Mercredi 14 septembre, un meurtre a été commis dans les toilettes pour femmes de la station métro Sindang à Séoul. La victime, harcelée depuis plusieurs années, avait déjà porté plainte à plusieurs reprises.
Un meurtre calculé, de sang-froid
Il était aux alentours de 20 h, mercredi 14 septembre, lorsque l’incident s’est produit sur la ligne 2 du métro de Séoul dans l’arrondissement de Jung-gu. Généralement, la station Sindang, où s’est déroulée la scène, est très animée à cette heure-là. Le meurtrier a peut-être choisi cette tranche horaire pour cette raison.
La victime et le suspect, Jeon Joo Hwan, étaient des employés du métro et se connaissaient depuis leur entrée dans l’entreprise en 2018. Le jeune homme était déjà connu des services de police et faisait l’objet de plusieurs plaintes de harcèlement de la part de la victime. À deux reprises, en février et en juillet, Jeon Joo Hwan est mis en examen. Après avoir filmé illégalement la victime, probablement sur son lieu de travail, il est relevé de ses fonctions au sein du métro.
Pendant près de 70 minutes, l’assaillant, âgé de 31 ans, aurait rôdé dans la gare avant d’identifier la victime, de la suivre dans les toilettes pour femmes pendant son service et de lui ôter la vie. Son identité a été révélée au public par les autorités le 19 septembre. Ce procédé est fréquent en Corée du Sud lorsqu’un crime grave et « horrible » est commis.
D’après le rapport de police, la jeune femme, âgée d’une vingtaine d’années, était sous protection judiciaire depuis octobre dernier, après que Jeon Joo Hwan l’a filmée à son insu et harcelée. Selon l’avocat de la victime, au total près de 350 appels et messages ont été envoyés par son bourreau depuis novembre 2019 jusqu’à ce qu’elle décide de porter plainte contre lui. Suite à cela, elle aurait demandé à ce qu’un mandat d’arrêt soit ordonné contre ce dernier. La police l’aurait arrêté puis relâché. En janvier, la victime fait de nouveau inculper son ancien collègue après qu’il a violé la loi sur la répression de harcèlement. Le procureur chargé de l’affaire demande alors une peine de neuf ans de prison contre Jeon Joo Hwan, mais aucune suite n’est prévue avant le 15 septembre.
La veille de la décision du tribunal de première instance sur une éventuelle condamnation, Jeon Joo Hwan aurait donc assassiné son ancienne collègue. Selon la déposition qu’il a faite à la police une heure après le meurtre, il avait planifié le crime depuis longtemps et se serait procuré l’arme à l’avance.
La victime a été poignardée à plusieurs reprises. Encore consciente après cette terrible agression, elle aurait appelé à l’aide grâce un système de sonnette d’urgence située dans les sanitaires. Elle est transportée à l’hôpital en état d’arrêt cardiaque, son décès est prononcé deux heures et demie plus tard. Jeon Joo Hwan, quant à lui, est appréhendé près du lieu du crime par d’autres employés et usagers du métro, puis amené à la police un peu plus d’une heure après les faits.
Harcèlements et crimes dans le métro de Séoul en hausse
Depuis 2020, l’agence de police du métro de Séoul enregistre une augmentation des crimes dans le réseau de métro de la capitale. Entre délits sexuels, vols, ventes de produits illégaux et agressions violentes, près de 2 200 crimes sont recensés chaque année. Les délits à caractère sexuel ont particulièrement augmenté ces dernières années. La police a déclaré qu’entre 2020 et avril 2022, 1 778 cas ont été enregistrés sur la ligne 2 du métro de Séoul ; c’est la ligne où il y a le plus de cas signalés. En comparaison, les autres lignes de métro tournent autour des 700.
L’affaire du métro a fait un grand bruit dans les médias et sur les réseaux sociaux. Certains médias ont révélé que les mandats d’arrêts qui avaient été demandés successivement par la victime et le procureur avaient été rejetés par la Cour de justice. Sur internet, de nombreuses femmes ont pointé du doigt la misogynie du système judiciaire coréen.
Le lendemain du meurtre, le terme « misogynie » était d’ailleurs dans les tendances coréennes. L’après-midi, le groupe activiste et féministe Team Haeil a publié un communiqué dans lequel il qualifiait ce crime comme un « crime misogyne » et demandait que l’auteur du meurtre soit jugé sévèrement. Le fait que l’agression mortelle se soit déroulée dans le métro, et plus précisément dans les toilettes pour femmes, a été un véritable électrochoc pour l’opinion publique. Un endroit qui est utilisé couramment et accessible peut désormais s’avérer dangereux.
Depuis le crime, un mémorial a été réalisé par les collègues de la défunte et de nombreuses femmes viennent y déposer des fleurs en solidarité.
Sources : Yonhap (1).(2) | KoreaHerald | Korea JoongAng Daily | HankYoreh | KoreaTimes
Source image : Alexander Kaunas