Ce mardi 26 octobre est décédé l’ancien président sud-coréen Roh Tae Woo, à l’âge de 88 ans. Il a été le dernier général sud-coréen à devenir président, de 1988 à 1993. Il laisse aujourd’hui derrière lui un héritage controversé en Corée du Sud.
Un militaire qui a démocratisé la Corée du Sud
En 1979, tandis que Park Chung Hee préside la Corée du Sud de manière autoritaire, Roh Tae Woo, alors commandant, joue un rôle clef dans un coup d’État militaire qui permet à Chun Doo Hwan de prendre le pouvoir.
Sous la présidence Chun, Roh Tae Woo dirige les ministères de l’Intérieur et des Sports. Lorsqu’approchent les élections présidentielles de 1987, des manifestations prodémocratie se constituent dans le pays et demandent la mise en place d’un système d’élections directes. Roh Tae Woo accepte cette réforme lors de la « déclaration du 29 juin ».
Un début de mandat difficile pour Roh Tae Woo
Élu en 1987 au suffrage direct avec à peine 36 % des voix, Roh Tae Woo devient le 13e président de la Corée du Sud.
Afin d’adoucir son image de militaire, l’ancien général annonce vouloir initier une « ère de gens ordinaires » au pouvoir. Il souhaite mettre en place des réformes graduelles afin de répondre aux défis rencontrés par la Corée du Sud, mais celles-ci sont empêchées par la défaite de son parti aux élections parlementaires.
Le président traverse alors une période difficile au milieu de son mandat, lors de laquelle il est critiqué pour son manque de détermination.
Les succès diplomatiques et culturels de Roh Tae Woo
Au cours de son mandat, Roh Tae Woo construit de solides liens avec les états socialistes : on parle alors de Nordpolitik. La Corée du Sud établit des relations diplomatiques avec l’URSS puis la Chine, respectivement en 1990 et 1992.
Roh Tae Woo promeut également les échanges intercoréens. Alors que les deux Corées entrent à l’ONU en 1991, les deux pays signent des accords établissant le principe de non-agression, ainsi qu’un traité de dénucléarisation la même année.
En parallèle, Roh Tae Woo parvient à convaincre le Comité des Jeux Olympiques de faire tenir l’édition d’été de 1988 à Séoul. La Corée du Sud devient alors le deuxième pays asiatique à accueillir l’événement.

Disgrâce et décès de l’ancien président
En 1993, le mandat de Roh Tae Woo prend fin. Trois ans plus tard, lui et Chun sont accusés de corruption et d’avoir participé au coup d’État militaire de 1979 ainsi qu’à la répression du soulèvement prodémocratique de 1980 à Gwangju.
Roh Tae Woo est donc condamné à 17 ans de prison et 260 milliards de wons d’amende. Mais il est gracié en 1997 par le nouveau président Kim Young Sam et finit de payer son amende en 2013.
En 2002, l’ancien président est opéré du cancer de la prostate. Souffrant d’atrophie et d’asthme, sa santé se détériore rapidement et il limite ses apparitions publiques. Alors qu’il approche des 89 ans, il décède le 26 octobre 2021.
Un héritage mitigé
En apprenant la nouvelle du décès de l’ancien président, les partis politiques sud-coréens ont exprimé leurs condoléances ce mardi 26 octobre 2021. Si certains ont félicité Roh Tae Woo, d’autres l’ont critiqué quant à l’héritage mitigé qu’il laisse derrière lui.
Si le parti Pouvoir au peuple (PPP) a félicité l’ancien président pour avoir mis en place les premières élections directes en Corée du Sud, pour avoir permis l’intégration de la Corée dans l’ONU et pour les résultats de la Nordpolitik, le Parti démocrate (DP) a rappelé que Roh Tae Woo était un criminel dans la mesure où on ne pouvait pas omettre son implication dans le massacre de Gwangju.
Roh Tae Woo laisse donc un héritage controversé, comme le montre la réaction du candidat aux élections présidentielles Lee Jae Myung, qui a déclaré vouloir se concerter avec son équipe de campagne avant de commenter le décès de l’ancien président.
Sources : Yonhap News Agency | The Korea Herald (1)(2)
Source images : The Korea Times