Avant de quitter la Belgique, j’ai eu l’occasion d’emprunter un roman qui m’intriguait depuis un certain temps, au Centre Culturel Coréen de Bruxelles. Combinant histoire, enquête et féminisme, Par une nuit claire de Kim Yi Sak ne m’a pas déçue !
L’autrice, Kim Yi Sak
Kim Yi Sak est une romancière sud-coréenne spécialisée dans l’histoire de la Corée, le féminisme et le fantastique. En plus d’écrire des romans, Kim Yi Sak a remporté le concours Golden Branch Urban Fantasy et a participé à la rédaction de plusieurs anthologies. Elle est également membre du Greenbooks, un groupe d’auteurs coréens spécialisés dans la science-fiction, la fantasy et la dystopie.
À l’occasion de la sortie en France de Par une nuit claire, Kim Yi Sak a répondu à des questions de lecteurs dans un entretien réalisé par l’Institut de traduction littéraire de Corée, disponible sur YouTube.
Résumé de Par une nuit claire
Par une nuit claire suit A Ran, une sage-femme et légiste qui est la fille naturelle d’un dignitaire du préfet de Séoul. Alors qu’elle exhume secrètement un cadavre en pleine nuit pour effectuer une autopsie, elle tombe sur Yoon O, un jeune fonctionnaire qui mène une vie discrète en raison de ses origines. Plus tard, A Ran fait également la connaissance de Han Seok, un jeune noble turbulent. À eux trois, ils s’uniront pour enquêter sur une mystérieuse série de meurtres, en dépit des obstacles que les dignitaires dresseront sur leur chemin.
Mon avis sur Par une nuit claire
Place au girl power dans la Corée de Joseon
La première chose qui m’a marquée est la caractérisation de l’héroïne. Dès le premier chapitre, l’autrice présente A Ran comme une femme forte, intelligente et indépendante, qui assume des fonctions importantes et ne se laisse pas faire : le fait qu’elle sache écrire rend jaloux ses collègues, tandis qu’elle surprend Yoon O par sa force.
Kim Yi Sak critique le statut de la femme sous Joseon par l’intermédiaire de la demi-sœur d’A Ran, qui est considérée comme une fille difficile à marier… parce qu’elle lit ! L’autrice s’en donne aussi à cœur joie, lorsqu’elle conclut l’arc narratif de Han Seok, qui veut épouser A Ran sans lui demander son avis. Elle n’hésite pas non plus à aborder de manière naturelle des sujets « tabous » comme les règles.
Tout cela se fait par petites touches, et souvent avec humour, ce qui rend les propos de l’autrice très agréables à lire. Le sarcasme dont peut faire preuve A Ran est réellement satisfaisant et participe à la dynamique entre elle et Yoon O. Celui-ci est d’ailleurs au cœur de nombreuses situations cocasses…
Tout cela m’a aidée à m’attacher au duo principal, me donnant envie de suivre l’enquête et le développement de leur relation.
Un cadre historique travaillé
En tant que passionnée d’Histoire coréenne, j’ai apprécié la manière dont Kim Yi Sak décrivait la société de Joseon dans son roman, me permettant de comprendre comment interagissaient les classes sociales et comment travaillaient les légistes. Même si j’avoue que par moments, le lexique médical était un peu trop poussé pour moi… Au moins, on ne peut pas dire que l’autrice n’a pas fait de recherches ! J’ai également été surprise par la mention de plusieurs coutumes politiques dont je n’étais pas au courant et que je ne pensais pas voir abordées dans ce genre d’ouvrage, comme l’anecdote sur le sort des concubines des empereurs décédés.
Je remercie au passage le travail de la maison d’édition Matin Calme, qui a inclus une note sur le contexte historique, que je conseille de lire avant le récit.
Et l’enquête, alors ?
Étonnamment, la résolution de l’enquête policière est peut-être le point de Par une nuit claire qui m’a le moins convaincue. Sans vous gâcher la fin, je peux préciser qu’il y a en quelque sorte deux enquêtes dans le roman. La première, dont le coupable est découvert vers la moitié du roman, est très intéressante : on suit A Ran en train d’étudier les corps et de faire des déductions, puis A Ran et Yoon O en train d’interroger des témoins…
Par contre, la deuxième enquête, qui découle de la résolution de la première, ne m’a pas convaincue. J’ai été gênée par sa nature fantastique, qui aurait pu être bien intégrée et ne pas me déranger. Mais, en l’occurrence, j’ai eu l’impression que l’autrice avait inséré les éléments justifiant cette résolution de manière forcée en plein milieu du roman, comme un cheveu sur la soupe. Si cela vient peut-être du fait que je m’attendais à lire un roman « totalement » historique, je pense néanmoins que cela aurait pu être mieux inséré dans le reste du récit.
Conclusion
Si l’inclusion d’éléments fantasy dans une enquête historique vous plaît, alors je ne peux que vous conseiller de suivre le parcours d’A Ran en lisant Par une nuit claire. Le roman, facile à lire, bénéficie d’une édition française très jolie. Enfin, comme annoncé en quatrième de couverture, il en rappellera à certains les K-dramas, grâce à son humour, son triangle amoureux et la fameuse belle-famille diabolique !
Où se procurer Par une nuit claire ?
Kim Yi Sak, Par une nuit claire, traduction de Hyonhee Lee et Isabelle Ribadeau Dumas, Matin Calme, 250 pages, 2022 (EAN : 9782493386175)
Un extrait est accessible gratuitement sur le site de la librairie Gallimard.
Source image : Yes24