Alors que la population coréenne est à 82% urbaine, Little Forest, un film qui prône le retour à la terre, à la nature et à la campagne, est parvenu à attirer plus d’un million de spectateurs dans les salles de la péninsule coréenne. Projeté lors du Festival du Film Coréen à Paris, j’ai eu la chance de visionner ce film, et vous propose quelques éléments pour expliquer ce succès.
Informations
Titre original : 리틀 포레스트
Pays : Corée du Sud
Réalisatrice : Yim Soon Rye
Scénaristes : Daisuke Igarashi (auteur original), Hwang Sung Goo
Genre : histoire familiale
Durée : 103 minutes
Synopsis :
Basé sur le manga éponyme de Daisuke Igarashi, publié entre 2002 et 2005, Little Forest est un film très bucolique, où la nature, les plantes, les saisons et la gastronomie coréenne prennent le dessus sur l’histoire de fond. L’histoire de Hye Won, qui ne s’épanouit pas dans sa vie citadine et décide de rentrer dans la maison de sa mère, en pleine campagne. Elle renoue donc avec ses amis d’enfance et s’occupe d’une vieille blessure laissée par sa mère.
Casting :
Bande-annonce
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Une réalisation contemplative
Malgré sa filmographie de dix films, je ne connaissais pas du tout le travail de Yim Soon Rye et ce film a été une parfaite entrée en matière.
Little Forest est un film doux et contemplatif qui prend le temps de se concentrer sur l’éclosion d’une fleur, le cours d’une rivière ou le chant d’un oiseau. Un film très pur et très lumineux qui parvient à sublimer les quatre saisons dans la campagne coréenne mais surtout les plaisirs simples de la vie comme faire du vélo au milieu des champs, couper du bois, regarder la pluie et surtout cuisiner.
La photographie de Little Forest est également un élément clé du film et de sa beauté car chaque plan est travaillé de façon millimétrée, avec une lumière sublime.
C’est un film lent, mais agréable, de cette lenteur apaisante et relaxante typique de la campagne. Cette lenteur qui permet de réfléchir, de méditer, de faire le point sur la vie. C’est d’ailleurs exactement ce que fait Hye Won qui fait le choix de mettre en parenthèses sa vie sans saveurs à Séoul pour rejoindre la maison rurale où elle a grandi. Elle retrouve la trace de sa mère, partie sans prévenir, et renoue avec son passé. Malgré ce fil conducteur, ce n’est vraiment sur cette histoire que se concentre Yim Soon Rye, mais plutôt sur la nature environnante, les plantes, la vie à la campagne et les plats qui accompagnent cette vie simple et paisible.
Little Forest : un film qui donne faim
Hye Won a quitté la vie séoulite car elle ne s’épanouissait pas mais surtout parce qu’elle ne trouvait plus aucune saveur aux aliments. Naturellement, les plats coréens, la cuisine, les aliments et tout ce qui gravite autour sont au centre du film Little Forest au point que la nourriture peut être considérée comme un membre du casting à part entière.
Au delà des mets, de la préparation cérémonieuse et documentée en détails des repas, leur dégustation est aussi savamment filmée, mettant automatiquement l’eau à la bouche du spectateur. Si tant est qu’il connaisse la saveur de certains plats coréens, les grondements d’estomac ne tarderont pas à retentir.
Little Forest met également un point d’honneur à s’attarder sur les aliments, leur croissance, la récolte et le travail minutieux des agriculteurs. Ainsi, Hye Won décide de relancer l’entretien de son potager afin d’être autosuffisante en fruits et légumes. Mais, elle demande des conseils aux habitants autour d’elle, à son ami Jae Ha qui possède une exploitation plus grande et c’est ainsi tout un cycle de vie qui est documenté, de la plantation du légume à la technique de cuisine utilisée pour le déguster.
Un casting minimaliste mais talentueux
Je vous avais déjà parlé de mon admiration pour Kim Tae Ri (découverte dans le film Mademoiselle de Park Chan Wook) mais sa délicatesse, sa tendresse, sa pureté, son jeu, sa légèreté portent totalement ce film. Les décors lumineux, simples et naturels font de son visage paisible le centre de l’action, le sujet le plus important du film. Ainsi, au fur et à mesure que les minutes défilent, les spectateurs apprennent à déchiffrer les émotions de Hye Won dans un simple froncement de sourire ou un regard.
L’acteur principal de ce film s’est déjà fait remarqué dans de nombreux films, il y a donc de fortes chances que vous ayez déjà entendu de Ryu Jun Yeol. Bien qu’il ait incarné dernièrement des personnages plutôt sombres (The King, Dark Figure of Crime), il se glisse parfaitement dans la peau de l’ami d’enfance, agriculteur amoureux de son travail qui a déjà achevé le travail qu’entreprend Hye Won puisqu’il a lui aussi quitté la vie séoulite pour la campagne. Dans Little Forest, Ryu Jun Yeol offre une nouvelle facette de son jeu, plus candide, plus innocent, un peu introverti, réaliste, touchant mais toujours juste.
Pour compléter le trio, Jin Ki Joo, qui incarne l’amie d’enfance de Hye Won, apporte sa bonne humeur, sa joie de vivre et son énergie à chacune de ses apparitions.
Toute à mon admiration pour l’oeuvre de Yim Soon Rye, il m’est difficile de trouver une ombre au tableau, si ce n’est que Little Forest peut paraître long pour les spectateurs qui n’apprécient ni la culture culinaire coréenne, ni l’agriculture.
De mon point de vue, la réalisatrice parvient à retranscrire l’ambiance paisible et contemplative du manga, s’inspirant de l’esthétique du cinéma japonais. Les acteurs brillent par leur jeu tout en simplicité et en douceur sans pour autant éclipser la véritable star : la gastronomie coréenne.
Little Forest est un film doux qui se penche sur un vrai problème de la société coréenne : la taux de chômage et le manque de motivation des jeunes qui peinent à trouver un véritable sens à leur vie et ne pensent qu’à réussir, sans vraiment se demander ce que cela signifie pour eux. Je vous invite à prévoir un encas pour découvrir cette petite merveille, et vous laisser emporter par la poésie de Little Forest.
Sources : AsianWiki | Han Cinema | Perspective Monde
Article rédigé par Laulilau.