Après plusieurs jours d’attente, les résultats des élections présidentielles américaines sont tombés le samedi 7 novembre : Joe Biden est officiellement le 46e président des États-Unis. Les États-Unis étant l’une des premières puissances mondiales, ce résultat était très attendu en Corée du Sud.
En effet, l’élection de Joe Biden devrait influer sur les comportements du gouvernement coréen et de l’industrie sud-coréenne, que ce soit dans le domaine géopolitique avec la dénucléarisation et le maintien des troupes américaines dans la péninsule, ou dans le domaine économique avec le développement d’une politique américaine écologique.
Dénucléarisation de la Corée du Nord
Les experts s’attendent à un renouvellement de la politique américaine vis-à-vis de Pyongyang car il semblerait que Joe Biden ait les mêmes objectifs que Moon Jae In : parvenir à la dénucléarisation, à la paix durable et à la réunification de la péninsule. Il serait prêt à faire des compromis avec Kim Jong Un et à écouter davantage Séoul que son prédécesseur Donald Trump.
Il y aurait malgré tout de possibles mésententes entre les deux pays quant à la manière de gérer le problème nord-coréen. Tandis que Moon est favorable à une approche « top-down » (signatures d’accords grâce à des discussions formelles lors de sommets), il semblerait que Biden soit davantage tourné vers une approche « bottom-up » (implication d’experts dans des discussions « sur le terrain »). Cette politique serait une continuation logique de la « patience stratégique » menée par Barack Obama, qui avait mené à l’instauration de nouvelles sanctions contre la Corée du Nord en 2016.
Mais il serait également possible que Joe Biden décide de continuer la politique d’engagement menée par Bill Clinton dans les années 1990, ce qui favoriserait ses relations avec Séoul. Les deux leaders devraient donc faire preuve d’une confiance mutuelle afin de surmonter ces désaccords et de mener une politique nord-coréenne commune, d’autant plus que Joe Biden souhaiterait renforcer son alliance avec la Corée.

Maintien des troupes américaines en Corée
Depuis la fin de la Guerre de Corée, les troupes américaines sont présentes dans le pays afin de prévenir d’une agression nord-coréenne. Mais le maintien de ces 28 000 soldats dans la péninsule a un certain coût, ce qui a causé des tensions entre Donald Trump et Moon Jae In.
En 2019, Washington et Séoul avaient exprimé leur désaccord concernant le partage des coûts liés au maintien des troupes américaines. Donald Trump avait alors écourté une rencontre car les propositions du gouvernement sud-coréen n’étaient pas « équitables ». La ministre sud-coréenne des Affaires étrangères parlait quant à elle d’une « augmentation drastique » et inacceptable des coûts.
La Corée du Sud avait fourni 890 millions de dollars en 2019, soit plus de 40% du coût de déploiement des troupes mais le gouvernement américain estimait qu’elle devait payer davantage. Alors que le dialogue entre les deux pays était dans une impasse, Trump aurait demandé aux négociateurs américains de diminuer le nombre de soldats américains présents en Corée du Sud.
L’élection de Joe Biden arrive donc à point nommé car ce dernier a déclaré qu’il ne chercherait pas à extorquer la Corée du Sud avec de telles « menaces imprudentes ». En effet, le départ des troupes américaines permettrait à la Chine de gagner en influence dans la région et à la Corée du Nord d’exercer plus de pression sur la péninsule, ce qui désavantagerait les États-Unis et la Corée du Sud.
Implications dans l’industrie sud-coréenne
En outre, l’élection de Biden pourrait inciter les entreprises sud-coréennes à investir dans l’écologie. Selon les experts, Joe Biden devrait dépenser environ deux billions de dollars en énergies renouvelables et en véhicules électriques, tout en menant des politiques de diminution des émissions.
Tout cela devrait booster le marché de l’énergie renouvelable en Corée du Sud, déjà encouragé par le gouvernement sud-coréen. Des groupes comme Samsung ou LG pourraient y gagner gros, grâce à leurs investissements dans les énergies éoliennes et solaires. Mais d’un autre côté, les taxes carbones instaurées par cette politique environnementale feraient pression sur les industries coréennes qui dégagent énormément de charbon, notamment dans les domaines de l’acier, du pétrole ou du ciment. La nouvelle politique de Joe Biden les inciterait donc à innover afin de limiter ces émissions de carbone.

Enfin, on peut noter que les coopérations économiques entre les États-Unis et la Corée du Sud devraient s’intensifier en cette période de crise sanitaire : Joe Biden, contrairement à son prédécesseur, reconnaît l’existence et le danger de la COVID-19. Il a insisté au cours de sa campagne électorale sur le besoin de se faire dépister et de porter des masques. En devenant président, il est fort possible qu’il engage des discussions afin d’importer des kits de tests pour la COVID-19, que la Corée produit en grand nombre.
Sources : Yonhap News Agency (1)(2)(3)(4) | The Korea Times (1)(2) | Market Watch