Ce 1er mars 2023 était célébré le 104e anniversaire du mouvement pour l’indépendance de la Corée, colonisée par le Japon entre 1910 et 1945. Dans un communiqué, le président sud-coréen Yoon Suk Yeol a invité la Corée à coopérer avec le Japon pour protéger les valeurs que partagent les deux pays. Un discours qui n’est pas passé inaperçu…
Une Corée du Sud à la hauteur des défis globaux actuels
Dans son discours, le président Yoon Suk Yeol rend hommage aux Coréens qui se sont battus pour la liberté et l’indépendance de leur pays, en se référant notamment à la Déclaration d’indépendance de la Corée de 1919.
Yoon Suk Yeol estime que la Corée du Sud doit se pencher sur cette époque de souffrance qui, selon lui, a vu le jour parce que les autorités sud-coréennes n’avaient pas réussi à se préparer à un monde alors en pleine mutation.
En 2023, la Corée du Sud doit résoudre de multiples crises telles que la menace nucléaire nord-coréenne, la destruction de l’environnement et la polarisation de la société. Pour ne pas répéter les erreurs du passé et surmonter ces crises, la Corée doit alors faire preuve de sagesse en se montrant solidaire avec les autres pays qui partagent ses valeurs.
Un renouvellement des relations avec le Japon
Selon le président Yoon Suk Yeol, le Japon, qui a colonisé la péninsule coréenne entre 1910 et 1945, est aujourd’hui un important partenaire qui partage les mêmes valeurs universelles que la Corée du Sud. En effet, les deux pays font face aux mêmes défis internationaux économiques et sécuritaires, notamment à travers le traité trilatéral de coopération entre la Corée du Sud, le Japon et les États-Unis.
Depuis son arrivée au pouvoir, Yoon Suk Yeol ne cesse de rappeler la nécessité de renouveler les relations entre la Corée du Sud et le Japon. Malgré l’échec de la réunion informelle avec le Premier ministre japonais Kishida Fumio lors du dernier sommet de l’ONU à New York, les conditions sont réunies pour une restauration des relations entre les deux pays après l’intensification de la menace nucléaire nord-coréenne et le survol du Japon par un missile.

Un discours déplacé pour les célébrations du 1er mars ?
Si les États-Unis soutiennent le discours du président sud-coréen et la stabilité des relations entre ses deux alliés présents dans la région, ce communiqué est loin de faire l’unanimité.
Le 1er mars est une date importante dans le calendrier sud-coréen et marque l’indépendance de la Corée vis-à-vis du Japon. Or Yoon Suk Yeol ne mentionne pas la responsabilité japonaise dans l’invasion de la Corée. En outre, ses propos rejetteraient la faute de cette invasion sur le gouvernement coréen de l’époque, légitimant ainsi la théorie de la modernisation coloniale, selon laquelle la colonisation japonaise aurait été bénéfique à la Corée.
Ce discours contraste fortement avec celui du précédent président, le démocrate Moon Jae In, qui déclarait en 2022 que le Japon devait assumer ses responsabilités. Plus étonnamment, même la présidente conservatrice Park Geun Hye mentionnait les fautes commises par le Japon.
S’il est vrai que la Corée du Sud a tout intérêt à entretenir de bonnes relations avec l’archipel japonais, nombreux considèrent que le 1er mars n’était pas le bon jour pour aborder le sujet et critiquent la maladresse du président sud-coréen.
Sources : Yonhap News Agency (1)(2) | The Diplomat | The Korea Times
Source image : The Japan Times