Les grandes villes sud-coréennes cherchent à réformer la politique de mobilité actuelle. Celle-ci, qui prend en charge les déplacements des seniors, provoque aujourd’hui l’endettement des villes à cause du vieillissement de la population.
La politique de mobilité sud-coréenne dans les métros
Depuis 1984, les seniors sud-coréens de plus de 65 ans bénéficient d’une politique de mobilité qui prend intégralement en charge leurs déplacements dans certains métros et trains.
Aujourd’hui, cette gratuité concerne 9 millions de seniors (sur 51,6 millions de Sud-Coréens) à Séoul, Busan, Daegu, Incheon, Gwangju, Daejeon et leurs banlieues.
Mais avec la forte augmentation du nombre de bénéficiaires due au vieillissement de la population sud-coréenne, cette politique de mobilité n’est plus rentable pour les municipalités : si les plus de 65 ans ne représentaient que 4 % de la population sud-coréenne en 1984, ils correspondent aujourd’hui à 17,5 % des Sud-Coréens. Ce nombre devrait atteindre les 30 % en 2035 et 46,4 % en 2070, selon Statistics Korea.
Reculer l’âge d’accès à la gratuité pour régler les dettes des métros ?
Cette politique représente un manque à gagner non négligeable. Rien qu’à Séoul, les 257,4 millions de personnes (dont 80 % sont des seniors) qui bénéficiaient en 2021 de la gratuité des transports représentaient une perte de 272,6 millions d’euros.
Mais, pour l’instant, le gouvernement ne répond pas à la demande des municipalités de réformer cette politique obsolète (en 1984, les lignes de métro étaient moins nombreuses, donc moins chères à entretenir). Malgré sa promesse de redresser l’économie fiscale, Yoon Suk Yeol se montre aujourd’hui hésitant, car il ne souhaite pas perdre le soutien des seniors, son principal électorat, à moins d’un an des élections parlementaires.
Les municipalités envisagent donc de réformer leur système de transports publics, indépendamment des lois nationales, en reculant l’âge minimal pour accéder à la gratuité des transports à 70 ans.
Qu’en pensent les premiers concernés, les seniors ?
Plusieurs sondages ont été menés sur le sujet. À Séoul par exemple, les seniors estiment que l’âge minimal pour bénéficier de la gratuité des transports devrait être repoussé à 72,6 ans, soit 7,6 ans de plus que l’âge actuel. Selon l’institut Gallup, 60 % des Sud-Coréens soutiennent le recul de cet âge à 70 ans.
Si l’endettement des métros est dû à l’augmentation du nombre de passagers et des coûts de maintenance, selon le dirigeant de l’Association des Citoyens Âgés de Corée, les seniors interrogés par les médias semblent favorables à des réformes.
Par exemple, une sexagénaire se dit gênée de bénéficier de la gratuité alors qu’elle est en mesure de payer les 5 000 wons que coûtent ses trajets quotidiens (environ 3,60 euros). D’autres considèrent que cette gratuité ne devrait s’appliquer qu’aux seniors en difficulté financière et qui en dépendent.
Des réformes à adapter aux situations économiques des seniors
Le recul de l’âge minimal pour accéder à la gratuité des métros pourrait avoir des conséquences négatives. En plus d’être perçue comme rude dans une société où la piété filiale occupe une grande place, cette réforme augmentera les inégalités financières (la Corée du Sud est le pays de l’OCDE avec le plus haut taux de pauvreté des seniors).
Il faudrait donc, selon The Korea Times notamment, mettre en place des mesures adaptées aux situations particulières (âge, revenu, lieu de résidence…), car des mesures générales ne feraient que déplacer les problèmes actuels.
Sources : Yonhap News Agency | Reuters | The Korea Times | The Korea Herald | Statistics Korea
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