Du 10 au 30 mars a lieu l’exposition MOVE ! MOVE ! MOVE ! à l’Espace 29 de Bordeaux. K. Owls était au rendez-vous puisque j’étais moi-même présente durant le vernissage du 18 mars à partir de 19 h.
L’exposition MOVE ! MOVE ! MOVE ! a eu lieu grâce à la célébration de l’année France-Corée. Cet événement sera également suivi par une exposition en Corée du Sud.
L’Espace 29 a, pour cette occasion, invité Art Hall Gong (lieu d’exposition à Séoul), trois artistes coréens, ainsi que deux directeurs de projets :
- Park Chul Ho (박 철호) : peintre et performeur
- Oh Jae Woo (오 재우) : vidéaste
- Jeon Youjin (전 유진) : artiste sonore et compositrice
- Lee Eun Jung et Joe Byung Hee : directeurs de projet
Le récit prend place durant la performance le jour du vernissage, qui débuta le 18 mars à 20 h :
En rentrant dans l’Espace 29, vous découvrirez une première pièce sombre avec pour seul accompagnement des installations en bois : à droite un petit pont et, au-dessus un micro pendant du plafond, à gauche une construction rappelant un bateau, surmontée d’un grand bocal en verre rempli d’eau avec en son centre une lumière. La performance a commencé ici, les danseurs se sont installés un par un sur le pont, puis ont soufflé légèrement et en saccadé sur le micro. Celui-ci étant relié au bocal, l’eau et la lumière à l’intérieur bougeaient, donnant des reflets de vagues au mur ainsi que le bruit d’un souffle. Ce moment n’était pas sans nous rappeler l’idée des derniers souffles dans l’eau pour les victimes du Sewol. Durant toute cette animation, un homme avec un masque de chien et vêtu d’une toge rappelant un costume de secte, était assis, sans rien faire.
Après ce moment calme et triste à la fois, nous avons suivi les danseurs dans deux autres espaces. A notre droite deux murs en angle, le portrait d’Ahae, qui n’est autre que Byung Eun Yoo, le propriétaire du ferry Sewol, ainsi que l’autre mur rempli de visages découpés dans du carton blanc. En avançant encore un peu plus, un large mur était rempli de journaux découpés et torturés. Au centre de la pièce il y avait une chaise noire avec à ses côtés une pyramide blanche surmontée de sang, et au fond de ceci, sur le dernier mur, le dessin d’un homme masqué, allongé, l’air décontracté.
Tout cet espace s’est animé grâce à la performance des danseurs et de « l’homme chien ». Ce dernier avança en déchirant un large tissu bleu (il traversait la mer sans aucun problème). Il s’assit sur le siège, et le temps commença à passer, avec un fond sonore de radio. Puis, d’un coup il commença à s’agiter dans tous les sens aboyant sur les visiteurs. Les précédents danseurs s’approchèrent un à un vers lui, pour s’accrocher grâce à des fils élastiques : les étudiants à son bord se reliaient à un homme manipulateur et froid. Tandis que l’homme-chien continuait de se lier aux autres, les étudiants peignaient sur les murs leurs derniers mots, ils demandaient de l’aide. Certains peignaient en jaune sur le mur rempli de masque : les victimes du Sewol.
Cette animation se termina sur l’homme chien qui tirait les fils, puis les cassaient, il tirait sur des drapeaux du monde entier, cassait la pyramide ensanglantée de laquelle tomba de multiples balles de ping pong, et des tas de confettis blanc. C’était la chute du Sewol.
Après cette dure performance qui nous avait rappelé l’agitation du propriétaire du ferry face à l’ordre des étudiants de ne pas bouger, nous avons été conduits dans la dernière salle sombre, une salle sur laquelle se projetait au mur une longue vidéo.
Vidéo de vies détruites à cause de la perte d’un proche. Les personnes dansent dans la rue, deviennent folles … Et là, un rappel des attentats en France, les coups de feux, les « danseurs » qui essayaient de se soutenir, qui tentent de surmonter la douleur puis à la fin : qui tombent tous, morts, tout ceci en étant accompagné par une femme au micro, en live, qui criait, chantait et parlait à la fois, dans une ambiance mystique, sombre et angoissante et dont les derniers mots étaient « Elle est où ? ».
Vous l’aurez compris, la performance était là pour animer et accompagner cette exposition, tout simplement pour mettre une légende à cet art. J’en suis ressortie en me questionnant sur le sens de tout cela et avec une angoisse. Non, nous ne voulons plus de ces drames. Nous ne voulons plus voir une année France-Corée nous rappelant un tragique accident avec des centaines de morts coréens, face à un attentat français.
Si vous êtes intéressés par cette exposition, n’hésitez pas, l’entrée est gratuite. Rendez-vous à l’Espace 29, 29 rue Fernand Marin à Bordeaux du mercredi au samedi de 14 h à 18 h et ce jusqu’au 30 mars 2016.
Voici tous les liens concernant cet événement :
Voici également le résumé :
« Après la tragédie du ferry Sewol qui a coulé le 16 avril 2014 avec à son bord des jeunes coréens (295 morts et 9 disparus), la vive émotion s’est vite transformée en colère dans le cœur de chaque coréen. Durant l’accident, les autorités en charge du bateau avaient donné l’ordre aux jeunes coréens de « ne pas bouger ».
L’exposition MOVE ! MOVE ! MOVE ! est le témoin actif de cette catastrophe où le mouvement et l’instabilité font l’apanage du désordre et de la vie.
Ce projet d’expositions a vu sa première édition en avril 2015 et a ouvert la voie à une nouvelle appréhension du concept de création et d’exposition.
« Le mouvement c’est la vie ». Le processus est une temporalité importante. Cette exposition valorise ces interstices de création où l’oeuvre est en improvisation, en discussion, en réflexion. »