Amateurs de drama ou de films coréens, vous-êtes vous déjà engagé sur le chemin du spectacle vivant ? Aujourd’hui, j’ouvre le dossier de l’histoire du théâtre coréen ! Pour ce premier article, nous allons nous intéresser au théâtre traditionnel, des origines jusqu’à l’arrivée des Japonais.
Origines et genres du théâtre traditionnel coréen
Le commencement du théâtre est clairement en lien avec le chamanisme. Les cérémonies religieuses étaient souvent des fêtes théâtrales afin d’amener de l’espoir et de la joie à la population. Ainsi, on trouve dans le théâtre traditionnel des thèmes et des caractéristiques propres au chamanisme, notamment la scène ouverte, en extérieur. Les représentations étaient constituées de danse et rites, le nolum et yeonhee.
Parmi les différents genres, on répertorie : le talchum, le pansori, le théâtre des poupées, le théâtre de l’ombre et enfin celui des rues. Le talchum était au départ sans paroles. Il s’est enrichi des danses masquées et de dialogues humoristiques. Pour en savoir plus, je vous invite à aller voir mon article précédent qui lui est entièrement consacré.
Le pansori est un théâtre musical. Le chanteur-narrateur, appelé kwangdae, interprète un long chant narratif pouvant aller jusqu’à huit heures. Il est accompagné d’un joueur de tambour (gosu) et de son éventail. Il s’en sert pour donner du rythme à son récit à travers ses mouvements. Le chant narre des histoires populaires sur la vie et les rêves des Coréens. Ce genre se développe et connaît un fort succès au 17e siècle. Deux siècles plus tard, l’intervention de Shin Jae Hyo épure le pansori pour devenir compatible avec la morale confucéenne et le goût de la haute société. Il est considéré comme le théoricien du pansori.
Parmi les genres moins connus dans l’histoire du théâtre coréen, on trouve le théâtre des marionnettes (kkoktu-gaksi) qui reprend l’histoire d’un vieil homme nommé Pak Chomji. À travers sa biographie, on retrouve les thèmes du talchum, sur les conditions de vie des Coréens. Les marionnettes sont à fils, gaine ou tige. Des musiciens accompagnent les marionnettistes autour de la scène drapée de noir. La dynastie Goryeo (918-1392) l’intégra dans les arts contrôlés par l’État. Durant l’ère Joseon, le Namsadang étaient un ensemble de troupes ambulantes et elles ajoutèrent à leurs représentations des pièces avec marionnettes.
Le théâtre de rues exista jusqu’à la fin du 19e siècle avant de complètement disparaître. Le théâtre de l’ombre fut pratiqué en Asie, dans les temples bouddhiques lors de fêtes. Les comédiens mettaient en scène les dix animaux symboles de longévité. Il est néanmoins difficile de dire que ce genre fut fortement pratiqué en Corée car il n’y a pas de traces mais les sources divergent : soit il disparut, soit il fut absent de la scène théâtrale dans le pays.
Ouverture du pays et invasion japonaise
Avec les premiers contacts des pays étrangers, le théâtre traditionnel fut délaissé par le public, jugé trop démodé. En 1902, fut construit Hyopyulsa, la première salle de théâtre couverte, lançant donc la modernisation du lieu théâtral. Mais les pièces jouées restaient dans le domaine du théâtrale traditionnel. Le pansori fut fréquent à cette période. Toutefois, les Coréens s’intéressèrent plus aux nouveautés. En 1904, l’opéra de Pékin fit une halte en Corée et eut du succès. Ainsi apparut le théâtre chanté : changgeuk ou l’opéra pansori. Le chant reste dans la lignée du pansori tandis que la forme est similaire à l’opéra occidental. Le succès fut court et il peina à se maintenir ailleurs que dans les régions d’origine du pansori.
Avec l’invasion des Japonais, certains Coréens dérivèrent le théâtre kabuki (apparu au 17e siècle) et incorporèrent des caractéristiques du mélodrame occidental pour créer le théâtre Shinpa. Les troupes de Shinpa ont produit des adaptations de pièces japonaises. Ce fut un moyen d’exprimer la tristesse et la colère du peuple coréen. Cependant, les intellectuels rejetèrent ce genre avec le mouvement d’indépendance du 1er mars 1919.
Dans la seconde partie sur l’histoire du théâtre coréen, je vous présenterai l’arrivée du théâtre moderne dans cette période compliquée qu’est l’époque contemporaine coréenne.
Sources : Culture coréenne n°33 et n°70 | Encyclopédie mondiale des Arts de la Marionnette | KBS World Radio
Photo de Une : Théâtre National de Corée – Office de Tourisme de Corée du Sud
One Comment
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Merci beaucoup ! C’est très intéressant, je ne sais pas si vous avez déjà posté la deuxième partie, mais si c’est le cas je vais la chercher tout de suite. Sinon, j’attendrai. Merci beaucoup de partager ça car il y a tellement peu de ressources en France à ce sujet que c’en est désolant…
Bonne continuation !