Ce 5 mai a eu lieu la Fête des enfants en Corée du Sud. Pour l’occasion, le couple présidentiel a invité des enfants à la Maison Bleue afin de célébrer la nouvelle génération. Un geste qui souligne la crise de renouvellement générationnel actuellement traversée par la Corée du Sud.
Une journée à la Maison Bleue pour la Fête des enfants
Ce 5 mai, le président sud-coréen Yoon Suk Yeol et la première dame Kim Keon Hee ont invité des enfants à la Maison Bleue, l’ancienne résidence présidentielle, à l’occasion de la Fête des enfants. Trois cents enfants, originaires d’îles éloignées, placés en famille d’accueil ou issus de familles multiculturelles, ont ainsi pu faire des activités manuelles et de la cuisine avec le couple présidentiel.
Le président a par la suite remercié les parents, les professeurs et l’ensemble des personnes travaillant dans le domaine de l’enfance pour leur amour et leur dévouement. Il a appelé à « créer un environnement stimulant où chacun de nos enfants peut bénéficier d’une éducation, d’une santé et de services de soins d’envergure internationale ».
Ces paroles sont les bienvenues dans le contexte actuel : cette année encore, la Corée du Sud enregistre le taux de fécondité le plus bas dans le monde.

Le président Yoon Suk Yeol accompagnant des enfants dans le jardin de la Maison Bleue
Pourquoi les Sud-Coréens n’ont-ils plus d’enfants ?
Depuis 2017, le nombre d’enfants de moins de sept ans a baissé de 31 % dans le pays, pour atteindre environ 345 000 en 2022. À Séoul par exemple, le taux de fécondité n’est que de 0,59, soit 1,46 point en dessous du seuil de renouvellement, c’est-à-dire le nombre moyen d’enfants par femme nécessaire pour que chaque génération en engendre une suivante de même effectif. À l’échelle nationale, ce taux est de 0,78.
Ces statistiques, inquiétantes pour l’avenir économique et social de la Corée du Sud, résultent principalement des coûts élevés de l’éducation. Selon l’institut de recherche démographique YuWa, élever un enfant coûte plus de 365 millions de won (environ 251 710 euros), soit plus de 7,7 fois le PIB par habitant en Corée du Sud. À titre de comparaison, l’éducation d’un enfant en France ne revient qu’à 2,24 fois le PIB par habitant.
Autre raison : de plus en plus de parents ne veulent pas avoir d’enfants dans un pays où le système éducatif met autant de pression sur les élèves, allant jusqu’à en pousser certains au suicide. Enfin, avoir un enfant n’est plus la priorité ni pour les nouveaux couples, qui subissent l’inflation et la difficulté de trouver des logements abordables, ni pour les Sud-Coréennes, qui se consacrent davantage à leur carrière professionnelle.
Une nouvelle perception des enfants peut-elle faire remonter le taux de fécondité ?
Si les paroles de Yoon Suk Yeol tombent à point nommé, des mesures concrètes doivent désormais être prises. Une première étape serait de changer la perception qu’ont les Sud-Coréens de la famille et des enfants.
C’est ainsi que certains partis politiques, dont le Parti démocrate, portent leur attention sur la question des « zones sans enfants », dont le nombre augmente ces dernières années dans les établissements tels que les restaurants ou les bibliothèques. Ce 5 mai, une députée du Parti du revenu de base, Yong Hye In, a fait parler d’elle en amenant son fils de vingt-trois mois à l’Assemblée nationale sud-coréenne pour demander l’abolition de ces zones.
Profitant de cette visibilité médiatique, la députée a proposé de s’inspirer des politiques menées au Japon, où les familles avec des enfants ont droit à des accès prioritaires dans les musées et les parcs. Selon elle, reconstruire la société coréenne, qui rejette les enfants et les personnes âgées, serait le meilleur moyen de faire remonter le taux de fécondité en Corée. Un avis qui n’est partagé que par 17 % des Coréens, à en croire un sondage effectué en 2021 par le cabinet d’études de marché et d’opinion Hankook Research…
Sources : The Korea Herald (1)(2)(3) | The Chosun Ilbo (1)(2)