Une couverture qui représente des fleurs blanches couvertes de sang, c’est une image qui donne le ton. Le Jardin de Pyun Hye Young va vous plonger dans une atmosphère des plus oppressantes… Que feriez-vous si vous étiez paralysé et que la seule personne encore apte à s’occuper de vous finissait par ne plus vous vouloir que du bien ?
L’autrice : Pyun Hye Young
Pyun Hye Young, née en 1972 à Séoul, débute sa carrière d’écrivain au début des années 2000, avec sa nouvelle Essuyer la rosée. Elle a actuellement cinq œuvres à son actif, notamment ; Cendres & rouge (2012*), Dans l’Antre d’Aoi Garden (2015*). Elle semble s’inspirer de l’actualité pour écrire, puisque le roman Dans l’Antre d’Aoi Garden a été écrit peu après l’épidémie de SRAS en 2003. Pour le roman, Cendres & rouge, elle tire son inspiration du tremblement de terre qui a frappé le Japon en 2011. Ses romans ont été récompensés par des prix littéraires et traduits dans de nombreuses langues. Le Jardin (2019*) a notamment reçu le prix Shirley Jackson aux États-Unis.
* Date de publication française
Résumé du roman Le Jardin
Ogui se réveille difficilement de son coma. Si dans un premier temps, il ignore ce qui lui est arrivé, il apprend rapidement qu’il a eu un accident de voiture le plongeant dans l’inconscience pendant plusieurs semaines. Ce malheur l’a non seulement paralysé, mais il lui a aussi arraché un être cher, sa femme, qui était dans la voiture avec lui lors de l’accident. Ogui n’a plus ses parents, il n’a pas de frères et sœurs, ni de descendance. La seule personne qui lui reste, c’est sa belle-mère. Veuve et maintenant mère au cœur meurtri, au départ, cette dernière semble s’occuper correctement d’Ogui. Elle dépense sans compter dans les soins et la rééducation de son gendre. Cependant, peu à peu, elle le néglige. Elle le laisse seul, confronté à sa terrible condition. Le plus étrange ? Chaque jour, elle s’obstine à creuser un gigantesque trou dans le jardin autrefois entretenu par la femme d’Ogui. Pour perpétuer la mémoire de sa fille, dit-elle, continuer de prendre soin de ce jardin qui lui plaisait tant… Et terminer ce qu’elle avait commencé.
Mon avis sur Le Jardin
Le Jardin est un roman court, environ 230 pages. La plume de l’autrice le rend d’autant plus agréable à lire. Tant par son style qui ne comporte aucune lourdeur, que par sa façon de décrire ce huis clos oppressant. Elle donne vie à des personnages qui ont chacun leurs affres, mais très humains dans leurs qualités et leurs défauts. J’ai trouvé ce roman par hasard en librairie et comme je m’intéresse de plus en plus à la littérature coréenne pour mes articles, j’ai tendance à prendre tous les livres d’auteurs coréens que je trouve, tant que le résumé me plaît un minimum. Je ne savais donc pas quoi attendre du roman de Pyun Hye Young, mais je n’ai pas été déçue. S’il n’a pas été un coup de cœur, j’ai passé un très bon moment de lecture et j’ai d’autant plus envie de m’intéresser à son travail. Surtout vu les thématiques qu’elle semble aborder.
Le Jardin : Un huis clos étouffant
Ce roman est un thriller psychologique, qui n’est pas sans rappeler le célèbre Misery de Stephen King, dans lequel un auteur se retrouve séquestré par une femme après un accident. Dans Le Jardin, Pyun Hye Young puise son inspiration dans des thèmes souvent abordés comme le sentiment de solitude dans un couple, la banalité de la vie quotidienne, les frustrations, les trahisons, les disputes, etc. Toutefois, elle le fait avec beaucoup de justesse, sans tomber dans le mélodramatique et l’exagération. Elle réussit parfaitement à instaurer un climat oppressant. Toute l’histoire est racontée sous le point de vue d’Ogui, qui est maintenant paralysé. Il ne peut pas fuir, il ne peut pas s’échapper, il est coincé. Je trouve que cela joue d’autant plus sur le ressenti du lecteur. Nous sommes coincés dans cette intrigue, tout comme le personnage principal et savoir qu’il ne peut pas partir en courant en cas de problème, qu’il ne peut pas non plus parler, ni appeler de l’aide, ajoutent une lourdeur à l’atmosphère générale, particulièrement à la fin du roman.
Un personnage principal antipathique ?
Dans cette histoire, on aimerait compatir avec Ogui : le pauvre sort du coma, il est paralysé… C’est d’ailleurs le cas par moment, difficile de rester indifférent face à cet enfer qu’il traverse. Pourtant, en découvrant peu à peu son passé, le lecteur est en droit de se demander quel degré de confiance il peut lui accorder. Que s’est-il réellement passé avant et pendant l’accident ? Était-il un si bon mari ? Personnellement… Bien qu’il ne mérite pas ce qui lui arrive, il m’est arrivé de me dire à plusieurs reprises, un peu méchamment, que c’était bien fait.
Conclusion
Le Jardin n’a donc pas été un coup de cœur pour moi, mais j’ai réellement apprécié ma lecture. Je m’attendais à quelque chose d’un peu différent, notamment sur la fin, à être davantage surprise sans doute. Toutefois, le récit est crédible, les personnages ont de l’épaisseur et de la personnalité, l’atmosphère est savamment construite, au point de nous couper le souffle par moment… Rien que pour tous ces points, je vous encourage à découvrir par vous-mêmes Le Jardin de Pyun Hye Young.
Où trouver Le Jardin de Pyun Hye Young ?
Le Jardin, Pyun Hye Young, ed Rivages/Noir, 01/2021, ISBN : 978-274-365-215-9
Source : Éditions Picquier
Article rédigé par Alina.