Titre original : 밀정
Titre international : The Age of Shadows
Année : 2016
Réalisateur : Kim Ji Woon
Scénaristes : Lee Ji Min, Park Jong Dae, Kim Ji Woon
Durée : 140 minutes
Genre : Action, Espionnage
Bande-annonce :
Synopsis :
Années 20, la Corée est occupée par le Japon. Le capitaine de la police japonaise, ancien défenseur de l’indépendance coréenne, doit démanteler un réseau de la résistance. Il rencontre ainsi l’un des leaders de ce réseau, et entre espionnage et double-jeu, il devra décider de son véritable camp.
Acteurs principaux :
- Song Kang Ho (Lee Jung Chool, capitaine de la police japonaise)
- Gong Yoo (Kim Woo Jin, antiquaire, chef régional de la résistance)
Acteurs secondaires :
- Um Tae Goo (Hashimoto, inspecteur japonais)
- Han Ji Min (Yun Gye Soon, membre de la résistance)
- Shingo Tsurumi (Higashi, ministre japonais)
- Lee Byung Hun (Jung Chae San, leader de la résistance)
Mon avis
Une intrigue qui tient en haleine
Il faut dire que l’histoire n’est pas simple. Lorsque l’on part sur un fond historique aussi fort et que l’on choisit un sujet aussi complexe que l’espionnage et la collaboration, il faut être pointilleux. Eh bien The Age of Shadows parvient à remplir toutes les conditions qui font que l’on ne s’ennuie pas. C’est à dire que même lorsque l’on pense avoir deviné ce qu’il va se passer ensuite, on se trompe. Tous les plot twists sont soignés, parfaitement préparés par l’intrigue au point que l’on finit le film avec l’impression d’avoir participé à quelque chose de grand.
Sans révéler aucun détail sur l’intrigue, autant vous dire tout de suite que le huit-clos qui survient en plein milieu du film dans un train sans arrêt est assez incroyable. Une fois de plus, le cinéma coréen s’approprie ce concept avec intelligence, et la présence de Gong Yoo ne peut que faire sourire. Décidément, il choisit bien ses lignes de train, lui…
Enfin, et surtout, le film est cru, dur, violent. Deux scènes de tortures sont à prévoir, ainsi âmes sensibles s’abstenir. Ou bien préparez-vous à fermer les yeux ou à sortir de la pièce. J’ai du personnellement cacher mon écran d’ordinateur tant je ne peux supporter ce genre de scènes. Malgré tout, c’est un choix narratif de ne pas complètement camoufler la violence, de ne pas faire d’ellipse. Ce n’est pas de la violence montrée par plaisir, mais par nécessité narrative. Et ça renforce encore plus le respect et l’admiration que l’on peut éprouver envers les personnages.
Un trio incroyable
Tout le long de The Age of Shadows, on suit les liens ambigus qu’entretient le personnage principal campé par Song Kang Ho, avec d’un côté les forces de police japonaises et de l’autre la résistance coréenne. On suit avec intérêt le combat intérieur de l’homme qui ne cesse jusqu’à la fin du film. Pour son interprétation impressionnante du rôle, Song Kang Ho a reçu le prix de Meilleur Acteur aux Baeksang Art Awards de 2017. Un prix amplement mérité tant l’homme qu’il incarne est aussi effrayant que perdu.
L’autre personnage qui impressionne tout autant est celui de Hashimoto, joué par Um Tae Goo. Lui aussi récompensé pour ce rôle impitoyable aux Daejong Film Awards de 2016, l’acteur donne quant à lui une sacré leçon de folie. Cependant, son personnage, comme tous les autres, semble terriblement sincère, et c’est peut-être aussi dans cette profondeur, cette dualité propre à chacun, que réside le génie de ce film. On hait cet inspecteur japonais pour la terreur qu’il installe, au point même parfois où il en devient pathétique.
Quant à Gong Yoo, son charme ajoute peut-être la touche de douceur qui aurait sinon manqué dans ce scénario terriblement stressant. Chef de la résistance régionale, une responsabilité de taille repose sur ses épaules et chacune de ses décisions a un impact conséquent sur le déroulement des opérations. Intelligent et charismatique, on le voit également douter et s’effondrer par moment, comme n’importe quel homme lambda. Son humanité et son dévouement font la beauté de son personnage et Gong Yoo n’aurait pu l’incarner plus justement.
Une ambiance travaillée minutieusement
Comme si réunir autant de bons acteurs pour un aussi bon scénario n’était pas suffisant, Kim Ji Woon a en plus mis la barre extrêmement haut concernant la réalisation de Age of Shadows. Il n’est pas étonnant d’apprendre qu’il a lui aussi remporté un prix, celui du Meilleur Réalisateur aux Baeksang Art Awards de 2017.
Tout dans ce film, de la photographie, à la musique, en passant par la lumière et les costumes, ravit. On plonge dans une ambiance à l’identité très forte et qui jamais ne parait étrange ou forcée. Les transitions entre les scènes, notamment lors du final, sont très biens pensées et contribuent à garder le spectateur attentif et à l’affût. Et ce qui aurait pu être le talon d’Achille de toute cette production devient finalement la troisième raison pour laquelle il faut à tout prix voir The Age of Shadows.
En conclusion
The Age of Shadows de Kim Ji Woon est une véritable leçon de cinéma. Que ce soit pour le scénario, son rythme, les personnages ou les efforts esthétiques du film, on ne perd absolument pas son temps pendant les 140 minutes qu’il dure. Cependant, je conseille tout de même à toute personne intéressée d’aller lire quelques petites choses concernant l’occupation japonaise de la Corée, sinon on peut rapidement être quelque peu perdu quant aux positions de chaque personnage.
Note finale : 9/10.
Auteur de l’article : Léa Dubois-Romo