Le 19 novembre dernier, un homme de cinquante ans a été arrêté pour avoir vandalisé la statue de l’ancien président sud-coréen Chun Doo Hwan dans un parc de Cheongju. Ce fait ravive les débats liés à la déchéance des anciens présidents en Corée du Sud, démocratie encore relativement jeune.
Statue vandalisée par un activiste
La statue, qui se situe dans le parc Cheongnamdae, à 140 km au sud de Séoul, a été retrouvée avec une grande partie de son cou endommagée. La police soupçonne l’homme d’être entré dans le parc avec un pass touristique avant d’avoir coupé les caméras de surveillance et utilisé une scie électrique pour vandaliser la statue. Il a donc été arrêté pour endommagement de bien.
Selon la police, l’individu est membre d’une organisation liée au soulèvement pro-démocratique de Gwangju de mai 1980, que le président Chun est accusé d’avoir réprimé dans un bain de sang : plus de 200 personnes avaient perdu la vie et 1 800 autres avaient été sévèrement blessées.
Des présidents controversés
Il faut savoir que le parc Cheongnamdae a été ouvert au public en 2003. En 2005, le gouvernement local décide d’ériger les statues des neuf anciens présidents sud-coréens, dont Chun Doo Hwan et Roh Tae Woo, afin d’attirer des touristes. Mais aujourd’hui, les activistes demandent aux autorités sud-coréennes de retirer les statues des présidents Chun et Roh, déclarant que la présence de ces deux hors-la-loi va à l’encontre de l’opinion publique.
En effet, Chun Doo Hwan et Roh Tae Woo ont respectivement été présidents de 1980 à 1988 et de 1988 à 1993. En 1993, leur successeur Kim Young Sam lance une vaste campagne anti-corruption, par laquelle ils sont tous les deux touchés. De plus, Chun est poursuivi pour son implication dans le coup d’État militaire de 1979 et pour la répression du soulèvement de Gwangju en mai 1980. Roh est quant à lui également poursuivi pour son rôle dans le soulèvement de 1980.
Chun Doo Hwan est condamné à mort en 1996 avant que sa peine ne soit transformée en prison à vie en 1997. Roh Tae Woo est d’abord condamné à vingt-deux ans de prison, puis dix-sept en appel. Ils sont tous les deux libérés en 1998 grâce à l’intervention du nouveau président Kim Dae Jung, dans une volonté de réconciliation nationale : le président Kim avait été lui-même condamné à mort par le régime militaire en 1980.
Décision du maintien des statues par le gouvernement local
Début décembre, le gouvernement local décide de maintenir les statues des deux présidents dans le parc, mettant ainsi fin aux espoirs des activistes. Afin de calmer les demandes de ces groupes civiques, le gouvernement déclare tout de même que des panneaux informant les visiteurs des punitions judiciaires dont les présidents ont fait l’objet vont être installés au pied des statues.
Le gouverneur Lee Si Jong déclare que l’installation de ces pancartes informatives correspond à un compromis des autorités entre une préservation totale et le retrait de ces statues. Bien que la demande des activistes est légitime, le gouvernement ne peut en effet pas ignorer les requêtes de préservation des statues par les résidents locaux, dont les revenus dépendent majoritairement du tourisme.
Alors qu’un comité de conseil est désormais en train de délibérer sur la manière de gérer la statue du président Lee Myung Bak, qui a récemment été condamné à dix-sept ans de prison pour corruption, le gouverneur demande de son côté de la clémence pour l’homme arrêté le mois dernier.