Ce mois de décembre 2020 est très chargé pour l’armée sud-coréenne : ce mercredi, le ministère de la Défense sud-coréen a pris une série de mesures, concernant majoritairement le service militaire obligatoire.
Pour rappel, les deux Corées sont aujourd’hui toujours en guerre malgré les tentatives de rapprochement depuis la fin de la Guerre Froide, d’où le maintien du service militaire sud-coréen.
Réduction de la durée du service militaire sud-coréen
Il faut savoir qu’il existe deux types de services militaires en Corée du Sud : le service actif, qui consiste à rejoindre une des quatre branches de l’armée, et le service non actif, qui consiste à rendre service à la société en tant que fonctionnaire. La durée du service militaire varie ainsi selon la voie choisie. Dans le service actif, celui-ci varie entre 21 et 24 mois. Dans le service non actif, il peut durer entre 24 et 36 mois.
Ce 16 décembre, le ministre de la Défense Suh Wook annonce une prochaine réduction du service militaire obligatoire des recrues à 18 mois, d’ici décembre 2021. Cette annonce s’inscrit dans la logique des mesures prises les années précédentes par l’armée sud-coréenne : la durée du service militaire a déjà été réduite de plusieurs semaines l’année dernière.
Fin de la prise en compte de l’éducation dans le service militaire sud-coréen
Une autre mesure importante est prise ce mois-ci. Actuellement, le gouvernement doit recruter des hommes qui ont au moins le diplôme du lycée (le suneung) pour le service actif. Ceux qui ont un niveau d’éducation moins élevé rejoignent alors la réserve. Ils peuvent tout de même rejoindre le service actif s’ils se portent volontaires et remplissent les critères physiques nécessaires.
Le gouvernement va désormais arrêter de prendre en compte le niveau d’éducation pour déterminer si une recrue est habilitée à faire le service militaire actif ou pas. Cela permettra selon le ministère de mettre sur un pied d’égalité tous les soldats, sans les discriminer par rapport à leur niveau d’éducation.
L’armée sud-coréenne face à une situation inédite
Pourquoi ces deux mesures, qui peuvent sembler contradictoires, sont-elles mises en place ?
En octobre dernier, le chef de l’agence du recrutement militaire Mo Jong Hwa avait prévenu que l’armée allait être à court d’effectif à partir de 2032. Face à cette situation inévitable liée à la chute de la natalité en Corée du Sud, le ministère de la Défense a donc décidé de prendre des mesures permettant à l’armée de se renforcer malgré la réduction de ses effectifs.
D’autres mesures ont été prises dans ce sens : l’armée tente effectivement d’augmenter la proportion de femmes parmi les recrues (elles correspondent à 7,4 % des effectifs en 2020) et de diminuer le nombre des généraux (46 positions ont été supprimées cette année).
Des progrès au niveau des droits de l’Homme ?
Mais si l’armée sud-coréenne déclare vouloir plus d’égalité et agir en ce sens, des progrès restent à faire, notamment en ce qui concerne les discriminations liées à la sexualité : les relations homosexuelles constituent par exemple un délit pénal dans le code militaire et donnent lieu à une peine maximale de deux ans de prison.
Le comportement contradictoire des autorités militaires sud-coréennes s’est d’ailleurs illustré dans l’actualité. L’armée a récemment renvoyé un soldat transgenre car selon la loi militaire, la perte de l’appareil génital mâle est un handicap physique qui empêche l’individu de servir dans l’armée. Cette explication, en contradiction avec les récentes mesures du ministère visant à encourager l’enrôlement des femmes, n’a pas convaincu l’opinion publique et le 18 décembre 2020, l’association sud-coréenne NHRCK a déclaré que ce renvoi violait les droits de l’Homme.