Si d’innombrables événements sur le thème de la Corée se tiennent à Paris (conventions, concerts, etc.), ils arrivent également à Lyon. Après les Korea Days, voici le week-end franco-coréen organisé par AC-inKAS Fr.
Nous vous en parlions le mois dernier, l’association Les amoureux de la Corée – inKAS France préparait un week-end franco-coréen à Lyon pour la mi-décembre. Les hiboux Esmerald et Littleangele ont eu la chance de pouvoir y assister et vous relatent leurs journées sous le signe de la Corée. N’hésitez pas à cliquer sur les photos pour les agrandir.
Samedi 15 décembre 2018
Pour ce premier jour du week-end franco-coréen, les portes ouvrent à 10 h ; les participants arrivent petit à petit. Chacun d’entre nous récupère son tour de cou personnalisé à l’accueil / bar où sont également vendus billets de tombola à 2 € l’unité et goodies (chaussettes, drapeaux coréens, etc.). Nous pouvons aussi grignoter un petit déjeuner aimablement proposé par l’association. Café, thé, jus de fruits, compotes, biscuits, il y en a pour tous les goûts et pour tous les âges.
Ouverture de la journée sur le thème de l’adoption
Pendant que nous admirons les photos de Keun Chul Lee exposées un peu partout, la salle principale se prépare à accueillir public et intervenants. À 10 h 45, c’est Lydia, présidente de l’association Amoureux de la Corée – inKAS France, qui ouvre le week-end franco-coréen. Elle laisse ensuite la parole à Mme Jung Ae Ree, présidente d’inKAS (International Korean Adoptee Service Inc) qui a fait le déplacement depuis la Corée. À l’aide d’une vidéo de présentation, nous en apprenons davantage sur l’association : son histoire, ses actions, ses objectifs.
[su_quote cite= »Jung Ae Ree, présidente d’inKAS »]Aujourd’hui, beaucoup d’adoptions se font à l’international, mais l’adoption domestique reste très stigmatisée.[/su_quote]
Puis Guylaine, nouvelle déléguée du secteur sud-est de Racines Coréennes, présente à son tour l’association qu’elle représente. Elle annonce aussi qu’à partir de janvier 2019 des dîners mensuels lyonnais seront organisés. Guylaine donne ainsi rendez-vous le 20 janvier à Lyon 7e. Plus d’informations sont à venir, restez connectés !
Témoignages des adoptés d’origine coréenne
L’instant témoignages commence alors. Anthony, Marion, David, Déborah, Marie Lee et Lydia, adoptés d’origine coréenne, nous racontent leur histoire. Ainsi, ils commencent par se présenter et nous livrent un peu leur vie, leur situation, leurs démarches.
Les profils sont multiples. Nous apprenons qu’ils sont généralement abandonnés tôt et pour la plupart adoptés à un très jeune âge. En tant qu’adoptés d’origine coréenne, divers sentiments les ont habités. En effet, certains sont restés indifférents à la Corée jusqu’à récemment, d’autres sont fiers de leurs origines, d’aucuns dénient aussi leur affiliation natale.
Quoi qu’il en soit, tous ont à un moment donné visité la Corée, ou vont la visiter. Et chacun a entrepris les démarches auprès de la Holt pour retrouver sa famille biologique, afin de « remplir la case départ de notre carte d’identité », comme l’explique David, qui partira en Corée du Sud pour la première fois avec inKAS en mai 2019. Ainsi, chaque chemin présente « des éléments universels comme la quête identitaire, qui est inhérent à l’humain et qui dure toute une vie, et des éléments personnels », résume Marie, adoptée tardivement à neuf ans.
Que leurs recherches aient porté leurs fruits ou non, « il y a eu l’avant-Corée et il y a eu l’après-Corée », affirme Lydia.
« C’est l’histoire de la vie », conclut Marie.
Déjeuner coréen
Après cette matinée riche en émotions, il est temps de se remplir la panse. C’est un déjeuner coréen qui nous attend : kimchi, riz sauté et dakgangjeong (poulet frit à la sauce coréenne). C’est un tel délice que nous sommes plusieurs à demander une seconde portion. Heureusement que les quantités ont été préparées en conséquence.
Après un discours de l’équipe, les premiers ateliers de ce week-end franco-coréen démarrent. Deux salles sont mises à disposition, et nous nous répartissons selon nos souhaits. Bonne nouvelle : nous pouvons participer à tous les ateliers car ils ont lieu deux fois une heure chacun.
