Comme de nombreux pays asiatiques, la Corée a développé au cours des siècles un art de la guerre aux registres nombreux. Initialement conçus pour les armées, les arts martiaux coréens se composaient de nombreuses disciplines telles que l’archerie, la cavalerie, le maniement des armes ou la lutte à mains nues. Les arts martiaux étaient spécifiques à chaque caste de la société bien que certains aient été pratiqués, tel que le taekkyon, aussi bien par les cheonmin (천민) que par la famille royale.
Voici quelques-uns des arts martiaux qui perdurent au pays du Matin frais.
Page 1 : La genèse des arts martiaux coréens
Page 2 : les arts martiaux coréens modernes
La genèse des arts martiaux coréens
Le subak
Le subak (수박|手搏) est un art martial ancestral qui est décrit pour la première fois dans les registres de la dynastie Qin (221-201 av. JC). En Corée, il fait son apparition dans le royaume de Koguryo puis est intégré à l’enseignement militaire des Hwarang et devient une discipline du Hwarangdo au même titre que le gungsa (tir à l’arc), le tuho (les projections), le chilgeuk (coups de pied), le kak choo (autre type de projections), le gisa (tir à l’arc pratiqué à cheval), le taekyon (autre type de coups de pied), le suryeop (chasse et pêche), le cho chum (natation), le geomsulbeop (sabre coréen), le massang ssang gum (combat à épée double), le ssireum (lutte).
Le subak est une technique de coups frappés utilisant la paume des mains ou les poings. Deux modi operandi de la discipline cohabitent au travers des siècles. La première privilégie la victoire par la chute. Le but est dès lors de faire tomber l’adversaire. La deuxième consiste à vaincre rapidement grâce à des coups violents. Le subak est pratiqué jusqu’à l’ère Joseon où il survit au travers de jeux et de danses. Puis il est interdit pendant l’occupation japonaise comme de nombreuses pratiques traditionnelles. Le subak a alors survécu en partie grâce aux danses du même nom pratiquées en Manchourie durant l’entre-deux-guerres.
Le hwarangdo
Le hwarangdo est un art formé au VIe siècle, sous le royaume du Silla, et fondé sur l’étude des arts martiaux et du bouddhisme. La royauté d’alors rassemble les jeunes nobles sous la voie des « chevaliers de la fleur » afin de bâtir un idéal de la beauté, de l’harmonie et de l’épanouissement. C’est aussi une mesure qui permet une unification sous le pouvoir royal des différentes factions de la noblesse. Le code d’honneur du hwarangdo originel reposait sur les 5 principes du moine Wong Kwang Beopsa, à savoir la loyauté, la piété filiale, le courage, la justice et la droiture.
Aujourd’hui, le hwarangdo connaît une renaissance avec Lee Joo Bang qui dans les années 70 la répand aux États-Unis. Faisant évoluer la discipline, il intègre de nouveaux principes au code originel : l’humanité, la justice, la courtoisie, la sagesse, la confiance, la bonté, la vertu, la loyauté et le courage.
Le hwarangdo se subdivise en sous-disciplines telles que le nae gong (force interne), le wae gong (force externe), le moo gi gong (travail des armes) ou le shin gong (puissance du mental). Il inclut également l’acupuncture, la digipuncture et la recherche de facultés supranormales.
Le taekkyon
Le taekkyon (택견) est un art martial coréen très populaire sous la dynastie Joseon. Jusqu’au XIXe siècle toutes les castes le pratiquent sous sa forme martiale ou comme jeu folklorique. Le taekkyon aujourd’hui séparé en deux fédérations a la particularité d’intégrer fortement la notion de rythme ce qui en fait un des rares arts martiaux mondiaux à être pratiqués en musique.
Reposant sur une logique de rebonds nungchang (능청) et de tensions gumshil (굼실), le taekkyon a des airs de danse folklorique. Issu des arts militaires, le taekkyon a évolué au cours des siècles sous une forme de compétition fraternelle où les blessures mortelles sont prohibées. Ainsi pour gagner une compétition, il s’agit soit de faire rompre l’équilibre de son adversaire en le faisant tomber, soit de le toucher au visage par une attaque du pied.
Ayant bien failli disparaître durant la colonisation japonaise et la guerre de Corée, le taekkyon doit sa survie au maître Song Dok Ki (송덕기|宋德基) qui le fait renaître dans les années 60 et 70 en formant de nombreux jeunes maîtres.
Le ssireum
Le ssireum est l’art de la lutte coréenne. Il évolue tout au long de l’Histoire et bien que la pratique soit décrite dans les archives diplomatiques de la dynastie des Han (25 à 220) en Chine, son origine pourrait être plus ancienne. On sait peu de choses de l’évolution des règles de cette discipline martiale. Elle est très populaire et pratiquée par la plupart des classes sociales jusqu’à ce que la doctrine néoconfucianiste accentue les ségrégations de classes. Les pratiques physiques sont alors méprisées au profit des activités intellectuelles si bien que le ssireum devient petit à petit un sport exclusivement réservé aux castes inférieures.
À la fin de la dynastie Joseon, le ssireum est donc davantage un sport populaire. Avec la colonisation japonaise, le ssireum connaît une vague de modernisation. Paradoxalement, il n’est pas interdit par les autorités coloniales mais plutôt valorisé avec l’introduction de ligues semi-professionnelles au sein de la NSF en 1936. Après la guerre, le ssireum est farouchement défendu par les gouvernements successifs qui en font un objet d’identité culturelle. Depuis la discipline continue de se développer bien que souvent associée à des pratiques folkloriques.