S’il y a un sujet sensible partout dans le monde, c’est bien celui de l’immigration. Qu’elle soit pour le travail, les études, pour des questions politiques ou familiales, l’immigration en Corée du Sud est bien réelle. Mais qu’en est-il réellement ? La Corée accueille-t-elle les étrangers à bras ouverts ? Nous allons tenter d’y voir un peu plus clair sur le sujet.
Quelques bases…
Pendant longtemps la Corée du Sud a vécu en quasi autarcie, elle était même surnommée « le Royaume Ermite » sous la dynastie Joseon. La population y était donc très homogène avec très peu de personnes immigrées. L’occupation américaine facilitera l’ouverture du pays vers l’extérieur avec les échanges commerciaux.
Mais on peut ne pas parler d’immigration en Corée sans parler d’émigration. Petit rappel, le fait d’émigrer signifie de quitter son pays, immigrer veut dire s’installer dans un pays étranger. Parce que oui, la Corée du Sud a également connu un épisode majeur d’émigration pendant la Seconde Guerre Mondiale où beaucoup de coréens se sont installés au Japon, alors appelés les Zainichi. L’occupation et par la suite le faible développement économique a poussé sa population à quitter le pays pour tenter sa chance ailleurs.
Aujourd’hui et ce depuis plusieurs années, la Corée est belle et bien ouverte vers l’extérieur et grâce à, entre autre, l’exportation de sa culture (que ce soit musicale, cinématographique, littéraire ou autre) elle attire de plus en plus ! Elle entraîne également de nombreux étudiants étrangers souhaitant intégrer une des prestigieuses universités sud coréenne.
D’où viennent-ils…
Le profil de la Corée a largement évolué depuis une cinquantaine d’année. Pour preuve, la population globale du pays a augmenté de plus de 100% ! Le pourcentage de résidents étrangers a également augmenté. Dans les années 80, on ne comptait qu’environ 40 000 personnes étrangères en Corée du Sud alors qu’en 2016 ce chiffre dépassait les 2 millions d’individus soit une augmentation de 5000% en 40 ans.
Mais d’où viennent ces 2 millions de personnes ? De partout dans le monde… mais surtout de Chine. En effet, les ressortissants chinois représenteraient 50% de la population étrangère en Corée du Sud, ce qui fait d’eux l’une des trois populations les plus représentées parmi les ressortissants étrangers. Après les chinois viennent les américains, très présents également en Corée en raison du contexte historique et des bases militaires dans le pays.
Enfin, en troisième position, on trouve les ressortissants de pays d’Asie du Sud-Est (Vietnam, Thaïlande, Philippines…). L’immigration de cette population est surtout économique. La Corée manque cruellement de main d’œuvre en zone rurale et également… de femmes !
… et pourquoi?
En effet, les coréennes ne souhaitant plus vivre à la campagne, certains exploitants agricoles se marient avec des femmes originaires d’Asie du Sud-Est afin de pouvoir à la fois fonder une famille et rester sur leurs propres terres. Le gouvernement estime que cette immigration permet d’amortir l’exode rural et limiter le déclin démographique des campagnes. Des opérations incitant cette pratique ont fleuri dans les années 1990, d’où un boom des mariages « métissés » dans les années 2000. Cette tendance a cependant quasiment disparu depuis que la justice a renforcé la réglementation de ce type d’union afin d’éviter toute fraude mais également pour lutter contre les violences conjugales.
Evidemment, les 2 millions de ressortissants étrangers en Corée ne sont pas venus pour se marier et prêter main forte aux exploitants agricoles ! La Corée ne cesse d’employer des étrangers, son nombre augmente d’années en années, ces travailleurs représenteraient même presque la moitié des immigrés. Cela résulte également d’une politique du gouvernement dans les années 1990. En effet, en 1993 était créé un programme de formation pour les étrangers en passe d’être embauchés par des entreprises sud coréennes. En tout, c’est plus de 160 000 personnes qui ont pu bénéficier de ce programme en presque 10 ans.
Enfin, la vague hallyu a également apporté son lot de ressortissants étrangers. Effectivement, avec le boom de la culture coréenne à l’étranger, le nombre d’étudiants étrangers est également monté en flèche ! Les universités ont facilité l’accès des cursus aux étudiants étrangers et nombreuses sont celles proposant des échanges avec d’autres établissements étrangers. En 2016, on dénombrait plus de 106 000 étudiants étrangers sur le sol coréen.
Ouverte, oui mais…
Certes, la Corée s’est grandement ouverte à l’étranger et accueille à bras ouverts de nombreux ressortissants. Cependant, l’année dernière une vague de haine a déferlé envers les ressortissants Yéménites, demandant refuge en Corée du Sud. Selon les chiffres, dans les années 90 sur 20 000 demandes du statut de réfugier seulement 839 auraient été octroyés.
Le nombre des demandes était en baisse jusqu’à l’année dernière où environ 550 ressortissants du Yémen ont débarqué sur l’île de Jeju. Les sud coréens ont alors exprimé un peu partout leur mécontentement et leur rejet de la population yéménite, arguant qu’il ne s’agissait pas de réfugiés mais de personnes à la recherche d’un emploi. Cette même année, une pétition en ligne demandant leur expulsion a récolté plus de 500 000 signatures.
A la suite de cet incident, le Yémen a été retiré de la liste des pays ne nécessitant pas de visa pour visiter l’île de Jeju. Le gouvernement a également interdit aux ressortissants présents sur l’île de gagner le continent. Pour contrebalancer ces mesures, il a cependant permis aux personnes essuyant un refus de leur demande d’asile de faire appel de la décision. La Corée a également décidé d’augmenter le nombre de personnel en charge des dossiers afin de réduire les délais de huit à deux mois.
Si vous aussi souhaitez tenter l’aventure coréenne, n’hésitez pas à jeter un coup d’œil aux différents visa proposés par le gouvernement coréen !
Sources : Le Figaro | Korea.net | Yonhap | André Fabre, Histoire de la Corée