Que se passe-t-il au sein de la force aérienne sud-coréenne ? Le mardi 19 juillet, une femme militaire de l’armée de l’air, surnommée Kang, a été retrouvée morte dans sa base située au sud de Séoul. Les enquêteurs envisagent la piste du suicide. Ce serait le deuxième cas, en l’espace d’un an, dans la même caserne.
Victime de harcèlement dans l’armée de l’air
Le 19 juillet, aux alentours de 8 h 10, la sergente Kang, âgée de 21 ans, est retrouvée inanimée par l’un de ses collègues, dans sa résidence. Elle était sergente technique au sein de la 20e escadre de chasseurs à Seosan, à quelque 120 kilomètres au sud-ouest de Séoul.
La cause de son décès fait l’objet d’une enquête de l’armée de l’air mais le suicide est l’une des hypothèses les plus probables, selon le groupe de défense des droits de l’homme. D’après une note issue du journal présumé de la jeune sous-officier, elle aurait été victime d’intimidations de la part d’un membre de son unité.
Le centre militaire coréen des droits de l’homme a rendu public, il y a quelques jours, ce qui s’apparente à une lettre de suicide de Kang, retrouvée près de la scène. On peut y ressentir la détresse émotionnelle de la victime : « Je n’ai rien fait de mal, mais tout le blâme est porté sur moi » et « le sergent-chef passe sa colère sur un sergent technique, ce qui a l’air facile ».
Kang avait été mise en service il y a un peu plus d’un an. Elle avait emménagé dans le complexe en janvier et était en vacation depuis la mort de Lee Ye Ram en mai 2021. Mais Kang ne savait pas que la chambre qui lui avait été assignée était celle de Lee qui s’était suicidée l’année dernière après avoir été harcelée sexuellement par son supérieur.
Le groupe de défense a déclaré que ce lieu était devenu il y a quelques mois une source de stress. « Ce n’est que cette année, en avril, soit trois mois après son emménagement, que le sergent technique Kang a appris qu’il s’agissait de l’endroit où la sergent-chef Lee était morte. Depuis, elle avait exprimé sa peur et son stress à ses collègues ». Le groupe a demandé qu’une enquête soit faite pour savoir pourquoi l’unité ne l’avait pas informée et si les autorités militaires connaissaient la détresse de Kang.
Une autre affaire de suicide est en cours
La défunte sergent-chef Lee Ye Ram était âgée de 23 ans et affiliée à la 20e escadre de chasse de l’armée de l’air. Deux mois plus tôt, elle avait affirmé avoir été abusée sexuellement par l’un de ses supérieurs du même grade. D’après sa famille, ses autres collègues l’ont contrainte à se taire et à ne pas signaler l’affaire aux autorités. L’affaire avait fait grand bruit et avait suscité l’indignation de l’opinion publique.
La famille de la sergente avait aussi pointé du doigt la mauvaise qualité de l’enquête effectuée par le chef de la police militaire de l’unité après le premier signalement.
De suite, l’Assemblée nationale a adopté à l’unanimité en avril un projet de loi exigeant la mise en place d’un conseil spécial indépendant pour enquêter sur l’affaire et déterminer qui sont les responsables au sein du ministère de la Défense et de l’armée de l’air pour avoir étouffé la plainte. Une enquête a été lancée et, conformément au projet de loi, elle s’étale sur 70 jours.
Le 14 juin, la Cour d’appel a condamné à neuf ans de prison le sergent-chef, prénommé Jang, pour agression sexuelle sur Lee Ye Ram. Mais le tribunal avait aussi souligné lors de son verdict que Jang n’était pas le seul responsable de sa mort sachant que l’armée ne l’avait pas protégé ou soutenu. Au total, 15 personnes ont été inculpées et seront jugées par le tribunal militaire pour différentes raisons, entre autres : infliction de dommages ou encore tentative de dissimulation de l’affaire. L’équipe d’enquêteurs composée de 80 personnes a jusqu’au 13 août pour apporter ses conclusions.
Source image : Robert Sullivan