Atelier jogagbo et leçon de hapkido
Au rez-de-chaussée, Marie Lee présente le pojagi, patchwork coréen, et enseigne le jogagbo. Ainsi, une vingtaine de curieux (femmes, hommes et enfants confondus) prend en main tissu, aiguille, fil et ciseaux pour réaliser une décoration au point de surjet. C’est donc parti pour une heure de couture à la main. Une fois les coutures terminées, Marie Lee introduit le groupe au pojagi et l’emballage cadeau. Avec un simple tissu, nous apprenons donc à faire de beaux paquets cadeaux, à l’image du furoshiki japonais.
Si l’art manuel régente le rez-de-chaussée, ce sont les arts martiaux qui règnent à l’étage. En effet, hommes, femmes et enfants se défoulent physiquement. Coups de pied pour les techniques de membres inférieurs, etc., chacun y va sur les conseils de Mickaël, de l’association de Caluire. D’ailleurs, à la fin de la seconde heure, il ne reste que trois participants dans la salle. L’enseignant leur présente alors des techniques de 5 dan. Il leur fait donc découvrir une frappe directe sur un point vital, et la leçon semble bien douloureuse.
Démonstration de kimchi et atelier calligraphie
Après une pause goûter, le week-end franco-coréen continue avec deux autres ateliers. D’une part, Caroline de Hanguk SAS nous montre comment préparer le kimchi et partage toutes ses bonnes astuces. Grâce à des préparations en amont, la démonstration dure une heure au lieu de la demi-journée habituelle. Tout d’abord, nous apprenons qu’il existe différents genres de kimchi. Puis Caroline nous présente le chou chinois et les différentes étapes de préparation du kimchi : autres légumes, assaisonnements, etc. Chaque mixture est ponctuée de conseils avisés en termes de quantité et de goût, même si finalement, « c’est au feeling [de chacun] ». L’atelier se termine sur les astuces de fermentation et le kimchi prêt à macérer fait saliver les élèves, malgré le récent goûter.
À l’étage, Jae Hui de l’association École coréenne de Lyon anime l’atelier calligraphie en commençant par présenter le hangeul et l’encre à calligraphier. Ainsi, nous découvrons la fabrication d’encre à partir d’un bâton d’encre et d’eau dans une pierre à encre. Ensuite, nous nous entraînons à tracer des lignes horizontales et verticales sur du papier journal. Cela dit, obtenir de belles extrémités de ligne est plus facile à dire qu’à faire ! Puis nous mettons en application cet enseignement sur deux types de papiers traditionnels coréens très fins. Dessus, il nous faut écrire « 우리나라를빛내자 » (« Faisons briller notre pays »). Le défi : faire de jolis caractères sans transpercer le support papier.
Dîner et fin de journée
Au repas du soir, la Corée est évidemment à l’honneur une fois de plus. Cette fois-ci, c’est du tteokbokki accompagné de riz aux châtaignes et aux brocolis, avec du boeuf sauté à la coréenne. Encore une fois, la cuisine fait sensation et le staff doit refaire du tteokbokki pour satisfaire tout le monde.
À 22 h 10, la soirée se poursuit avec une présentation du cinéma coréen, préparée par Gaspard, amateur de films coréens. Les plus grands tournants de l’industrie cinématographique sud-coréenne sont abordés. Ensuite, extinction des feux pour la projection de Memories of Murder de Bong Joon Ho, polar classique du cinéma sud-coréen. C’est donc l’occasion pour certains de le découvrir et pour d’autres de le revoir.
Au rez-de-chaussée, la grande salle est plus propice aux discussions amicales autour d’une bière ou d’une bouteille de soju. Parfait pour clore cette première journée du week-end franco-coréen, très riche en rencontres et en culture.
Dimanche 16 décembre 2018
Témoignage sur la vie en Corée
À 9 h 30, la journée s’ouvre une fois encore sur une conférence enrichissante. Celle-ci est tenue cette fois-ci par Victor, Benoît, Myriam et Sarah qui ont pu étudier en Corée. Le sujet est entièrement dédié à la vie en Corée. Chacun nous dévoile tour à tour son expérience du pays du Matin frais.
