Ce vendredi 12 mai, le vice-ministre sud-coréen de la Défense Shin Beom Chu a déclaré ne pas soumettre les femmes au service militaire obligatoire en dépit de la crise démographique en Corée du Sud.
L’armée sud-coréenne face à une pénurie de personnel
En Corée du Sud, les hommes valides âgés de plus de 19 ans doivent servir dans l’armée pendant 18, 20 ou 21 mois, selon la branche. Les femmes peuvent aussi rejoindre les forces armées, mais de manière volontaire.
Si le nombre d’hommes de 20 ans en Corée du Sud s’élève actuellement à 250 000, ce nombre devrait tomber à 180 000 en 2037, ce qui suscite des inquiétudes quant à la pénurie de main-d’œuvre militaire. « Si le système actuel de gestion des forces militaires se poursuit, non seulement la pénurie chronique de personnel s’aggravera, mais il deviendra également de plus en plus difficile de maintenir l’objectif de maintenir environ 365 000 soldats dans l’armée d’ici 2025 », a déclaré Cho Kwan Ho, un chercheur principal à l’Institut coréen d’analyse de la défense.
Face à la possible pénurie de personnel dans l’armée sud-coréenne, plusieurs solutions ont été proposées telles que l’abolition du service civil alternatif pour ceux qui s’opposent au service militaire, ou la prolongation de la durée du service militaire. Mais ces propositions ont été refusées par le vice-ministre de la Défense sud-coréen.
Soumettre les femmes au service militaire pour répondre à la crise démographique ?
Une alternative a alors été proposée lors du séminaire : rendre le service militaire obligatoire pour les femmes. Ce sujet sensible, soutenu par les hommes dans la vingtaine, est régulièrement relancé par les conservateurs en période de campagne électorale.
Cette proposition est soutenue par l’ancien chef d’état-major de l’armée de l’air et actuel président de l’Association coréenne des généraux et amiraux à la retraite, Lee Han Ho, qui veut protéger la Corée du Sud contre les menaces nucléaires nord-coréennes. Selon lui, « les femmes ne pouvaient pas être enrôlées dans le passé lorsque le taux de natalité était supérieur à 6 %. Mais maintenant, avec un taux de natalité à seulement 0,78 %, il n’y a aucune raison pour que les femmes ne puissent pas servir dans l’armée ».
Dans cette lignée, Choi Byung Ook, professeur au département de sécurité nationale de l’Université Sangmyung à Séoul, a proposé d’augmenter la proportion d’officiers féminins dans l’armée sud-coréenne, en passant de 8,8 % à 15 %. Le professeur a également souligné le fait que les femmes représentaient plus de 20 % des forces déployées en Irak et en Afghanistan entre 2003 et 2014, montrant ainsi que les développements technologiques brouillaient les différences entre les soldats masculins et féminins.
Comment préparer l’armée sud-coréenne aux menaces nord-coréennes ?
Shin Beom Chu a déclaré ne pas soumettre les femmes au service militaire obligatoire. Malgré tout, le vice-ministre a assuré qu’il s’engageait à « développer un système de service militaire adapté à l’ère de chute démographique ».
Cette adaptation va d’abord s’illustrer par l’investissement dans du matériel et des logiciels militaires. Le président Yoon Suk Yeol a ainsi annoncé un projet de commandement stratégique pour améliorer la coopération entre les trois branches de l’armée, en accord avec l’initiative Defence Innovation 4,0 visant à acquérir des technologies de pointe et à renforcer les capacités de défense globales face à d’éventuelles pénuries de main-d’œuvre.
Dans le même temps, la Corée du Sud renforce ses alliances avec le Japon et les États-Unis : le président sud-coréen rencontrera ses homologues japonais et américain en marge du sommet du G7 à Hiroshima et discutera avec eux des missiles nord-coréens. Yoon Suk Yeol poursuit ainsi la ligne politique annoncée lors de sa campagne électorale, qui consiste à se rapprocher des États-Unis, et le rapprochement initié avec le Japon ces dernières semaines.
Sources : The Korea Herald | The Korea Times | Korea JoongAng Daily | Yonhap News Agency