Kim Jung Man est l’un des artistes coréens les plus connus et reconnus de son art, à savoir la photographie.
Dans l’oeil du photographe
Kim Jung Man naît au lendemain de la guerre de Corée en 1954, à Cheorwon. Adolescent, il quitte son pays natal pour les campagnes du Burkina Faso en Afrique où son père travaille comme médecin. Ce déracinement va l’amener en grandissant à s’interroger sur son identité et à éprouver des difficultés à trouver un sentiment d’appartenance.
Cette quête philosophique va dès lors le mener en Europe et plus précisément en France. Il va étudier la peinture à l’École Nationale Supérieure d’Arts de Nice de 1974 à 1977. Ce n’est que plus tard que Kim Jung Man se découvre une passion pour la photographie. A la question « Qu’est-ce que la photographie ? », l’artiste répond : « Ce n’est pas de la peinture. […] Vous ne pouvez pas manipuler des lignes sur un coup de tête et vous ne pouvez pas revendiquer la propriété de ce que vous capturez. Photographier est le processus d’enregistrement d’un monde qui est constamment en mouvement ».
En 1977, il remporte le prix du jeune photographe aux Rencontres internationales de la photographie d’Arles. Peu de temps après, il retourne en Corée afin de renouer avec ses origines. Kim Jung Man déclare : « J’ai grandi en Afrique et j’ai parcouru le monde, faisant des randonnées dans des déserts et dans des endroits dont je n’avais jamais rêvé. Mais je me suis vite rendu compte que la beauté que je cherchais n’était pas en dehors de mon pays natal mais plutôt à l’intérieur ».
Retourné sur le continent asiatique, Kim Jung Man trouve sa voie dans la photographie de mode. Au fil des années, il devient ainsi l’un des noms les plus respectés du métier. En 2000, il fait même partie des hommes les plus influents du monde culturel en Corée selon le site korea.com.
HANBOK
Kim Jung Man travaille depuis plus de dix ans sur cette série. L’inspiration lui vient lors d’une séance photo pour la maison de haute-couture Chanel : « […] Quand j’ai vu nos modèles en hanbok, c’est apparu comme un choc que nos grands-mères et nos mères peuvent elles aussi être aussi belles. Je crois que ceci est la vraie image de la Corée ». Le Hanbok est le vêtement traditionnel coréen. Sous la dynastie Lee, il indiquait la classe sociale de la personne selon la façon dont il était porté. Au travers de cette série, Kim Jung Man manie et joue avec les codes et la symbolique du hanbok tout en emportant le spectateur dans l’histoire de la Corée.
Cependant, en 2007, il laisse derrière lui sa carrière de photographe professionnel afin de se consacrer aux paysages de campagne de la Corée. Un revirement plutôt inattendu mais lui offrant de nouvelles possibilités artistiques.
EAST
Ici, Kim Jung Man met en lumière et sublime la nature coréenne faisant d’elle une sorte de réincarnation de l’Asie du XXème siècle, prenant exemple sur Li Cheng. La série se compose de 17 photographies en noir et blanc monumentales (environ 5 mètres sur 3 mètres).
Des oeuvres qui sont aujourd’hui sur le devant de la scène internationale et qui participent au rayonnement culturel de la Corée. Il n’était donc pas surprenant de voir en 2015, pendant l’année de la Corée en France, une exposition de Kim Jung Man pointer son nez au musée Cernuschi, le musée des arts de l’Asie de la Ville de Paris, afin de présenter et de faire découvrir aux Français le travail du photographe.
Sources : travel.cnn, koreatimes.co.kr, musée Cernuschi, kpcreativeagency.com