinématographique oscillant entre le vulgaire et le littéraire. Si beaucoup peuvent en être dérangé, j’ai personnellement vraiment apprécié cette drôle de facette.
Un conte aux nombreuses sources
Il faut savoir que Garoojigi est une parodie du film érotique homonyme réalisé par Go Hou Yong (고우영) en 1988. Celui-ci, reprenant le célèbre pansori, raconte la rencontre entre Byon Gangsoé et son épouse. Centré sur leurs affres amoureuses, le film n’explorait que la première partie du conte. Shin Han Sol a, quant à lui, réalisé un film qui s’offre clairement comme pastiche du précédent film et du pansori tout en réinventant le conte. Il fait, aussi, de nombreux clins d’œil à la culture populaire coréenne. Par exemple, la présence de l’ours n’est pas sans rappeler l’un des mythes fondateurs de la Corée : la naissance de Tangun.
Mis à part son scénario simpliste – qui n’est que prétexte pour que l’érotisme et l’humour grivois s’expriment – ce film possède un réel point fort : celui de nous plonger dans une drôle de fable. Nous sommes projetés, dès les premières minutes, dans un univers où se mêlent légendes chamaniques et superstitions populaires. Le chant du travail (노동요), entonné par les femmes, vient avec entrain rythmer une histoire située pendant la période de Joseon. La doctrine de l’époque, le néo-confucianisme, méprisait et poursuivait le chamanisme comme le bouddhisme jugés dangereux pour l’ordre moral. Aussi, c’est un retournement entier des valeurs que l’on trouve dans ce village montagneux où les cultes « priapiques » sont lois.
C’est donc un film à voir pour ce qu’il est. N’y cherchez ni de l’humour fin, ni de la pudeur décente. Vous n’en trouverez pas. Entre humour absurde et grivoiseries, laissez-vous porter par le chant des femmes. Et découvrez cette représentation particulière d’une Corée populaire que les Yangban et les Seonbi méprisaient tant.
Article rédigé par Casado Hélène.