La Corée, pour Benoît, c’était l’occasion de découvrir son pays natal. C’est grâce à une bourse d’étude de 3 mois que le jeune homme s’envole pour la Corée… pour une durée plus longue que prévue. La Corée semble l’avoir subjugué par ses charmes et l’attire chaque fois un peu plus. Une expérience importante ponctuée de belles rencontres.
Myriam, Sarah et Victor s’attardent sur les différentes procédures administratives. Ils évoquent le choix de partir grâce à un visa D4 et D2 et expliquent en détail les procédures à suivre ainsi que les différentes possibilités d’études : privilégier l’immersion dans la langue coréenne ou bien des cours plus abordables en anglais.
Puis Myriam et Sarah nous initient aux systèmes universitaires typiquement coréens : les cours ne sont pas automatiquement attribués. Les choix se font sur une plateforme en ligne et les cours les plus intéressants ne sont réservés qu’aux plus rapides. Quant à Victor, il nous indique la possibilité de travailler en Corée à condition d’avoir un niveau équivalent à un TOPIK 4 et au moins 6 mois de présence dans le pays.
Enfin, c’est avec quelques anecdotes qui en feront sourire plus d’un que les quatre jeunes gens closent le sujet, à commencer par les petits plaisirs à la française qui leur ont manqué, comme le fromage ou encore le beurre.
[su_quote cite= »Victor »]La vie étudiante est très mouvementée. […] Le soir, on réapprend la culture coréenne.[/su_quote]
Des habitudes à prendre, une nouvelle culture à apprivoiser… Pour nombre d’entre eux, la Corée, sur le long terme, n’est pas une idée envisageable bien que l’expérience ait été enrichissante. Comme tout pays, la Corée a ses qualités et ses défauts. Il n’en reste que l’expérience fut pour le moins mémorable, semble-t-il.
Être fier « d’être coréen » ?
La conférence dérive ensuite sur la fierté d’être coréen ou non. Sont abordés le choc des cultures et la situation de la Corée une vingtaine d’années plus tôt, favorisant de nombreux abandons de jeunes enfants coréens dont beaucoup sont à présent dispersés à travers le monde. Grâce à inKAs, ils ont pu découvrir la Corée du Sud. Ce voyage, ce retour aux origines, c’est une expérience sans égale que de se vivre pour quelques mois comme un⋅e Coréen⋅ne. Se sentir peut-être même « presque devenir vraiment coréen », médite Benoit.
Selon Lydia, c’est un véritable plaisir que de découvrir des adoptés coréens d’origines aussi diverses. Des Américains, Italiens, Français… Chacun arrive avec une culture différente et pourtant, tous viennent d’un seul et même pays. C’est une gigantesque réunion familiale qui a de quoi émouvoir sous bien des aspects.
Aujourd’hui, la Corée s’enrichit, fait parler d’elle et attire de plus en plus de monde. Peut-être est-ce là une des clés de cette nouvelle fierté « d’être coréen », de contempler avec admiration et fierté l’élévation de son pays d’origine. De quoi réchauffer le coeur.
Après toutes ces belles réflexions sur la question de l’identité et des attaches à nos pays de coeur et de sang, le week-end franco-coréen se poursuit avec des ateliers. La matinée est répartie en trois activités différentes : cuisine, danse K-pop et initiation au coréen. Du côté de K.Owls, nous choisissons d’abord de nous atteler à la préparation d’un délicieux jajjangbap, un plat à base de riz et de pâte d’haricot noir fermenté. Certains connaissent peut-être sa variante le jajjangmyeon qui, lui, s’accompagne de nouilles.
Atelier cuisine et cours de hangeul
Au rez-de-chaussée, le cours de cuisine commence dans la bonne humeur sous la tutelle de Caroline de Hanguk SAS, qui nous avait déjà dévoilé les secrets d’un délicieux kimchi pas plus tard que la veille. Nous suivons ses instructions à la lettre et coupons en dés les divers légumes que nous faisons revenir à feu doux. Tandis que les oignons nous arrachent quelques larmes, un doux fumet monte à nos narines, provoquant de joyeux gargouillements. Puis nous ajoutons la pâte de haricot noir soigneusement préparée par Caroline. À noter : le plat se compose également de porc, exceptionnellement préparé à part par égard pour les personnes au régime alimentaire sans viande ou sans porc.
