Depuis juin dernier, les Sud-Coréennes luttent contre les vidéos « molkas », des vidéos qui les filment à leur insu dans les toilettes publiques, vestiaires, etc. Aujourd’hui, elles peuvent se réjouir d’une première victoire : la fondatrice d’un site pornographique sud-coréen a été arrêtée et condamnée.
Soranet, le plus grand site pornographique sud-coréen
Elle était la copropriétaire de Soranet, un site pornographique fondé en 1999 proposant des dizaines de milliers de films pornographiques et, entre autres, des vidéos dites « vengeances pornographiques ». Ses membres pouvaient aussi retrouver des vidéos issues de caméras espions, qui filment les femmes à leur insu. Elles sont cachées généralement dans les serrures de porte, au plafond, etc. Si le site a été contraint de fermer en 2016, il réunissait plus d’un million de membres.
La quadragénaire, identifiée sous le nom de Song, a amassé des dizaines de millions de dollars de revenus en acceptant de faire de la publicité pour des sites de prostitutions et de jeux d’argent sur son site pornographique, deux activités illégales en Corée du Sud mais très généralisées.
La production et la distribution de pornographie étant interdites en Corée du Sud, Mme Song a donc été arrêtée en juin dernier lorsque les autorités sud-coréennes ont annulé son passeport, après des années de fuite en Nouvelle-Zélande. La fondatrice du site pornographique est accusée d’avoir incité les membres de Soranet à se livrer à des activités illégales en partageant des vidéos de femmes filmées à leur insu dans les toilettes publiques, des salles de classe, le métro, etc.
Il y a quelques jours, le verdict a été prononcé : la copropriétaire écope de quatre ans de prison et d’une amende de 1,4 milliard de wons (un million d’euros) pour aide et complicité de diffusion de matériel obscène. Ayant la nationalité australienne ou un titre de séjour permanent, son mari et un autre couple, également copropriétaires du site, sont en revanche toujours à l’étranger.
D’autre part, certains membres du site sont également accusés d’avoir programmé ensemble des viols en réunion, visant parfois des mineurs, et d’avoir ensuite posté les vidéos des victimes. Affaire à suivre donc…
Les caméras espions : le fléau sud-coréen
Depuis des années, les Sud-Coréennes sont victimes des vidéos molkas, des caméras espions les filmant à leur insu lorsqu’elles sont aux toilettes, etc. Cette pratique a augmenté ces dernières années. En effet, la police a constaté une hausse consécutive du nombre de signalements impliquant ces caméras. Entre 2010 et 2018, le nombre a explosé en passant de 1 100 a 6 500 signalements.
C’est pour cela que depuis juin 2018, les femmes manifestent pour mettre fin à ce fléau dont elles sont la cible principale. En effet, selon les statistiques officielles, 98 % des auteurs de ce genre de vidéos sont des hommes et 80 % des victimes sont des femmes.
Les vidéos sont généralement consultées sur des serveurs basés à l’étranger ou échangées discrètement sur des sites de partage.
Face à ce fléau, le président Moon Jae In a révélé vouloir renforcer la lutte contre ce phénomène et prévoit d’alourdir les sanctions.
Depuis l’affaire Harvey Weinstein, les Sud-Coréennes dénoncent de plus en plus les inégalités qu’elles subissent au quotidien. Après avoir suivi elles aussi le mouvement #MeToo et dénoncé les critères de beauté trop stricts, elles semblent plus déterminées que jamais à stopper la violation de leur vie privée avec le mouvement molka.
Sources : ParisMatch | Planet.fr | 24heures.ch
Article de Sammin.