Titre alternatif : She was Beautiful
Hangul : 그녀는 예뻤다
Année : 2015
Épisodes : 16
Genre : Comédie – Romance
Chaîne de diffusion : MBC
Casting : Hwang Jung Eum, Park Seo Jun, Choi Si Won, Go Jun Hee
Disponibilité : Viki
Réalisé par Jeong Dae Yun (Cunning Single Lady, The King 2 Hearts), She was Pretty raconte l’histoire d’un amour d’enfance se prolongeant dans la vie adulte et s’inscrit ainsi dans la longue lignée des comédies romantiques à la coréenne. Flirtant avec les 15% pendant toute sa diffusion, les chiffres d’audience sont cependant plus élevés sur internet avec près de 50% de visionnage. C’est un signe irréfutable de son succès et les quelques 16 000 likes sur Viki sont une preuve de sa qualité. She was Pretty est un pur bijou dont les taux d’audience ne sont malheureusement pas assez représentatifs. Zoom sur ce drama révélateur de surprises en tout genre.
Une belle histoire à l’origine de tout
Enfants, Hye Jin était la plus jolie fille de la classe alors que Seong Jun était le garçon enrobé que tout le monde embêtait. Rapidement, ils ont développé une amitié qui s’est transformée avec le temps en amour innocent. Seulement, le déménagement du garçon aux États-Unis et la faillite des parents de Hye Jin font que les deux amis se perdent de vue. Chacun va se construire alors une vie loin de l’autre, jusqu’au jour où Seong Jun retrouve la trace de son amie et lui annonce qu’il revient en Corée du Sud. Excitée à l’idée de le revoir, Hye Jin accepte avec enthousiasme sa proposition de rendez-vous.
Seulement, les gens changent avec le temps. La jolie Hye Jin fait partie du passé et cette dernière doit faire face aux conséquences de la génétique. À l’inverse, Seong Jun est devenu un beau jeune homme, bien loin de son image de petit garçon grassouillet. Alors que Hye Jin mène une existence semée d’embûches et de galères, la vie est plus douce pour Seong Jun qui connaît succès et richesse en tant que rédacteur en chef d’un célèbre magazine. Lorsqu’elle prend conscience de tous ces aspects qui la désavantagent, Hye Jin demande à sa meilleure amie Ha Ri – qui possède un physique avantageux – de se faire passer pour elle auprès de Seong Jun. Commence alors un quiproquo qui entraînera ce trio dans un tourbillon de sentiments.
Les premiers attraits
Le scénario n’a rien d’exceptionnel et pourtant c’est ce qui fait la qualité de ce drama. La simplicité de l’histoire (écrite par Jo Seong Hee à qui l’on doit le scénario d’un autre dramas sortis en 2015 comme High Schooler King of Life) souffle un vent de fraîcheur sur le monde cinématographique sud-coréen. On oublie les quiproquos énervants et répétitifs d’antan, l’accent mis sur un suspense insoutenable, les personnages secondaires détestables à souhait. Tout est fait pour que le spectateur passe un vrai moment de détente. L’histoire exploite les sentiments amoureux et l’amitié sans tomber dans la guimauve ; le scénario a de la profondeur sans ne jamais être dans l’excès et les vies des personnages sont entremêlées sans qu’il y ait de stigmatisation claire et précise d’un personnage en particulier.
D’ailleurs, qu’ils soient principaux ou secondaires, tous les personnages ont du relief. Aucun n’est conditionné à un seul trait de caractère. Par exemple, Ha Ri nous amène à ressentir différentes émotions vis-à-vis d’elle : lorsqu’elle prend la défense de sa meilleure amie, on l’adore, quand elle se fait passer pour Hye Jin et développe une relation avec Seong Jun, elle agace, quand on la voit souffrir, on ne peut s’empêcher de ressentir de la pitié pour elle. Tout cela montre que Ha Ri n’est pas définie par un seul aspect de sa personnalité et ne tient pas uniquement le rôle de la « méchante ».
Les personnages ne sont ainsi pas schématisés. Ils arrivent à nous faire éprouver à la fois de la sympathie, de la colère, de la tristesse, de la compassion… Bref toutes sortes d’émotions contradictoires. Chaque personnage offre ses qualités et ses défauts, ce qui le rend d’autant plus réaliste et c’est ce qui contribue à la légèreté du drama.
L’excellence du casting
La proximité des personnages avec la réalité est grandement due au jeu des acteurs. Absolument chaque protagoniste est incarné avec justesse. Aucun acteur n’est excessif. Ils n’en font ni trop, ni pas assez, plus spécifiquement les acteurs principaux. Dans les dramas, le carré amoureux est énormément (si ce n’est trop !) exploité. Il arrive donc fréquemment que le schéma agace et en vienne à décourager les amateurs de dramas avant la fin de leur visionnage. Dans le cas présent, nous en sommes loin.
Le carré est annoncé dès le début sans que la relation amoureuse centrale ne soit remise en question tout au long des épisodes. Il n’y a aucun doute sur les sentiments autant de l’un que de l’autre, pas de coups bas de la part des amoureux éconduits. Tout est fait pour que le téléspectateur passe un moment agréable dénué de tout stress. Le couple star joue parfaitement son rôle d’élément clé à l’appréciation du drama. L’alchimie se ressent et le binôme fonctionne très bien sans avoir besoin de quiproquos agaçants.