Après une heure de cuisine, il est temps d’aller faire un saut au cours de coréen de Jae Hui, ajouté à la dernière minute à la demande de certains participants. Très pédagogue, elle donne un petit cours d’Histoire coréenne puis entreprend de nous enseigner en une heure le hangeul, l’alphabet coréen inventé par le roi Sejong. Nous tentons tant bien que mal de retenir les différentes lettres, sons et noms correspondants. Les élèves sont attentifs. Certains se voient même offrir un joli livre illustré de conte coréen. De quoi travailler son coréen à la maison ! Enfin, nous apprenons à écrire nos prénoms en coréen et la transcription n’est pas toujours facile.
De temps à autres, quelques échos nous parviennent du cours de danse K-pop donné par Anastasia du Sunday Crew dans la salle à côté. Il n’est pas rare de voir un sourire flotter sur nos lèvres à l’écoute de quelque sons familiers.
Quiz et déjeuner
Après ce petit aparté à l’étage, il est temps de retourner en bas pour déguster le repas dont nous avions entamé la préparation quelques heures auparavant. Mais n’en déplaise à nos estomacs affamés, ils devront patienter encore quelques minutes ! Minutes mises à profit pour participer au petit quiz par équipe de culture générale sur la Corée. Il prend la forme d’un QCM plutôt pointilleux sur les dernières questions.
Vient enfin le moment de déguster le jajjangbap que nous avons préparé avec Caroline. Une chose est sûre, c’est un plat qui vous rassasie pour la journée !
Atelier origami, essayage de hanbok, le coin des adoptés et entretiens avec Mme Jung
Bien vite, les dernières activités du week-end franco-coréen débutent. À l’étage se déroulent les entretiens avec Madame Jung et des discussions avec les adoptés. En ce qui nous concerne, nous passons une bonne partie de l’après-midi à l’atelier origami. Jae Hui, qui s’était précédemment chargée du cours d’initiation à la langue coréenne, nous enseigne cette après-midi la confection d’un bibelot en papier. Certains sont plus habiles que d’autres avec leurs doigts et parviennent rapidement à un joli résultat.
C’est aussi l’occasion de partager un moment convivial avec ses voisins de table car bien vite, tandis que nos doigts répètent les pliages qui deviennent peu à peu familiers, les langues se délient et nous échangeons avec plaisir sur divers sujets relatifs ou non à la Corée.
Néanmoins, le week-end franco-coréen touche à sa fin. Après quelques derniers essayages de hanbok, prêtés par Mme Park de l’association France-Corée, il est temps de rejoindre la salle principale pour un dernier rassemblement. Se succèdent alors résultat de quiz avec une correction détaillée fort bienvenue, tombola et remerciements chaleureux envers les divers organisateurs et partenaires sans qui ce week-end franco-coréen n’aurait pu avoir lieu. Enfin, Mme Jung Ae Ree, présidente d’inKAS, prononce un dernier discours et Lydia clôt officiellement l’événement.
Conclusion & remerciements
Le week-end franco-coréen organisé par les Amoureux de la Corée – inKAS France fut un énorme succès. Certes, ce n’était pas la première édition de l’événement. Cela dit, c’est la première fois que nous y participions toutes les deux.
Nous avons beaucoup apprécié la lumière faite sur la culture coréenne tout au long du week-end franco-coréen. Toutes ses facettes ont été abordées, permettant de porter un nouveau regard sur la Corée. Nous avons même pu mettre la main à la pâte plusieurs fois. En effet, du couteau au pinceau en passant par l’aiguille, le nombre réduit de participants (une petite centaine par jour) a permis à chacun de se plonger à fond en Corée le temps d’un week-end. En outre, un petit comité pareil permet de mieux échanger avec autrui et les rencontres n’en sont que plus enrichissantes. Nous avons particulièrement apprécié le thème de l’adoption coréenne, un sujet peu fréquemment abordé. D’ailleurs, si le sujet vous intéresse, n’hésitez pas à aller lire l’interview de Léna, adoptée d’origine coréenne.
Merci aux Amoureux de la Corée – inKAS France d’avoir porté ce week-end franco-coréen jusqu’à nous : Lydia et toute son équipe ont été parfaits. Nous tenons également à remercier tous les intervenants pour leurs témoignages empreints d’émotions, pour leur enseignement et pour le temps qu’ils nous ont consacré. Enfin, merci à tous les participants d’avoir fait régner la bonne ambiance durant ces deux jours de décembre.