C’est une actualité qui est restée discrète dans les remous géopolitiques qui agitent l’Asie de l’Est. Il y a un an, le 27 novembre 2018, la Corée du Sud et la Corée du Nord déposent une candidature commune pour la lutte coréenne. Le ssireum rejoint ainsi la liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.
Une candidature commune
Si les Corée sont toujours officiellement en guerre, il est un terrain où elles se rapprochent régulièrement : le sport. Déjà, lors des Jeux olympiques d’hiver de Pyeongchang de 2018, les deux états se sont retrouvés pour présenter des équipes mixtes. Sur le plan culturel, les deux pays ont toujours été actifs auprès de l’UNESCO, présentant leurs candidatures de manière séparée. C’est le cas pour le kimchi, les musiques traditionnelles ou les arts martiaux.
Profitant des rapprochements portés par l’année 2018, l’UNESCO rencontre les instances politiques des deux états pour proposer une candidature commune du ssireum. Orthographiée différemment dans les deux romanisations choisies par les pays (ssirum au Nord et ssireum au Sud), la pratique sportive est d’abord déposée par la République Populaire de Corée suivie par sa voisine du Sud. C’est pourquoi la transcription nord-coréenne précéderait la sud-coréenne dans les documents officiels.
Mais le ssireum c’est quoi ?
Le ssireum (씨름) est un art martial coréen ancestral difficile à dater. On en trouve des traces dans les fresques antiques. Mais c’est surtout les archives de la dynastie chinoise des Han (25-220) qui attestent de son existence. C’est un jeu physique pratiqué couramment en Corée du Nord et du Sud. Au cœur d’une arène circulaire recouverte de sable, deux adversaires tentent de se pousser au sol à l’aide d’un satpa (샅바), une longue ceinture en tissu enroulée autour de la taille et de la cuisse de chaque participant. Ceux-ci vont attraper la sangle et user de diverses techniques pour faire chuter leur adversaire.
Pratiqués lors de fêtes populaires liées à la vie rurale, le vainqueur des tournois recevait un bœuf et le titre de Jangsa (장사|壯士). Aujourd’hui, le ssireum est surtout pratiqué lors d’événements folkloriques et lors de compétitions sportives.
Le ssireum à l’UNESCO, un événement important
Le fait que les deux Corée aient accepté de fusionner leurs candidatures respectives est sans précédent. Cela n’aurait pas été possible sans une grande confiance de l’ensemble des autorités coréennes envers l’UNESCO. Cette inscription conjointe constitue un pas hautement symbolique sur le chemin de la réconciliation intercoréenne. Il nous rappelle le pouvoir extraordinaire du patrimoine culturel comme vecteur de paix et trait d’union entre les peuples. C’est la victoire du temps long et des liens profonds des deux côtés de la frontière intercoréenne.
Extrait du discours d’Audrey Azoulay, directrice générale de l’UNSECO – Novembre 2018 – News UNESCO
Alors que les États-Unis se retirent des financements de l’UNESCO en 2017, l’organisation internationale affirme son engagement de valoriser les cultures singulières et la diffusion de la paix par des actions concrètes. Le financement de la reconstruction de l’antique ville irakienne de Mosul ravagée par les guerres au Moyen-Orient est l’une des autres grandes victoires de l’UNESCO, à l’instar des rapprochements des deux Corée, des projets d’égalité des genres au Guatemala, au Zimbabwe, en Mongolie et de la lutte pour la préservation de l’océan.
Sources : Korea.net | UNESCO | UNESCO | News UNESCO | UNESCO results 2018-2019 | Le Monde