Dans un geste rare de propagande, la Corée du Nord a autorisé la création de deux comptes sur Twitter, avant de les supprimer dans la nuit du 14 novembre.
La Corée du Nord étant une dictature où l’accès à internet ainsi qu’aux réseaux sociaux est limité, il est rare d’obtenir des informations sur le pays par ce biais. Mais la création de deux comptes Twitter nord-coréens le mois dernier montre que le pays n’hésite pas à sortir des sentiers battus quand il s’agit de propagande.
Utilisation de Twitter par le régime nord-coréen
En octobre 2020, la Corée du Nord autorise la création de deux comptes Twitter. Ce n’est pas la première fois que cela arrive : Uriminzokkiri, un site internet du gouvernement nord-coréen publiant des articles de l’agence centrale de presse nord-coréenne, a un compte depuis 2013.
Par contre, ces deux comptes sont inédits dans la mesure où il s’agit de la première fois que des comptes nord-coréens sont ouverts à titre individuel. Ces deux comptes appartiendraient en effet à Han Song Il, directeur à l’Institut pour l’Unification du Nord, et à Kim Myong Il, directeur du Comité pour la réunification pacifique de la patrie et chargé des relations intercoréennes.
Au premier abord, la propagande menée sur ce réseau social ne diffère pas de la propagande nord-coréenne habituelle : sur son compte, Han Song Il loue le régime communiste. Il félicite par exemple les résultats de la « bataille de 80 jours », un programme lancé par Kim Jong Un dont l’objectif est de relancer l’économie du pays après la crise pandémique de la COVID-19 et le passage du typhon Haishen.
Mais cette fois, le régime nord-coréen ne se contente pas d’une propagande traditionnelle et innove. En effet, même si Kim Myong Il critique la politique japonaise, il poste également des actualités liées à la vie quotidienne en Corée du Nord : après avoir récemment parlé de la nouvelle loi nord-coréenne anti-tabac, il aborde il y a deux jours le début de la saison du kimchi, le plat traditionnel coréen.

Les publications de ces deux comptes sont diffusées à la fois en coréen, en anglais, en japonais et en chinois, afin de toucher la plus large audience possible. On ne sait pas s’ils sont tenus par de vraies personnes ou par le gouvernement nord-coréen, mais il est légitime de se poser la question étant donné l’usage limité et contrôlé d’internet dans le pays.
On peut également s’interroger sur la raison de la suppression soudaine de ces deux comptes : est-ce seulement un test ? Est-ce que l’attention portée à ces comptes s’est révélée plus importante que prévue ? Dans tous les cas, les spécialistes et les médias vont désormais rester attentifs à ce qu’il se passe sur le réseau social…
Une propagande plus moderne et plus « douce »
Cette propagande sur Twitter s’inscrit dans la continuité de la nouvelle stratégie de propagande nord-coréenne sur les réseaux sociaux, dont le but est d’adoucir l’image que la dictature a dans le monde : de 2017 à 2020, la nord-coréenne Un A présentait par exemple sa vie quotidienne en Corée du Nord sur la chaîne YouTube Echo of Truth, qui comptait quarante-quatre mille abonnés et dont les vidéos avaient été vues près de trois millions de fois.
À travers cette nouvelle propagande, le régime nord-coréen vise à toucher une audience plus jeune et à montrer au monde que le pays n’est pas coincé dans le passé mais au contraire tourné vers l’avenir.
Sources : Yonhap News Agency | SFGATE | YouTube