Le Muyejebo (무예 제보 武藝 諸 譜) est un recueil compilant les techniques de combat coréennes du 16e siècle. Mandaté par le roi Seonjo, l’ouvrage a pour but de former très rapidement un nombre important de troupes alors que le royaume de Joseon subit les invasions de la guerre d’Imjin (1592 et 1598). L’ouvrage sort en deux éditions : une première en 1608, enrichie par une version compilant les techniques de guerre japonaises le Muyejebo Beonyeoksokjip (무예 제보 번역 속집,武藝諸譜飜譯續集) en 1610.
Un traité militaire
Inspiré par le Jixiao Xinshu (紀效新書), un ouvrage militaire chinois rédigé entre 1560 et 1580, le Muyejebo doit assurer une meilleure formation et coordination des armées. Sa compilation débute en Février 1594, alors que le royaume de Joseon essuie plusieurs défaites face aux armées japonaises. Le manuel se découpe en six grands chapitres correspondant à des disciplines martiales spécifiques. Le Gonpo 곤보(棍譜), le Paepo 패보(牌譜), Le Sanpo 선보(筅譜), le Jangchangpo 장창보(長槍譜), le Papo파보(鈀譜), le Gampo검보(劍譜). Ces techniques sont ensuite organisées selon les principes de tactique militaire du Wonangjin(원앙진 鴛鴦陣).
Le Muyejebo décline les techniques martiales par type d’armes. Le Jangchang est dédié au maniement de la lance longue. Le Ssangsudo décline les techniques de combat pour les grandes épées à deux mains. Le Gonbang présente les techniques de bâton long tandis que le Deungpae enseigne les mouvements de bouclier en bois avec lance de jet ou épée courte. Le Nangseon décrit les combats avec une lance à pointes (épines), et enfin le Dangpa présente les techniques au trident.
Le Muyejebo fut initié par le roi Seonjo qui mourut avant de voir l’ouvrage achevé. C’est son fils, le roi Gwanghaegun, qui paracheva l’ouvrage suivant les vœux de son père. Un peu plus d’un siècle plus tard, en 1759, le manuel militaire est une fois encore amélioré devenant le Muyesinbo puis le Muyedobotongji en 1790.
Le Muyejebo, un trésor national
Jusqu’en 1998, le Muyejebo semblait avoir disparu. C’est à l’Université Keimyung à Daegu, qu’une dernière copie a pu être découverte, sauvant in extremis le plus ancien manuel d’arts martiaux coréen qui fut réédité en 1999. Deux ans plus tard, la Corée du Sud lui a reconnu le statut de trésor national à l’instar des registres royaux. Le Muyejebo est d’ailleurs assez proche dans sa forme des journaux du secrétariat royal (승정원 정원) qui furent initiés sous le roi Injo, treize ans après la publication du manuel de combat.
Aujourd’hui, c’est un ouvrage difficilement accessible mais qui connaît une renaissance à l’heure où les Coréens cherchent à se distinguer culturellement des Chinois et des Japonais jusque dans leurs arts martiaux. C’est aussi un ouvrage qui intéresse particulièrement les historiens qui étudient les arts martiaux et la médecine militaire du 17e siècle mais aussi la langue écrite d’alors.
Et pour clôturer cet article, nous vous laissons découvrir la chaîne Youtube de Oldswordplayer qui derrière son drôle de nom réalise des reconstitutions historiques des techniques décrites dans le Muyejebo tout en les expliquant en coréen et en anglais. Et ça, ça vaut le détour !
Sources : Musée National de Corée | History Net
Article rédigé par Casado Hélène.