Alors que la Corée du Sud est critiquée par la communauté internationale pour avoir obligé les étrangers à passer des tests pour la COVID-19, la sud-coréenne Yerong expose le racisme subi par les étrangers dans le pays, à travers des caricatures humoristiques. L’occasion pour nous de revenir sur cette dessinatrice engagée et la question du racisme en Corée.
Des caricatures pour dénoncer les discriminations
La dessinatrice de 29 ans réalise des caricatures en noir et blanc pour décrire la réalité de la discrimination raciale à laquelle font face les étrangers. Ces caricatures, principalement disponibles sur ses médias sociaux, sont très populaires parmi les étrangers qui s’identifient aux personnages.
Yerong a commencé à griffonner des dessins basés sur sa propre expérience, après avoir réalisé la gravité du racisme en Corée, afin de faire changer la situation. Elle a très vite reçu beaucoup de soutien et a pu publier son livre Une personne noire assise à côté de vous dans le métro en 2019.
Mais la dessinatrice, engagée de longue date en faveur du mouvement Black Lives Matter, ne se contente pas de critiquer le racisme et essaie de couvrir toutes les formes de discriminations présentes en Corée, que ce soit contre les handicapés, les minorités sexuelles ou les femmes. Elle donne également des conférences dans des établissements scolaires et des agences de k-pop, afin de sensibiliser les nouvelles générations à ce problème.
Une dessinatrice engagée contre le racisme en Corée
Yerong, de son vrai nom Ko Ye-sung, estime que si les Coréens sont très fiers de l’exportation de leur culture, ils ne sont en revanche pas habitués à accepter les cultures d’autres pays. Lors d’un entretien accordé à The Korea Time, elle a par exemple expliqué que plusieurs lycéens s’étaient grimés le visage en noir, sans connaitre la signification du terme « blackface » ou se rendre compte des conséquences de leur action.
Si la dessinatrice reçoit de nombreux commentaires positifs de la part de ses lecteurs, ses dessins provoquent la colère de certains Coréens qui la critiquent de mettre en lumière le « côté obscur » du pays. Ce à quoi Yerong répond qu’au lieu de la pointer du doigt, ces Coréens devraient réfléchir aux moyens d’éradiquer le racisme.
Un racisme exacerbé par la crise sanitaire
Le contexte actuel inquiète également la dessinatrice sud-coréenne. En effet, avec la pandémie de la COVID-19, le racisme s’est profondément aggravé, à tel point que certains restaurants, bars et cafés ont fermé leurs portes aux étrangers.
Les tests pour la COVID-19 ont été rendus obligatoires pour les travailleurs étrangers dans plusieurs régions, ce qui a fait réagir la communauté internationale : la Commission nationale coréenne des droits de l’homme a donc présenté ses recommandations pour calmer la situation. Or ces recommandations, comprenant la fin de l’obligation de se faire tester, n’a été acceptée qu’à Séoul. Les ordonnances administratives obligeant les travailleurs étrangers à se faire tester sont donc encore en vigueur aujourd’hui dans le reste du pays.
Sources : Yonhap News Agency | The Korea Time (1)(2) | Korea JoongAng Daily