Sommaire
Page 1 : Le soleil et la lune
Page 2 : La pie avec la bonne approche
Page 3 : Origine de la gentiane scabreuse
Page 4 : Le tigre sans queue
Page 5 : Le paradis d’Oneuli
Page 6 : Le tigre qui récompensa la piété filiale
Page 7 : L’origine de la Grande Ourse
La pie avec la bonne approche
Cinq animaux vivaient dans une forêt : Jwi, un rat et sa femme, Jwiyo, ainsi que trois oiseaux : Kkwong, le faisan, Bidulgi, le pigeon, et Kkatchi, la pie. Kkwong et Bidulgi habitaient ensemble, tandis que Kkatchi, leur voisine, vivait seule.
L’hiver arriva et les oiseaux étaient affamés, il ne leur restait que peu de nourriture. Bidulgi dit alors : « J’ai entendu dire que le rat et sa femme ont mis beaucoup de riz de côté. »
« Allons leur en voler sans tarder », répondit Kkwong.
Le pigeon vola jusqu’à la maison des rats et leur hurla de lui ouvrir. Les deux rats lui demandèrent alors ce qu’il voulait. Il leur dit « Vous, rapiats ! Nous savons que vous avez gardé beaucoup de riz en réserve pendant que nous mourrions de faim ! Donnez-nous-en ! »
Jwiyo ne répondit pas mais frappa le pigeon avec un poêlon. Il retourna chez lui, la tête cabossée. Kkwong lui demanda ce qu’il lui était arrivé et Bidulgi lui raconta.
Outré, le faisan lui affirma « Tu as été trop gentil. Regarde ! Je vais te montrer comment faire ! »
Sur ces paroles, il vola jusqu’à la maison des rats et, à son tour, leur hurla d’ouvrir la porte. Encore une fois, les deux rats ouvrirent et demandèrent au faisan la raison de sa venue. « Donnez-moi du riz ou je le prendrai moi-même, hurla Kkwong. Ne voyez-vous pas que je suis plus grand que vous ? »
Il était vrai qu’il était beaucoup plus imposant que les rats, mais Jwiyo avait toujours sa poêle dans les mains. Cette fois, elle était rouge et brûlante. Le faisan fuit, la tête carbonisée par les coups de poêle.
Kkatchi, quant à elle, après avoir vu ses voisins battus et brûlés mais toujours affamés, étendit ses ailes et se mit en route. Elle alla voir la famille rat.
Gentiment, elle tapa à la porte. Les rats, une fois encore, répondirent. La rate avait toujours sa poêle brûlante dans la main, tandis que Jwi s’était armé d’un tisonnier incandescent : « Cette fois, j’espère que c’est intéressant, sinon… », dit le rat en agitant le tisonnier.
« Gentils voisins, dit l’oiseau poliment, il fait très froid et j’ai peine à me nourrir. Pour un petit peu de votre riz, je serais la plus reconnaissante. »
« Un instant ! Vous êtes la pie. Ne vivez-vous pas à côté du pigeon et du faisan, ces oiseaux grossiers et impolis ? », reconnut le rat.
« Il est vrai que nous vivons dans le même arbre, mais sûrement pas sous le même toit », répliqua Kkatchi.
La pie toucha les rats par sa politesse et ils accédèrent à sa demande. Elle les remercia chaleureusement et rentra chez elle avec un gros sac de riz.
La pie devint un des symboles nationaux de la Corée, tandis que le pigeon resta un oiseau miteux et que le faisan garda un visage rouge, à cause du coup que lui avait donné la rate.
La morale : les bonnes manières peuvent même adoucir le cœur d’un rat.
Texte et traduction (anglais > français) : ChikMa
Source : LEE Dongho, Tigers in Disguise! Wisdom for Living from Korean Folktales