Hwang Jung Eum (Full House Take 2) et Park Seo Jun (A Witch Love) se retrouvent à nouveau pour jouer ensemble et, s’ils interprétaient à merveille des frère et sœur dans Kill Me, Heal Me, leur jeu n’en est d’autant plus juste que dans les rôles de Hye Jin et Seong Jun. C’est un couple qui marche très bien et les producteurs l’ont bien compris. De cette façon, ces derniers ont exploité ce lien au maximum et c’est ainsi que l’on observe un rapport de force particulier. Aucun des deux n’a conscience du pouvoir qu’il a sur l’autre et chacun pense que l’autre lui est supérieur. C’est ce qu’est le vrai amour et ce soucis du détail rend la série d’autant plus réaliste et appréciable.
La partie immergée de l’iceberg
She was Pretty s’‘est destiné à connaître un véritable succès : casting talentueux, scénario léger mais appréciable, réalisation simple mais perfectionnée… Tout nous amène au drama conventionnel. Cependant, il cache une profondeur invisible au premier abord car, derrière cette apparente légèreté, sommeille un monstre plus engagé qu’il n’y paraît.
En effet, le drama est porteur d’une autre visée. Plus que cette histoire d’amour jouée avec brio mais quelque peu classique (le premier amour qui perdure et se concrétise), c’est un vrai message qui est communiqué. Rappelons que Hye Jin n’est plus aussi belle que lorsqu’elle était enfant. Oubliés les longs cheveux lisses et la peau satinée, Hye Jin possède désormais une épaisse chevelure crépue et une peau sujette aux rougeurs. Ainsi si l’on suit une certaine logique, la laideur serait définie par ces deux derniers critères. En d’autres termes – si l’on veut pousser l’hypothèse à son paroxysme -, une fille qui n’a pas les cheveux raides et longs et une peau dépourvue d’imperfections ne peut être considérée comme jolie. Ce n’est pas un message très positif mais pas très surprenant non plus lorsque l’on prend en compte le contexte géopolitique.
La société sud-coréenne accorde beaucoup d’importance à tout ce qui a attrait à la beauté physique. Son but ? Atteindre la beauté parfaite. Dès lors, dans la perspective de rendre le drama plus réaliste, il est logique que ce type de jugement non mélioratif pour le public féminin visé apparaisse, surtout pour un drama nommé She was Pretty (à traduire mot à mot par : « Elle était jolie »). Cependant, lorsque les derniers épisodes sont diffusés, ce jugement sur la portée du message vient à changer. On peut ainsi voir que dans les toutes dernières scènes Hye Jin redevient elle-même et retrouve ses courts cheveux crépus et ses pommettes rougeâtres. De plus, on observe que pendant tout le drama, les personnes proches de Hye Jin ne la jugent pas laide. À l’inverse, ils la défendent toujours face à ceux qui osent dire le contraire devant eux. C’est un pari risqué mais basé sur une impressionnante subtilité. On peut donc dire que ce drama est assimilable à un iceberg : le sommet, ce que l’on voit à l’œil nu, se constitue de l’histoire d’amour classique avec le carré amoureux tandis que tous les autres éléments sont dissimulés comme la non-schématisation des personnages, la recherche d’une histoire d’amour la plus réelle possible et surtout la pensée trompeuse de la beauté qui en font la profondeur, ce que l’on ne voit que si l’on cherche bien.
Quelques points négatifs…
- Jalousie : cette préférence est purement personnelle mais j’aurais adoré avoir davantage de scènes de jalousie. Je trouve que ça aurait vraiment été drôle de voir Seong Jun réagir face à la complicité entre Sin Hyeok et Hye Jin.
- Anglais : pardon mais s’il y a bien une chose que je supporte de moins en moins ce sont les dialogues en anglais présents dans le drama. Peut-être est-ce dû au fait que ça crée une coupure avec le coréen qui est une langue que j’adore, peut-être est-ce dû à leur prononciation. Dans tous les cas, qu’ils gardent le coréen et ce sera très bien.
- Bande son : les musiques me semblent bien trop peu présentes, à moins que je n’y aie pas particulièrement prêté attention. Toujours est-il qu’aucune chanson ne m’a marquée comme cela avait été le cas pour « Love is the moment » du drama The Heirs.
- Beauté : pour être honnête, j’ai eu très peur au début. Sachant l’affection de la société coréenne pour les produits de beauté, etc., j’ai eu peur d’avoir affaire à une restriction de la beauté, voire à un stéréotype. Mais finalement, ça n’a pas été le cas. Du coup, ce point négatif n’en est pas vraiment un…
- Personnages : pour finir, je vous parlerai du fait que j’aurais aimé avoir davantage de détails sur les autres personnages, notamment les membres de l’équipe. Après je suis consciente que ce n’était pas forcément réalisable avec la multitude de personnages existante mais c’est vrai que j’aurais apprécié un peu plus de profondeur pour les autres.
En conclusion…
Ainsi, She was Pretty est un drama que l’on se doit de regarder. On retrouve un peu de cette étoffe dont étaient faits les grands succès des années 2000 comme You’re Beautiful, Coffee Prince ou encore Secret Garden. Du rire aux larmes, c’est in fine un drama plein de désinvolture et d’élégance à ne manquer sous aucun prétexte.