Arrivée en Corée de la Chine, la calligraphie 서예 Seoye devient un moteur de la société coréenne. Dès son apparition, au IIe siècle de notre ère, la calligraphie chinoise se mêle aux coutumes de la péninsule et devient progressivement la calligraphie coréenne d’aujourd’hui. D’abord moyen de communication, elle devient un art à part entière.
Un peu d’Histoire
Importée par la Chine au IIe siècle, ce n’est qu’à partir du VIIe siècle que la calligraphie évolue au rang d’art et prend une place importante dans l’éducation. Cet art de l’écriture manuscrite impose son style, par la beauté des lignes et des formes des personnages et l’énergie contenue dans les coups de pinceau et les nuances subtiles d’encre. Témoin d’une histoire millénaire, la calligraphie est un processus d’écriture qui reflète la pensée d’un individu, ce qui en fait un art unique et personnel. Considéré comme un art spirituel, l’écrivain peut, sous forme de lettres, exprimer ses sentiments et ses émotions, au même rang que la peinture et le dessin, par ses lignes et ses points qui se rejoignent, mais aussi que la musique, par le rythme qu’elle impose.
Dès le XVe siècle, à l’invention du hangeul par le roi Sejong, la calligraphie s’adapte au nouveau mode d’écriture, qui jusque-là se faisait en hanja, les caractères chinois, et évolue progressivement à travers le hangeul, créant ainsi la calligraphie purement coréenne que l’on connaît aujourd’hui.
La pratique du Seoye 서예
La maîtrise d’une technique de calligraphie demande un entraînement long et constant. Si cette pratique paraît simple au premier abord, elle demande de la rigueur et une maîtrise de soi importante. La calligraphie requiert un savoir-faire, allant de la manière de tenir le pinceau au mouvement du corps lors de l’écriture. Le pinceau doit toujours être tenu à la perpendiculaire du papier, et le poignet n’effectue aucun mouvement, c’est le bras et l’épaule qui font le travail. Chaque espace est équilibré et les traits sont peints dans une grande simplicité. À travers l’encre et le pinceau, on apprécie l’harmonie du vide et du plein. Pour la bonne maîtrise du 서예, il est fondamental de connaître la façon de tenir le pinceau, les traits incitatifs, la force de coup de pinceau ainsi que le chemin de chaque trait.
Le matériel utilisé a lui aussi son importance. Surnommé les quatre amis de l’écriture (문방사우), on retrouve le bâton d’encre 먹 meok, la pierre plate 벼루 byeolu, le papier coréen 한지 hanji et le pinceau 붓 but.
« La calligraphie puise son énergie dans la nature ;
La main tenant le pinceau puise son énergie dans l’esprit. »
Différents styles calligraphiques
Depuis son apparition jusqu’à aujourd’hui, la calligraphie coréenne n’a cessé d’évoluer au cours des siècles, suivant les mouvements artistiques et l’influence des artistes de diverses époques. Ces différents styles, appelés 서체 (seochae), ont chacun leur utilité selon la fonction du texte et de la situation. Certains calligraphes ont par la suite eux-mêmes développé leur propre style, comme le fameux Kim Jeong Hui (김정희), de son nom de plume Chusa (추사), qui est le plus célèbre, notamment en Chine.
Chaque style est le reflet de son temps, et chacun d’eux témoigne de l’évolution de la société coréenne.
• 전서 jeonseo,
le style le plus ancien
• 예서 yeseo,
version angulaire et simplifiée de 전서 (jeonseo)
• 해서 haeseo,
le style formel
• 행서 haegseo,
la combinaison du 해서 (haeseo) et du 초서 (choseo)
• 한글서체 hangeul seochae,
le style de calligraphie de 한글 (hangeul)
•초서 choseo,
le style cursif pour écrire plus rapidement et plus simplement d’après 예서 (yeseo)
•추사체 chusachae,
le style de 추사 (Chusa), nom de plume de l’artiste Kim Jeong Hui
La calligraphie, tout un art
Devenue un art à part entière, la calligraphie coréenne continue d’évoluer, portée par de nombreux artistes, d’hier et d’aujourd’hui. Le musée de la calligraphie situé à Jeonju, à l’est de la péninsule, abrite de nombreuses œuvres calligraphiques, des premiers écrits à ceux du fameux Kim Jeong Hui, témoins de ce savoir-faire unique.
Au même titre que tous les arts pratiqués par les lettrés, la calligraphie occupait autrefois une part importante dans l’éducation et les loisirs des plus nobles. À l’instar de la calligraphie chinoise, la calligraphie coréenne offre des espaces plus légers, plus aérés et pleins de charme. Considérée comme une forme de philosophie, son harmonie exprime une certaine intériorité où se déploient le souffle, le rythme et le geste qui, parties du corps, font vibrer le cœur.
Sources : Korea.net | Croquis de Corée | ArirangTV
Article rédigé par Kim.